Galères, misère et tour Eiffel abonné

iconeExtrait du magazine n°472

Dans les beaux quartiers de Paris, l’hôtel Ibis Tour Eiffel, déserté par les touristes depuis le début de la crise sanitaire, accueille 220 personnes vulnérables le temps de la trêve hivernale. Plongée dans ce centre d’hébergement d’urgence atypique où se côtoient deux mondes.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 02/04/2021 à 08h00 et mis à jour le 02/06/2022 à 09h58

Genèse Athis est déléguée syndicale CFDT. Ici avec Bruno Coquaz, directeur de l’hôtel Ibis Tour Eiffel.
Genèse Athis est déléguée syndicale CFDT. Ici avec Bruno Coquaz, directeur de l’hôtel Ibis Tour Eiffel.©Michel Le Moine

À première vue, on le distingue à peine. Ondulé sur quelques mètres, le paravent noir se fond harmonieusement dans les éléments de décor boisés de ce trois-étoiles situé en plein cœur de Paris. De part et d’autre, de rares touristes cohabitent sans le savoir avec des publics en situation de grande précarité.

Essentiellement des migrants, mais aussi des femmes isolées avec enfants redirigés par le 115. « Quand on m’a donné l’adresse, j’ai failli éclater de rire. Je me suis dit : “Ce n’est pas possible, ils n’ont pas pu ouvrir un centre d’hébergement d’urgence au pied de la tour Eiffel !” », se souvient Nadia, l’une des premières arrivées. À 35 ans, cette mère célibataire employée dans la restauration s’est retrouvée « en galère de logement, puis en galère tout court avec le premier confinement et la fermeture des restaurants. J’ai été hébergée à droite, à gauche avec mon fils de 8 ans pendant un temps, puis il y a eu les centres d’hébergement. J’avais honte ».

Ici, elle essaye de se reconstruire avec d’autres personnes qui,…

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