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Extrait de l’hebdo n°3868
En plus de la hausse annuelle du 1er juillet, une revalorisation exceptionnelle de 1,9 % a été votée en conseil d’administration de l’Unédic. Un geste bienvenu, demandé par les organisations syndicales en raison de l’inflation.

Les allocations chômage ont été revalorisées de 1,9 % le 1er avril. La décision de ce « coup de pouce » exceptionnel en raison du contexte économique a été prise lors du conseil d’administration de l’Unédic, réuni le 24 mars dernier. Une première depuis la création du régime d’assurance chômage puisque les allocations ne sont habituellement revalorisées qu’une fois l’an, le 1er juillet.
« Alors que nous sommes dans une période d’inflation inédite […] les demandeurs d’emploi sont eux aussi impactés », souligne la CFDT, qui revendiquait dès juillet 2022 (à l’occasion d’une démarche collective avec les autres organisations syndicales) la possibilité d’une revalorisation exceptionnelle avant juillet 2023. En effet, n’ayant plus la main sur les règles de l’assurance chômage jusqu’au terme de la période de carence (prévue fin 2023), les partenaires sociaux n’avaient d’autre choix que de se tourner vers l’État afin qu’il permette cette revalorisation. « C’est bien que cette demande ait abouti, compte tenu du contexte, note Marylise Léon, secrétaire générale adjointe de la CFDT. Elle permet ainsi de compléter l’augmentation de 2,9 % des allocations actée en juillet 2022. »
Dans le détail, la mesure concerne près de 1,7 million de personnes, soit 76 % des allocataires indemnisés au régime général (ceux inscrits à Pôle emploi depuis moins de six mois étant exclus).
Deux réformes successives
Mis à part l’inflation, cette revalorisation exceptionnelle intervient dans un contexte de durcissement des droits, « après deux réformes successives du gouvernement ayant conduit à une baisse très forte des allocations », note la CFDT. La réforme de 2019 (appliquée en deux temps, notamment du fait de la crise sanitaire) avait déjà durci les conditions d’indemnisation, changé le mode de calcul de l’allocation chômage et instauré une dégressivité des allocations pour les hauts revenus au-delà de six mois d’indemnisation.
La réforme de janvier 2023, elle, instaure un mécanisme de contracyclicité qui prévoit une réduction de 25 % de la durée d’indemnisation pour l’ensemble des demandeurs d’emploi dès lors que le taux de chômage reste en dessous de 9 %. « Un mécanisme qui ignore la diversité des taux de chômage selon les territoires et les métiers, et qui est donc profondément injuste », rappelle Marylise Léon. Revaloriser quelque peu les allocations dans la période n’est donc pas un « luxe » pour des centaines de milliers de demandeurs d’emploi qui subissent, comme tout le monde, la hausse du coût de la vie.