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Extrait de l'hebdo n°3982
La situation financière des associations est alarmante. Face aux restrictions budgétaires annoncées, le monde associatif s’est collectivement mobilisé le samedi 11 octobre partout en France pour dénoncer le plan social qui menace le secteur à bas bruit.

Dans les rues de Lille, place de la Victoire à Bordeaux, sous l’Ombrière du Vieux-Port à Marseille, place de la République à Dijon, place de la Bataille de Stalingrad à Paris (à l’origine, le lieu de rassemblement à Paris était prévu place de la République…) et dans 300 autres points de rassemblement disséminés à travers la France, les acteurs associatifs de tous horizons ont répondu à l’appel national lancé par Le Mouvement associatif. « Ça ne tient plus ! », peut-on lire sur les pancartes.

La mauvaise santé financière des associations
De fait, la santé financière des associations est très mauvaise, révèle la dernière enquête de mars 2025 du Mouvement associatif, du Réseau national des maisons des associations (RNMA) et d’Hexopée1 : 50 % des associations ont perdu des subventions publiques, une association sur dix procède à des licenciements, des milliers d’emplois sont menacés ou ont déjà disparu, un tiers des associations fonctionnent avec moins de trois mois de trésorerie, et ce, au moment où les besoins s’accroissent. « Les assos sont là ! Mais jusqu’à quand ? », alerte Le Mouvement associatif, porte-voix des associations et membre du Pacte du pouvoir de vivre. « Comment peut-on à ce point fragiliser les associations qui font tenir la société au quotidien ? »
Car on aurait tendance à oublier un peu vite combien les associations sont essentielles à la vie locale : 90 % des structures d’accueil des enfants handicapés sont des associations, de même que 50 % des structures d’aide à domicile, 90 % des clubs sportifs, 80 % des établissements d’enseignement culturel, 80 % des acteurs de l’économie sociale et solidaire…
Alors, ce samedi 11 octobre, des dizaines d’associations sont venues en témoigner. Les prises de parole se sont succédé pour faire connaître le monde associatif, « un mouvement social qui s’ignore », selon les mots de Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif. « On ne sait pas à quel point nous sommes nombreux, on ne connaît pas la valeur et l’importance de ce que nous faisons. Les politiques l’ignorent, les citoyens l’ignorent. Personne ne mesure ce que cela signifie, ce que cela produit, ce que cela permet et ce que cela empêche. »

Quelque 1,8 million des salariés !
« Un monde à part ? Non, un monde à part entière », répète David Cluzeau, de l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes). Le monde associatif regroupe en effet 170 000 structures employeuses et 1,8 million de salariés, soit 10 % de l’emploi salarié privé. Certes, les associations fonctionnent avec des subventions mais elles ne sont pas les seules entreprises à bénéficier de fonds publics. « Comme le BTP, secteur également subventionné, elles ont une utilité sociale, poursuit David Cluzeau. Aujourd’hui, 186 000 emplois sont menacés. Moins d’associations, c’est le lien social qui se délite, c’est moins de colonies de vacances, de maisons de quartier, de centres de loisirs. Des familles sans solutions, des besoins essentiels non couverts. Fragiliser les associations, c’est un contresens absolu, à rebours de l’intérêt général. »
Malgré le contexte budgétaire défavorable, vouloir faire des économies sur le dos des associations risque donc de coûter très cher à terme puisque celles-ci répondent à des besoins auxquels nul autre organisme ne répond. Là où il manque des services publics, ces services sont assurés à partir d’initiatives citoyennes et ne sont pris en charge ni par le secteur public (ça coûterait trop cher) ni par le secteur privé (ce n’est pas assez rentable). « Une clarification s’impose, déclare Benoît Hamon, ancien ministre et président de l’ESS. On considère le mouvement associatif comme une économie assistée. Mais la Cour des comptes l’a montré : chaque année, l’État et les collectivités locales financent les associations et les entreprises de l’économie sociale et solidaire à hauteur de 16 milliards d’euros. Dans le même temps, les transferts vers l’économie conventionnelle sont de 211 milliards d’euros. Le Medef est le premier bénéficiaire de l’argent public ! »
Un nouveau rendez-vous le 30 janvier 2026
Dans le sillage de la mobilisation du 11 octobre, Le Mouvement associatif donne rendez-vous aux acteurs associatifs le 30 janvier 2026 pour une nouvelle édition de l’événement « Droit de cité ! », qu’il organise chaque année. Cette fois, c’est avec les élections municipales en ligne de mire que les associations veulent faire la démonstration du rôle clé qu’elles assument dans les territoires.