Dans l’enfer de la répression birmane

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iconeExtrait de l’hebdo n°3863

Depuis le 1er février et deux ans après le coup d’État militaire qui mettait fin au processus de transition démocratique, les syndicalistes birmans ont lancé une grève silencieuse. La Confédération syndicale internationale (CSI), qui soutient cette action, a lancé un fonds de solidarité auquel la CFDT invite ses adhérents à participer.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 28/02/2023 à 13h00

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© Wiktor Dabkowski/Zuma-RÉA

« La situation dans le pays est alarmante », alerte Mathilde Panhaleux, secrétaire confédérale au service international de la CFDT. « Des civils, des militants et des syndicalistes ont été attaqués ou brûlés vifs à la suite d’opérations militaires et de frappes aériennes ayant pour mot d’ordre de “tuer et brûler tout le monde” », alerte la CSI. Depuis deux ans, 2 741 personnes ont été victimes de ce régime de terreur, 13 495 personnes ont été placées en détention et 142 ont été condamnées à mort pour avoir participé au mouvement de désobéissance civile.

Les dirigeants syndicaux de la Confédération des syndicats du Myanmar (CTUM) ne sont pas épargnés par cette vague répressive. Plusieurs d’entre eux ont été placés sous mandat d’arrêt, privés de leur passeport, voire déchus de leur citoyenneté et contraints à l’exil. Plus de 1,2 million de personnes ont par ailleurs été déplacées à l’intérieur du pays. « Plusieurs milliers d’enseignants, de travailleurs de la santé, du rail, de l’énergie, du monde bancaire, des secteurs public et privé ont aussi refusé de reprendre le travail ou de reconnaître le gouvernement militaire, malgré la perte de leur emploi ou l’expulsion de leur logement », détaille la CSI.

Maintenir la pression sur les entreprises

Malgré les menaces sur leur vie et l’énorme pression qu’ils subissent, les militants des droits des travailleurs et de la démocratie ne cessent pas leurs mobilisations. D’ailleurs, à l’occasion du second jour anniversaire du coup d’État, ils appelaient à une grève silencieuse en vue de voir rétabli le gouvernement civil élu démocratiquement en novembre 2020.

Pour que les grévistes puissent subvenir à leurs besoins tout au long de leur mouvement, la CSI a créé un fonds de solidarité, auquel la CFDT a logiquement contribué, dans la continuité de ses engagements internationaux. Elle invite évidemment ses adhérents à soutenir les travailleurs et les travailleuses du Myanmar en faisant un don.

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

La CSI appelle également à maintenir la pression sur les entreprises qui poursuivent leur activité dans le pays tout en faisant des affaires avec le pouvoir en place. « Parallèlement aux pressions économiques et diplomatiques sur la junte elle-même, un accent particulier doit être mis sur l’implication des multinationales mondiales qui continuent de faire des affaires avec la junte, notamment par le biais d’intrants de la chaîne d’approvisionnement qui alimentent l’industrie militaire nationale de l’armement », déclare Owen Tudor, secrétaire général adjoint de la CSI.