Face aux violences subies par les agents pénitentiaires, la CFDT demande des mesures de protection

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icone Extrait de l'hebdo n°3963

Depuis le 13 avril, les établissements pénitentiaires et leurs personnels sont la cible de violences. Plus d’une soixantaine d’actes ont été recensés à travers l’Hexagone. Face à cette vague inédite d’agressions, la CFDT suggère une réponse ferme et alerte sur le manque d’effectifs.

Par Guillaume LefèvrePublié le 29/04/2025 à 12h00

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© Fred Marvaux/RÉA

Véhicules personnels incendiés, tirs d’armes à feu, jets de cocktails Molotov sur les façades des domiciles des agents… Depuis deux semaines, « 65 faits » ont été commis contre les établissements pénitentiaires et leurs personnels, affirme Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur. Le groupe qui se nomme « défense des droits des prisonniers français » (DDPF) a revendiqué ces actes de malveillance. Face aux tensions, la CFDT espère une réponse à la hauteur des enjeux.

« Ces agressions, quelles que soient les motivations de leurs auteurs, sont inacceptables. Elles portent atteinte à l’intégrité de nos institutions et à l’État de droit, réagissait Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, et Ingrid Clément, secrétaire générale d’Interco CFDT. Elles mettent également en danger les personnels du ministère de la Justice, qui jouent un rôle essentiel dans le bon fonctionnement de notre système judiciaire, le maintien de l’ordre et la réhabilitation des personnes placées sous main de justice. »

Priorité à la sécurisation des agents publics et de leurs proches

« C’est une situation très compliquée et très anxiogène pour les agents et leurs proches, alerte Éric Fievez, secrétaire général Interco CFDT pénitentiaire. La réponse doit être à la hauteur de la gravité de la situation. Lorsque des agents de la fonction publique sont attaqués, c’est l’État, la nation tout entière qui est attaquée. La priorité doit être la sécurité des personnels et de leurs familles. » Parmi les revendications de la CFDT, l’octroi d’un numéro d’urgence permettant de contacter directement les services de police ou de gendarmerie en cas de danger est demandé.

Autre sujet d’inquiétude de la CFDT : la sécurité des personnels des Spip1 intervenant en milieu ouvert, autrement dit à l’intérieur des établissements, cibles potentielles. « Une doctrine de sécurisation des personnels dans et en dehors des domaines est indispensable, affirme Jean-François Fogliarino, secrétaire général du Syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNPD CFDT). Nous attendons aussi des moyens pour renforcer la sécurité des établissements. Une mise à niveau des équipements est indispensable. Cela doit être discuté établissement par établissement, au plus près des réalités et des besoins spécifiques de chacun. » Et le syndicaliste de prendre l’exemple de nombreux centres pénitentiaires qui ne sont plus adaptés aux exigences de sécurité modernes, à l’image de certaines prisons « du XIXe siècle » situées dans les centres-villes. « Ces zones nous confrontent à de vraies difficultés de sécurisation, que ce soit pour installer de la vidéosurveillance ou des brouilleurs d’ondes à cause de leurs impacts potentiels pour les riverains. »

Un déficit de personnels qui envenime la situation

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

Au-delà de ces difficultés, Jean-François Fogliarino rappelle que les établissements pénitentiaires font face à un déficit de personnels « d’au moins 15 % » par rapport à la population carcérale actuelle. À ce propos, une note du service de la statistique, des études et de la recherche du ministère de la Justice, parue le 1er avril, rappelait que 82 900 personnes étaient incarcérées dans les prisons françaises… pour 62 300 places disponibles.