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Extrait de l’hebdo n°3859
Le 27 janvier, à Narol, à la frontière entre Pologne et Ukraine, les principales organisations syndicales françaises ont remis, en intersyndicale, des produits de première nécessité aux syndicalistes des FPU et KVPU. Une action qu’ont rendue possible les dons des adhérents français.

Il est midi quand deux poids lourds immatriculés en Ukraine font leur apparition devant l’entrepôt de Narol, village du sud-est de la Pologne d’à peine 2 000 habitants. Un local a été mis à la disposition de l’intersyndicale par la municipalité de Narol grâce à l’appui du syndicat polonais OPZZ, dans lequel étaient stockées depuis le 20 décembre les 7 632 tonnes d’aide humanitaire récoltée et acheminée par les organisations syndicales françaises (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires et Unsa).
“Liberté, égalité, fraternité : votre devise est notre slogan !”
Sur place, Grygorii Osovyi, le président de la Fédération des syndicats d’Ukraine, visiblement ému, cherche ses mots : « Liberté, égalité, fraternité, votre devise est notre slogan ! Elle est le sens de notre action au quotidien, que ce soit pour les travailleurs et pour notre pays. » « Le soutien de nos frères et sœurs français nous est extrêmement précieux. Il nous permet de mener à bien nos combats syndicaux au quotidien », poursuit Natalia Levystska, vice-présidente de la Confédération des syndicats libres d’Ukraine, tout en observant le chargement des deux camions qui prendront d’abord la direction de Kiev (la capitale de l’Ukraine), avant que ledit chargement soit réparti entre les différents centres d’accueil d’urgence gérés et organisés par les deux confédérations syndicales. « Votre aide nous permet d’assurer des conditions de vie élémentaires à des milliers de personnes déplacées à l’intérieur du pays et à leurs frères et sœurs des organisations syndicales », souligne Grygorii Osovyi.

Arek Mroczek, député maire, était également présent au départ du convoi. « Nous sommes une petite ville avec un grand cœur et les bras toujours grands ouverts. » Les habitants de Narol n’ont d’ailleurs pas cessé de le démontrer depuis l’agression de leur voisin par la Russie. Malgré l’angoisse liée à la proximité du conflit, la solidarité s’est rapidement mise en place dans cette commune située à moins de 10 kilomètres de l’Ukraine.
« Toutes les portes des maisons se sont spontanément ouvertes aux familles qui fuyaient les bombes, témoigne Arek Mroczek. Tout le monde a fait preuve d’une solidarité incroyable. » Au total, plus de 3 000 réfugiés, femmes et enfants, ont été hébergés, soignés et nourris ici. « Lorsque j’ai lancé un appel aux gens sur Facebook pour nous aider à organiser l’accueil des réfugiés, j’ai reçu une centaine de messages en dix minutes, confie Dorota, la bibliothécaire de la commune. Préparation de repas, convoyage, etc., chacun voulait faire quelque chose, chacun voulait être utile. »
L’aboutissement d’un long travail intersyndical
Pour les organisations syndicales françaises, ce départ marque l’aboutissement d’un travail intersyndical entamé depuis des mois. « C’est un honneur pour nous d’être à vos côtés aujourd’hui et de pouvoir rendre concrètes les valeurs de solidarité internationale, insiste Hélène Deborde, du service international de la CFDT. Nous partageons votre combat. Pour nous, ce n’est qu’une étape. Nous continuerons à soutenir vos actions pour la démocratie et pour les travailleurs. Ensemble, nous sommes plus forts ; ensemble, nous gagnerons. »