Droits des travailleurs : la France épinglée par la CSI

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iconeExtrait de l’hebdo n°3882

Dans la dernière édition de son indice des droits dans le monde, la Confédération syndicale internationale épingle la France pour sa réponse musclée à la contestation contre la réforme des retraites.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 11/07/2023 à 12h00

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© ITUC - CSI

La France de nouveau pointée du doigt. « Les manifestations de ces derniers mois ont donné lieu à des brutalités policières, des arrestations aveugles et des attaques au gaz lacrymogène », énumère la CSI dans son indice 2023, finalisé avant le début des émeutes urbaines déclenchées par la mort du jeune Nahel.

“Des syndicats purement et simplement ignorés”

Pour la deuxième année d’affilée, la France fait partie des 69 États parmi les 149 étudiés pour avoir procédé à des arrestations ou des détentions jugées arbitraires. « Quand vous souhaitez modifier une loi qui concerne les travailleurs, et la réforme des retraites en est un exemple, la moindre des choses que l’on puisse attendre est le dialogue », a réagi le secrétaire général de la CSI, Luc Triangle, présent lors de la mobilisation du 1er mai contre la réforme des retraites. « Or les syndicats ont été purement et simplement ignorés. »

Malgré cela, le « classement » de la France reste comparativement avantageux dans un monde où 87 % des États enfreignent le droit de grève et où les atteintes aux droits des travailleurs restent « à des niveaux records », selon la CSI.

Équateur et Tunisie intègrent la “short list”

Dans cet indice annuel, la liberté d’expression, le dialogue social ou la liberté d’association figurent parmi les droits étudiés. Certains pays inquiètent particulièrement la CSI, à l’instar de l’Équateur et de la Tunisie, qui intègrent la sinistre liste annuelle des dix pires pays pour les travailleurs. À l’inverse, la Colombie et le Brésil (pays qui a récemment rebasculé vers un régime moins populiste) sortent de ladite liste. Mais la situation des travailleurs en Amérique latine n’en demeure pas moins catastrophique – 18 des 19 syndicalistes assassinés en 2022-2023 provenant de cette partie du monde.

Quid des grosses firmes ?

Côté entreprises, la CSI dresse la liste des grandes firmes qui violent les droits des travailleurs ou qui ne se servent pas de leur influence pour remédier à de telles violations. On y retrouve Amazon, Apple, Deliveroo, Ikea, Ryanair, Starbucks, Stellantis ou encore Uber. Or certaines de ces entreprises ont bénéficié de généreux financements européens, s’indigne la Confédération européenne des syndicats (CES).

À propos de l'auteur

Anne-Sophie Balle
Rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo

Dans une récente interview à CFDT Magazine, Esther Lynch, secrétaire générale de la CES, appelait d’ailleurs à une modification de la législation européenne pour « garantir que des marchés publics lucratifs ne puissent venir récompenser des entreprises qui refusent de s’engager dans des négociations collectives [ou] agissent contre l’intérêt public en payant des salaires dérisoires et en laissant nos systèmes de protection sociale payer la facture ».