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La CFDT d’idverde incontournable dans le paysage syndical

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iconeExtrait de l’hebdo n°3888

Depuis 2014, la section s’est peu à peu imposée chez le paysagiste. Le 11 juillet, elle récoltait 46 % des suffrages et devenait la première organisation syndicale. Ce résultat honore et oblige les militants, prêts à agir sur la qualité de vie, les conditions de travail et le partage de la valeur.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 19/09/2023 à 12h00

De gauche à droite : Bruno, Pascal et Pierre.
De gauche à droite : Bruno, Pascal et Pierre.© DR

Lorsqu’il a pris connaissance des résultats électoraux, Bruno Desforet, délégué syndical central de l’entreprise spécialisée dans la conception et l’entretien des espaces verts, n’a pu s’empêcher de sourire. Le 11 juillet dernier, les 3 300 salariés français – le groupe en compte plus de 10 000 en Europe –, répartis dans 54 agences sur le territoire, plaçaient la CFDT en tête du scrutin. Une première. « Les salariés peuvent compter sur nous pour les représenter dignement », confie-t-il. Avec 46 % des voix, la CFDT progresse de 21 points et devance désormais FO (41 %), la CGT (11 %) et la CFE-CGC (2 %). Une sacrée remontada quand on sait que l’équipe CFDT était encore troisième en 2014 et deuxième en 2018 – et une satisfaction face à FO, jusque-là majoritaire avec plus de 50 % des voix.

La CFDT s’impose dans 12 des 41 comités sociaux et économiques de l’entreprise et compte 84 élus. « Nous allons mettre à profit ce nouveau mandat pour être force de proposition dans l’ensemble des domaines qui permettent aux salariés d’exercer leur profession dans les meilleures conditions possibles. »

Une reconnaissance progressive de la CFDT

Précisons que ce résultat est le fruit d’un investissement acharné. « Ça a été un travail de fourmi, insiste Bruno, élagueur de formation et militant CFDT depuis 2014. Tout s’est fait petit à petit, nous partions de très loin mais, heureusement, nous étions épaulés par Stéphane Gresset, de la CFDT-Agri-Agro. En amont des élections, nous avons tourné dans les agences, pris beaucoup de contacts. On essaye aussi de se développer par proximité géographique. » C’est cette stratégie qui a contribué à l’implantation de la CFDT et aux bons résultats de l’équipe.

« On a grappillé des voix partout et dans toutes les catégories, on représente tout le monde », détaille Pierre Savoye, chauffeur poids lourd, délégué syndical et négociateur chez idverde. À ses côtés et parmi les nouveaux élus de son CSE : une assistante administrative, un chef d’équipe, un ouvrier qualifié et un chef de chantier. Une vraie satisfaction pour ce militant. Il était le seul adhérent de l’agence Belfort Montbéliard, il y a quelques années ; ils sont désormais huit sur 57 à être encartés CFDT. « Notre travail est reconnu, c’est gratifiant et ça donne envie de se donner encore plus ! »

La frustration, une réalité, parfois, du travail militant

Absente du CSE Île-de-France Sud-Ouest jusqu’à cette élection, la CFDT a renversé la vapeur, en prenant le leadership devant FO et la CGT. « Je me suis rendu dans chacune des quatre agences (dans les départements du Loiret, des Yvelines et de l’Essonne), sur les chantiers ; j’y suis retourné, j’ai tracté, j’ai expliqué aux collègues le rôle du CSE, j’en ai convaincu certains de rejoindre nos listes, glisse Denis Huet, élu au sein du CSE francilien et ancien militant CGT. Et même si, quelquefois, c’est décourageant parce qu’on a l’impression de ne pas avancer, d’avoir organisé une réunion pour rien, de pas avoir de retour positif… C’est pourtant ce travail qui paye. »

