La CES se dote d’une charte des valeurs

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Au deuxième jour du congrès de Berlin, les délégués de la Confédération européenne des syndicats ont très largement adopté une charte de valeurs. Portée par la CFDT, elle réaffirme notamment l’incompatibilité du syndicalisme avec l’extrême droite.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 24/05/2023 à 16h05 et mis à jour le 25/05/2023 à 14h32

La charte des valeurs de la CES a été largement adoptée le 24 mai 2023.
La charte des valeurs de la CES a été largement adoptée le 24 mai 2023.© DR

Solidarité, égalité, démocratie, justice sociale. Depuis le début du congrès, ces mots résonnent lors de chacune des interventions, rappelant par là même que ces valeurs défendues par la CES sont le fondement de son histoire et, plus largement, de l’engagement du syndicalisme européen à défendre les droits des travailleurs. Alors qu’elle célèbre son 50e anniversaire, la CES a voulu donner un nouveau souffle à cette ambition, en portant (par la voix de son président, Laurent Berger) une charte des valeurs.

En soi, « cette charte de la CES n’invente rien de nouveau », rappelle d’ailleurs son rapporteur. « Mais à l’heure où prolifèrent les discours qui visent à saper nos démocraties, où les droits les plus fondamentaux sont de plus en plus remis en question, où prospère la désinformation et où se radicalise le débat public, il est important de rappeler ce qui guide notre engagement et les combats que nous menons. »

Incompatibilité

1. Paix, démocratie et état de droit, Europe, dignité humaine, droits de l’homme, libertés civiles, solidarité, égalité, autonomie par rapport aux pouvoirs politiques et économiques, lutte contre l’extreme droite, protection de l’environnement, ouverture sur le monde, intégrité, transparence et responsabilité.

Largement inspirée des statuts de la CFDT, la charte des valeurs de la CES adoptée à Berlin tient en deux pages et quatorze points1– rappelés comme devant être « à la base de la politique et du travail du syndicalisme européen ». En ces temps troubles de guerre en Ukraine et de percée des mouvements populistes un peu partout en Europe, la paix et la lutte contre l’extrême droite ont naturellement pris une place importante dans les interventions des délégués. « Chacun de nous ici a peur pour les élections qui arrivent, rappelle d’ailleurs opportunément la Fédération européenne des transports (EFT), où les extrêmes, profitant d’un sentiment de déclinisme, creusent leur sillon et sèment la peur. »

Dans ce contexte, « il nous faut nous rappeler qui nous sommes et ce que nous voulons afin de ne pas affaiblir les valeurs qui nous ont dirigé depuis le début », estime l’UGT Espagne. Car ne nous y trompons pas : l’extrême droite a beau lisser son langage, ses idées demeurent les mêmes.

La charte rappelle donc précisément l’incompatibilité des idées d’extrême droite avec les valeurs fondamentales des syndicats et engage la CES à « combattre tous les mouvements d’extrême droite, organisations, association ou entité politique qui agirait contre ses valeurs fondamentales ». De la même manière, elle entend, au nom du principe d’égalité, « lutter contre toutes les formes d’exclusion, de harcèlement, de discrimination, de sexisme, de racisme, de xénophobie, d’islamophobie et d’antisémitisme ».

Point de référence

« Le syndicalisme est un rempart lorsqu’il ne se compromet pas et qu’il garde le cap avec ses valeurs comme seule boussole », réaffirmait Laurent Berger, en appelant à voter massivement cette charte qui prend la forme d’une résolution de congrès – lui conférant ainsi une forte valeur politique et symbolique. « Un point de référence important pour la CES mais également pour nos organisations respectives », soulignait l’UIL Italie. Avec cette charte, « le train est en marche, et je suis ravie que la CES ait le courage de ses ambitions », concluait la représentante de la Fédération européenne des travailleurs des transports.