Le dividende sociétal, idée d’avenir ?

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iconeExtrait de l’hebdo n°3856

Deux entreprises mutualistes, Crédit Mutuel et Maif, ont annoncé le versement d’un dividende sociétal prélevé sur les bénéfices et destiné à financer la transition écologique. “Pour construire un monde plus durable et plus juste”, affirment-ils. De quoi s’agit-il ? L’initiative pourrait-elle se propager ?

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 11/01/2023 à 13h00

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© Syndheb

C’est en grande pompe et dans un lieu ô combien symbolique – le Conseil économique, social et environnemental – que le Crédit Mutuel a choisi de lancer son nouveau projet RSE1. Le 5 janvier, la banque mutualiste présentait le « dividende sociétal », un dispositif qui prévoit d’attribuer 15 % de son résultat net annuel au financement de projets à forte plus-value sociale et environnementale. Sur la base des résultats de 2021, le montant du dividende sociétal avoisine le demi-milliard d’euros. Le même jour, la Maif décidait, « face à l’urgence environnementale […], d’allouer 10 % de [son] résultat annuel à la planète », soit 10 millions d’euros pour cette année.

Des décisions saluées tant par les sociétaires et les salariés (le projet ayant été voté à l’unanimité) que par les différents acteurs économiques et sociaux, à l’instar de Laurent Berger, invité à cette occasion à débattre : « C’est un acte fort posé par une entreprise de l’ESS1. La preuve d’un engagement loin d’être anecdotique ou contradictoire avec l’enjeu social de l’entreprise. C’est une responsabilité que chaque entreprise devrait avoir. »

Dans les faits, le dispositif imaginé par le Crédit Mutuel sera fléché vers trois modes d’action distincts. D’abord, un « fonds de révolution environnementale et solidaire » qui se verra allouer 50 % de l’enveloppe pour investir dans des entreprises portant des projets sans objectif de rentabilité financière. Ensuite, des actions spécifiques auprès des clients les plus modestes (35 % de l’enveloppe) comme le financement de prêts à taux zéro pour la rénovation énergétique. Enfin, les 15 % restants seront dédiés au mécénat via la Fondation Crédit Mutuel Alliance Fédérale.

Besoins de financement

À terme, le concept de dividende sociétal est-il transposable à toutes les sociétés ? Oui, répondent les différents intervenants à la table ronde qui a suivi la présentation du dispositif. « Même si toutes les entreprises ne sont pas situées au même endroit sur la chaîne de valeur, il faut que chaque entreprise se fixe des objectifs très clairs et se demande, à son niveau, ce qu’elle peut faire », détaille Laurent Berger. La directrice générale d’Oxfam France, Cécile Duflot, va même plus loin et plaide pour un plafonnement des dividendes à destination des actionnaires qui permettrait de financer la transition écologique : « En 2019, si on avait limité le versement des dividendes à 30 %, on aurait financé 90 % des besoins de la transition écologique ! »

De son côté, le président du Crédit Mutuel, Nicolas Théry, lance un appel au monde patronal : « Les entreprises, petites ou grandes, qui veulent apporter une partie de leurs bénéfices à notre fonds d’investissement sont les bienvenues. » Citant les besoins de financement de la transition écologique (évalués à 100 milliards d’euros), il conclut : « Si 200 entreprises ont la même démarche [que nous], nous atteindrons cette somme. » L’invitation est lancée…