[Dossier Burn-out] Chez Technip, le combat continue abonné

Depuis quatre ans, chez Technip, géant français du secteur parapétrolier, la machine à broyer est en marche. À la suite d’un premier suicide, survenu au sein de la tour des bureaux de la Défense, la section CFDT se démène pour que la direction reconnaisse les risques graves constatés dans son entreprise et prenne enfin des mesures préventives. Un combat exemplaire.

Par Claire Nillus— Publié le 27/02/2020 à 08h27

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Quand l’absentéisme augmente, que les démissions explosent, que les salariés tombent en dépression comme des mouches et que l’inspection du travail multiplie les rapports confirmant que plusieurs drames, dont suicides et tentatives de suicide, sont « survenus par le fait du travail », il n’y a pas à tergiverser.

Pourtant, l’une des seules réponses de la direction depuis le début de cette série noire a été d’installer deux fauteuils massants à côté du bureau de la direction des ressources humaines. Inconscience ou déni ? Si tous les employés de Technip France ne souffrent pas de risques psychosociaux, une enquête sur la qualité de vie au travail de juillet 2017 a révélé que 25% des salariés se trouvaient en état « critique » quant à leur capacité de résistance au stress. Les causes sont connues : une fusion mal préparée en 2017 avec la société américaine FMC, des changements de gouvernance incessants, des restructurations ni suffisamment accompagnées ni anticipées.

Nous devons déconstruire l’idée tenace et constamment brandie par l’employeur de la supposée fragilité des salariés. Il faut le convaincre qu’un suicide peut être lié au travail”

« Dans la culture maison, il est normal de se surinvestir sans contrepartie et in­imaginable d’admettre qu’on le vit mal », résume Bénédicte Ronin, secrétaire du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail. « Nous, nous leur disons d’être très vigilants et de faire appel à nous le plus tôt possible. » Dans cette entreprise qui emploie une majorité de cadres, il n’existe pas de garde-fous, pas de charte de déconnexion ; l’accord des 35 heures n’est pas respecté et les équipes ont subi des réorganisations du travail en dépit du bon sens : « Je devais satisfaire simultanément plusieurs projets et chefs de projet, chacun ignorant le projet de…

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