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L’accompagnement des salariés, maître mot de la section chez Weleda

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iconeExtrait de l’hebdo n°3825

Déremboursement de l’homéopathie par la Sécurité sociale, crise sanitaire, chômage partiel… la section CFDT de Weleda, à Huningue (Haut-Rhin) est sur tous les fronts depuis plusieurs années. Elle défend l’emploi et les salariés, avec succès, et espère transformer l’essai lors des élections professionnelles qui se tiendront le 18 juin.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 24/05/2022 à 12h00 et mis à jour le 08/06/2022 à 12h12

La section CFDT emmenée par Marie-Christine Lebreton (à gauche).
La section CFDT emmenée par Marie-Christine Lebreton (à gauche).© Syndheb

L’ambition est sans ambages. « Nous voulons rester majoritaires », résume simplement Valérie Proust, secrétaire du CSE et technicienne de laboratoire. « On veut aussi donner envie à nos collègues de nous rejoindre, leur faire comprendre notre rôle et ce que nous faisons dans les instances. » Des objectifs clairs pour la dynamique section de cette entreprise suisse dotée de 327 salariés sur son site français (2 500 dans plus de 50 pays) spécialisée dans la production et la distribution de produits pharmaceutiques et cosmétiques. Implantée dans l’établissement depuis presque trente ans, la CFDT est devenue un acteur incontournable du dialogue social.

Lors des élections de 2018, les salariés ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Ils ont accordé à l’équipe 56,65 % des suffrages, contre 43,15 % à la CFTC. La section compte quant à elle 50 adhérents. Un succès qui s’explique par le travail et l’ambiance qui règne au sein de la section haut-rhinoise emmenée par Marie-Christine Lebreton, déléguée syndicale. Trente-quatre ans après son entrée dans l’établissement centenaire, elle est fière d’avoir trouvé au sein de l’équipe des militants haut de gamme. « La relève est donc assurée », se félicite celle qui a fondé la section CFDT. Des années de batailles et de victoires syndicales que la CFDT engrange au fil du temps.

Un contexte économique défavorable

Ces dernières années ont été particulièrement éprouvantes. Le déremboursement par la Sécurité sociale des produits homéopathiques (entré en vigueur au 1er janvier 2020) a eu un réel impact sur le chiffre d’affaires de l’entreprise : celui-ci a diminué de 60 %. En mai 2020, l’équipe s’engage alors dans un accord sur la gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP) et négocie un « projet activité senior » pour accompagner les salariés âgés de plus de 60 ans (ou les salariés « carrières longues ») vers la retraite, un congé de mobilité sur les postes dits en décroissance, des formations internes ou externes ainsi que diverses primes. En mars 2021, alors que la direction prévoit la fermeture du site de Villeneuve-le-Roi (11 salariés), elle signe un nouvel accord visant à encadrer ce plan social. L’équipe y obtient des garanties en matière de formation, d’accompagnement et de reclassement. À ces mesures vient s’ajouter, en plus des indemnités de licenciement conventionnel, une indemnité additionnelle. Pas question qu’il y ait des perdants.

Quelques jours plus tard, la crise sanitaire viendra s’ajouter à ce contexte économique et social déjà tendu. En plein chômage partiel, la section tente de négocier la prise en charge par l’employeur du manque à gagner par les salariés. Ces derniers sont payés à hauteur réglementaire (84 % de leur salaire net). Mais rien n’y fait : la direction s’y oppose catégoriquement… Une position d’autant plus incompréhensible que, pendant cette période, les commandes en produits homéopathiques explosent de 200 %. « C’est grave et injuste, lâche, amère, Marie-Christine. Le travail des petites mains n’est pas reconnu. La décision fait grincer des dents. Dans le même temps, une prime correspondant à deux mois de salaire a été distribuée par la direction à une quinzaine de cadres. » Les petites mains, qui ont participé à la transformation de l’outil et à la production de gel hydroalcoolique, apprécieront cette différence de traitement et le manque de reconnaissance. Pire, ces dernières s’étaient même portées volontaires pour assurer la continuité des missions de production et d’expédition lorsque leurs collègues de ce service avaient tous été touchés par le coronavirus ou étaient cas contact.

Enquête qualité de vie au travail

Bien décidée à prendre le pouls des salariés et à mesurer l’impact du contexte sanitaire, la section a lancé une enquête sur les conditions de travail en novembre 2021. L’occasion aussi d’aller au contact des salariés et de renouer avec la proximité. Le taux de participation a atteint les 79 %. « Il en ressort que les salariés sont fiers de leur entreprise mais n’ont pas confiance en la direction. Les résultats révèlent également une perte de sens au travail, malgré un fort attachement à l’entreprise, un écart entre les valeurs et la réalité de fonctionnement dans les services. C’est un axe sensible parce que l’épuisement professionnel vient de là », pointe une élue du CSE. Si 57 % des répondants se déclarent satisfaits de leur situation professionnelle, les deux tiers ont constaté une dégradation de leurs conditions de travail au cours des dernières années, un phénomène qui s’est accentué au cours de ces derniers mois.

La mise en place à la va-vite du télétravail a complétement désorganisé les collectifs, déplorent, unanimes, les élus CFDT, qui sont justement à l’initiative d’une négociation sur le sujet. « On négocie le retour au bureau », souligne Marie-Christine Lebreton. La CFDT demande que cette forme d’organisation du travail soit clairement bordée et encadrée. La section souligne les tensions et les inégalités qui se créent entre ceux qui sont éligibles et ceux pour qui sa pratique n’est pas envisageable. « Dans les enquêtes sur les risques psychosociaux [RPS] est calculé un taux d’incidence. Chez Weleda, ce risque est élevé, alerte la section dans les conclusions de son enquête “qualité de vie au travail”. 47 % des collaborateurs peuvent être exposés à ce risque et 15 % sont fortement exposés. » Les retours des salariés sont autant d’informations indispensables à la section. Ils lui permettront de peser face à la direction dans les semaines et les mois à venir, mais surtout d’affiner son programme revendicatif, au plus près des besoins et des attentes des salariés. Avec l’objectif mentionné plus haut : conforter sa place de numéro 1 sur le site.