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Extrait de l'hebdo n°3964
La section CFDT du “hard discounter” Pli Bel Price fait vivre le dialogue social. Elle sait aussi mobiliser les salariés par la grève lorsque cela est nécessaire. En témoigne la journée d’action du 4 avril, et la revalorisation salariale de 4 % qui en a découlé.

« Nous avons pu montrer à ceux qui en doutaient que le syndicalisme et la force du collectif pouvaient faire bouger les choses », résume fièrement Fulbert Cinna, secrétaire de la section CFDT de Pli Bel Price, une enseigne de la grande distribution qui compte 210 salariés. Pour comprendre l’enthousiasme de celui qui est aussi responsable du rayon fruits et légumes de l’un des sept magasins présents sur l’île, il faut faire un petit retour en arrière.
Depuis plusieurs semaines, les discussions autour de la négociation annuelle obligatoire (NAO) sur les salaires patinent. S’appuyant sur le bilan financier positif de l’entreprise, la section revendique une hausse de 5 % des salaires, très loin du 1,5 % offert par la direction. « Nous voulions simplement que les bénéfices engrangés soient partagés avec les forces vives », précise Fulbert Cinna qui pointe la hausse record, en parallèle, de l’activité sur les derniers mois. Seule force syndicale présente au sein des établissements depuis plus de dix ans, la CFDT rejette la proposition patronale et sonde l’état d’esprit du collectif.
Parmi les salariés, 15 % sont adhérents
La section multiplie les échanges avec ses adhérents (une trentaine au total, soit 15 % de l’effectif), va à la rencontre de l’ensemble des salariés et organise plusieurs assemblées générales pour les tenir informés de l’évolution des discussions.
Cette double stratégie – proximité et transparence – se révèle payante et appréciée. Les collègues peuvent ainsi exprimer leurs attentes, mais aussi leurs frustrations tout au long du processus. « Il y avait un fort besoin d’expression des salariés, se souvient Isabelle Caraza, secrétaire adjointe du CSE et élue CFDT. Nous les avons prévenus que, pour être crédible, il faudrait envoyer un message fort à la direction, par la grève si nécessaire. »
Face à une direction qui joue le statu quo, une journée de mobilisation devient alors inévitable : la date du 4 avril est arrêtée. « Nous avons rappelé l’importance de ce rendez-vous à nos collègues. Et insisté sur la nécessité d’être le plus nombreux possible. C’était quitte ou double », se remémore Fulbert. Double donc : le jour J, 75 % des salariés se réunissent devant les locaux de la direction. Il n’en fallait pas plus pour débloquer les discussions et faire pencher la balance. C’est avec une revalorisation salariale de 4 %, une prime de partage de la valeur de 600 euros et une revalorisation des tickets-restaurant que les élus ressortent de leur entretien avec la direction.
Un matériel renouvelé pour préserver la santé des salariés
Si le pouvoir d’achat est l’une des priorités de la section, il n’est pas l’alpha et l’oméga de leur action. Elle a aussi pu obtenir des engagements de la direction pour des investissements et la révision du matériel, à l’image des huit nouveaux transpalettes qui seront prochainement livrés. « Un matériel adapté réduit les risques de troubles musculosquelettiques », rappelle Fulbert Cinna.
Dans le même temps, le changement de l’ensemble des chaises des hôtesses et des hôtes de caisse a été acté, le tout sous la supervision d’un ergonome et de la médecine du travail. Un soulagement pour Isabelle Caraza, qui occupe justement le poste d’hôtesse de caisse. « Nos chaises étaient vieillissantes, certaines ne pouvaient plus être ajustées en hauteur et le petit espace entre deux caisses faisait qu’il était difficile pour deux hôtesses d’être assises au même moment. »
Présents partout, tout le temps
Après avoir marqué l’essai « négociation et mobilisation », la section entend aussi transformer celui de l’« adhésion », avec, dans un coin de tête, le renouvellement générationnel. Plusieurs collègues ont déjà confirmé leur intention de venir grossir les rangs de la section. Une équipe qui continuera de faire ce qu’elle fait de mieux pour convaincre de son utilité : être présent au quotidien et à la moindre interrogation.
Là aussi les choses sont bien rodées. Le planning des tournées de la section est connu de tous, une permanence est organisée tous les 15 jours et, chaque mois, la section se déplace dans l’un des sept magasins de l’enseigne. Le reste du temps, les salariés peuvent compter sur la présence de l’un des représentants de proximité CFDT dans chacun des magasins du groupe. Une étape, plus qu’une fin en soi, pour Fulbert Cinna. « Nous sommes partout, tout le temps et nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin. Nous pouvons encore faire mieux. »