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Extrait de l’hebdo n°3870
L’allocution du chef de l’État n’a pas du tout convaincu les organisations syndicales. Elles confirment leur refus d’entrer dans un agenda politique contraint et appellent à un 1er-Mai massif et unitaire contre une réforme des retraites qui ne passe résolument pas.

Exceptionnellement, l’intersyndicale, réunie le 17 avril au soir, n’était pas ouverte à la presse. Réunis au siège de Force ouvrière, les représentants syndicaux et des organisations de jeunesse ont écouté attentivement l’allocution d’Emmanuel Macron avant de réagir par la voie d’un communiqué commun. Et de dénoncer conjointement, une nouvelle fois, l’entêtement de l’exécutif, qui « ne prend pas conscience de la responsabilité qu’il porte en s’enfermant dans le déni ». Les propos tenus quelques instants plus tôt par le chef de l’État « démontrent qu’il n’a toujours pas compris la colère qui s’exprime dans le pays ».
« Ce qu’on attendait ce soir, ce n’était pas du verbe – on en a déjà beaucoup eu – mais des actes, des propositions concrètes qui pourraient changer la vie des travailleurs […] Là, il y a une espèce de vide, un discours de la méthode pour une dixième fois mais rien de concret », résumait Laurent Berger quelques minutes après l’intervention du chef de l’État. Pas de quoi apaiser la « meurtrissure » causée par la réforme des retraites, rien qui ressemble à « une forme de considération à l’égard des travailleurs et des travailleuses ».
Délai de décence et clarification de la méthode
Comme elles l’avaient déjà fait savoir dès après la décision du Conseil constitutionnel, les organisations syndicales, attachées à un dialogue social de qualité, refusent d’entrer dans un agenda politique contraint et d’accepter une réunion avec l’exécutif d’ici au 1er mai. Ce 17 avril, « l’intersyndicale confirme qu’elle ne participera pas aux réunions avec l’exécutif ni à celle de demain [le 18 avril] avec le président de la République1 », répondant ainsi au chef de l’État qui prétend que sa porte est « toujours ouverte ». « Elle a été fermée à triple tour pendant trois mois ! On a demandé une rencontre avec les autres organisations syndicales pendant le conflit des retraites et on nous a expliqué que le temps du dialogue était terminé », rappelle Laurent Berger, qui demande un « délai de décence ».
Quant au fond, l’invitation du président de la République à « construire par le dialogue social un nouveau pacte de la vie au travail » – sur des sujets tels que le partage de la richesse, l’amélioration des conditions de travail, l’usure professionnelle, l’emploi des seniors et les reconversions… – nécessitera au préalable une « clarification sur la méthode », affirme la CFDT. En clair : pas question de se laisser imposer une feuille de route à amender à la marge ; les organisations syndicales veulent une démarche de co-construction à travers laquelle elles puissent faire leurs propositions.
Un 1er-Mai unitaire et populaire
À ce jour, l’intersyndicale reste tournée vers le 1er mai (lire l’édito). Les douze journées de manifestations, de grèves, d’actions et d’initiatives locales ont mobilisé des millions de travailleurs, jeunes et retraités. Alors, ce 17 avril, l’intersyndicale appelait une nouvelle fois les travailleurs à « faire du 1er mai une journée de mobilisation massive, unitaire et populaire contre la réforme des retraites ». Une journée unitaire et massive à laquelle devraient se joindre plusieurs représentants syndicaux internationaux, en soutien et en solidarité avec la mobilisation.