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Extrait de l’hebdo n°3853
Le 6 décembre, l’Observatoire des inégalités a publié son rapport 2022-2023 sur la pauvreté en France, avec toujours le même constat : la pauvreté ne diminue toujours pas dans notre pays.

Un nouveau rapport, mais toujours les mêmes conclusions, malheureusement. « Cela fait déjà trente-cinq ans que la pauvreté ne baisse plus », assènent Anne Brunner et Louis Maurin, les deux rapporteurs de l’Observatoire des inégalités. Dans les faits, ce sont 4,8 millions de personnes (7,6 % de la population française) qui vivent sous le seuil de pauvreté, soit 940 euros par mois pour une personne seule. À noter que l’Observatoire des inégalités retient le seuil de 50 % du niveau de vie médian, là où d’autres organisations optent pour celui de 60 % (soit, d’après l’Insee, 9,2 millions de personnes qui reçoivent moins de 1 102 euros par mois et environ 14 % de la population totale, en 2019).
Quel que soit le référentiel choisi, la dynamique n’a en tout cas pas été enrayée, tant s’en faut. « [Sous le seuil de pauvreté de 50 % du niveau de vie médian], on comptait 4 millions de pauvres au début des années 2000 ; ils sont 800 000 de plus en 2020. Au seuil à 60 %, leur nombre a augmenté de plus de 1,2 million. Il y a là matière à inquiétude, résument les rapporteurs. La pandémie de coronavirus a servi de révélateur. Elle a révélé l’urgence de soutenir les étudiants sans ressources et les travailleurs très précaires, et celle de relever les allocations des familles très modestes. Elle a aussi mis au jour la nécessité de créer des places d’hébergement d’urgence, d’augmenter les capacités de distribution d’aide alimentaire. »
Les jeunes et les femmes sont les premiers touchés
La moitié des personnes en situation de pauvreté ont moins de 30 ans. Dans l’ensemble de la classe d’âge 18-29 ans, ils représentent 19 % du total, soit un sur cinq. Les femmes seules avec enfant(s) sont également parmi les plus exposées : 19 % des familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté. Dans sa publication, l’Observatoire des inégalités souligne que 26 % des chômeurs sont considérés comme pauvres. Pire, il rappelle que le travail n’est pas un rempart suffisant : 1,2 million de personnes qui travaillent ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté. Le rapport pointe également la situation dramatique en outre-mer : 25 % des habitants de La Réunion sont pauvres (trois fois plus qu’en métropole). Enfin, la « grande pauvreté » telle que mesurée par l’Insee concerne 39 % des Guyanais contre 2 % de la population du reste de l’Hexagone.
Inflation et hausse du coût de l’énergie
Les inquiétudes sont d’autant plus exacerbées que la période est marquée par une forte inflation (+ 6,2 % en novembre 2022) et par la hausse des prix des énergies (+ 23,1 % en 2022). À cela s’ajoute la hausse des dépenses quotidiennes (+ 9,7 % des dépenses liées aux transports). « Tous ceux qui doivent faire face à des dépenses de carburant élevées pour aller travailler et, surtout, ceux dont le logement est mal isolé et difficile à chauffer sans dépenser une fortune vont subir de lourdes pertes de pouvoir d’achat, même si leurs revenus augmentent autant que la moyenne des prix. » Ces constats, la CFDT ne s’y résout pas. Avec ses partenaires du Pacte du pouvoir de vivre, elle continue de porter ses propositions pour que chacun puisse accéder à un logement décent, se nourrir sainement, se déplacer, se soigner et accéder à un emploi de qualité.