La chaleur, un danger sous-estimé sur les chantiers

Dans le BTP, les salariés sont en première ligne. La CFDT porte des mesures pour préserver leur santé et leur sécurité.

Par Sabine IzardPublié le 01/10/2025 à 13h15

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Jean-François Fort Hans Lucas

Sous plus de 40 °C, les risques pour les ouvriers du BTP augmentent considérablement. « Lors de canicules, les coups de chaleur et la déshydratation sont les premières causes de mortalité sur les chantiers », explique Grégory Gélé, de la CFDT Construction et Bois. Crampes, malaises, troubles cardiaques, fréquents, sont aggravés par l’eff ort physique et le port d’équipements de protection (casques, gants, bottes…). À cela s’ajoute la baisse de vigilance due à la chaleur, ce qui accroît les risques d’accidents, en particulier lors de l’utilisation de machines ou la montée sur échafaudages. « Lorsqu’on a trop chaud, que l’on est épuisé, on veille moins à sa sécurité. Malheureusement, ces symptômes sont rarement reliés à la chaleur. »

Des obligations légales, oui mais...

Pourtant, la loi oblige les employeurs à évaluer les risques thermiques, à adapter les postes de travail, à améliorer la ventilation des locaux et bureaux et à fournir des équipements de protection adéquats. Depuis juin 2024, les entreprises du BTP peuvent aussi activer le dispositif « chômage intempéries », lequel permet de suspendre un chantier en cas d’alerte météorologique orange ou rouge. Les salariés sont alors indemnisés par la caisse intempéries du BTP. Cette avancée se révèle insuffi  sante : « Beaucoup d’employeurs refusent d’arrêter le travail car ils risquent des pénalités fi nancières en cas de retard de chantier et pensent à la productivité avant la santé », déplore Grégory Gélé.

Sur le terrain, des actions concrètes émergent timidement. Chez Charier TP, les salariés disposent par exemple de calots rafraîchissants à insérer sous leurs casques et de bracelets thermiques qui les alertent lorsque leur température corporelle dépasse un certain seuil. Les horaires de travail sont également adaptés et les pauses multipliées afin de permettre aux salariés de bien s’hydrater. Chez Eurovia, filiale de Vinci Construction, plusieurs chantiers en Île-de-France ont été suspendus début juillet en raison des fortes chaleurs. Les journées de travail ont été raccourcies, et des zones de repos climatisées ont été proposées aux salariés.

L'arrêt du chantier, ultime recours

À propos de l'auteur

Sabine Izard
Journaliste

Selon la CFDT, décaler les horaires en faisant débuter les chantiers plus tôt le matin, aux heures les plus fraîches, n’est pas une solution pérenne, notamment en zone urbaine. « Certains riverains mécontents ont agressé des salariés. De plus, ces derniers se retrouvent à se reposer chez eux en journée sans climatisation », explique Grégory Gélé, qui préconise des espaces de pause climatisés sur les chantiers ainsi qu’une meilleure analyse des tâches pouvant être maintenues ou non selon les conditions météorologiques. « L’arrêt du chantier doit évidemment rester l’ultime recours ! »