C’est le moins que l’on puisse dire. Sur son secteur, ce sont seize des vingt sièges en jeu qui sont revenus à la CFDT. Surtout, des adhérents et des référents CFDT sont désormais présents dans chacune des agences du territoire. « Quand on fait bien le job, c’est compliqué pour les autres de s’implanter », poursuit Pascal Macé, délégué syndical et négociateur chez idverde. Sur son secteur, celui d’Angers (Maine-et-Loire), la CFDT est la seule organisation présente. Le chauffeur d’engins a lui aussi accumulé les kilomètres afin de convaincre plusieurs élus sans étiquette de rejoindre la CFDT dans son agence, mais aussi dans l’ouest de la France. Avec succès. « C’est un gros travail de fond ; ce n’est pas en trois mois que ça se fait, et pas à la veille des élections non plus. »

Un meilleur partage de la valeur

Cette progression, c’est aussi le fruit des avancées obtenues pour les salariés ces dernières années. Lors des dernières négociations annuelles obligatoires, en novembre 2022, ont été obtenus entre 1,5 et 4,5 % d’augmentation de salaire et la revalorisation du titre-restaurant. « On a aussi eu une revalorisation salariale des cadres – une première chez idverde, dont nous sommes fiers », insiste Pierre Savoye, mais aussi un engagement de la direction à négocier un système d’épargne salariale.

Quand d’autres organisations refusent de signer un accord, la CFDT, elle, prend ses responsabilités. « Nous sommes réalistes ; là où d’autres demandent l’impossible, on obtient des résultats. Un accord est toujours un compromis. C’est l’intérêt des salariés qui nous guide, pas l’idéologie », précise Bruno. Par cet accord, la CFDT a également obtenu la création d’une prime d’ancienneté, de 50 euros pour cinq années, 100 euros pour dix ans puis 100 euros de plus tous les dix ans jusqu’à trente ans. « Il y a encore moins d’un an, l’ancienneté n’avait aucune valeur et n’était pas reconnue dans l’entreprise. Il est essentiel pour nous que les compétences acquises par l’ancienneté soient valorisées. » « Ce n’est qu’un début, prévient Pierre, on ne s’en contentera pas. On continuera de négocier au mieux, pour une meilleure redistribution des richesses. Dans le mandat à venir, on se battra pour de meilleures primes, pour la participation, l’intéressement… »

À noter que la prise de décision est collégiale. Les adhérents sont systématiquement consultés en amont des négociations annuelles obligatoires ou avant la signature d’un accord. Une manière de les associer à la décision finale. « Nous voulons qu’ils aient leur mot à dire et qu’ils puissent participer à la vie démocratique, expliquent les militants CFDT. C’est ce qui fait la spécificité de notre syndicalisme », ajoute Bruno.

Une action résolue sur les conditions de travail

Aux résultats autour de la table des négociations s’ajoutent ceux dans les agences et sur les chantiers. C’est le renouvellement et l’obtention de nouveaux équipements de protection individuelle, des outils et tenues de travail plus adaptés. « Notre priorité, c’est que chacun se sente bien et en sécurité dès qu’il arrive sur son lieu de travail, explique Caroline Guersillon, assistante d’exploitation et élue CFDT au sein du CSE Île-de-France Est. Nous avons par exemple obtenu des gilets [de la marque] Percko qui protègent le dos et permettent d’adopter les bonnes postures. Nous avons aussi obtenu des nouvelles vestes et des parkas à la fois plus résistants et mieux adaptés à nos usages. »

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

Une CFDT vigilante en matière de santé, sécurité et conditions de travail, c’est aussi une CFDT qui obtient des gourdes pour les salariés, afin que chacun puisse faire le plein d’eau avant d’entamer sa journée. « Une mesure écologique puisqu’elle évite l’utilisation de bouteilles d’eau en plastique », glisse Denis. En somme, une section présente sur tous les fronts. Et comme le dit Pascal, ce n’est pas fini : « En 2023, notre objectif était que FO passe sous la barre des 50 %, c’est fait, et largement. Notre première place, si c’est du bonus, en quelque sorte, nous comptons bien la conserver… et l’améliorer ! »