“Des injustices qui n’existaient pas jusque-là ”

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Les 10 points clés de la réforme

Avec la réfome, le dispositif de retraite anticipée pour carrière longue change quelque peu. Thibaut Sellier, secrétaire confédéral chargé des retraites, répond à nos questions.

Par Fabrice Dedieu— Publié le 02/06/2023 à 09h00

Thibaut Sellier, secrétaire confédéral, chargé des retraites.
Thibaut Sellier, secrétaire confédéral, chargé des retraites.© DR

Concernant le dispositif de retraite anticipée pour carrière longue, qu’est-ce qui change ?

Jusqu’à présent, le dispositif pour carrière longue permettait un départ à la retraite à 58 ou 60 ans, avec quatre ou cinq trimestres (selon son mois de naissance) cotisés avant la fin de l’année de ses 16 ans ou 20 ans. Avec la réforme, on passe de deux âges d’ouverture des droits à quatre : 58 ans, 60 ans, 62 ans et 63 ans, selon si l’on a cotisé le nombre de trimestres requis (toujours quatre ou cinq, ça ne change pas) avant, respectivement, la fin de l’année de ses 16 ans, 18 ans, 20 ans ou 21 ans. La durée d’assurance totale requise pour ouvrir ses droits sera la même que pour obtenir le taux plein, quarante-trois annuités (172 trimestres). Par ailleurs, la loi prévoit (c’est une nouveauté) que les trimestres acquis au titre de l’allocation vieillesse du parent au foyer (AVPF) et de l’assurance vieillesse des aidants (AVA) puissent être pris en compte dans le dispositif carrière longue, dans la limite de quatre trimestres.

Qui sera concerné par ces dispositions ?

En théorie, tous les salariés nés après le 1er septembre 1961. Mais le projet de décret d’application prévoit que les personnes nées entre cette date et le 31 décembre 1963, qui ont cotisé le nombre suffisant de trimestres avant leurs 20 ans et qui ont déjà 168 trimestres validés avant le 1er septembre 2023, ne seront pas concernées par la nouvelle réforme et pourront partir, à leur demande, selon les anciennes règles.

À partir de la génération née en 1964, la réforme va s’appliquer progressivement jusqu’à la génération née en 1970 qui sera la première à avoir les bornes d’âge et de durée de cotisation définitives.

Ces nouvelles règles sont-elles plus justes ?

À propos de l'auteur

Fabrice Dedieu
Journaliste

Avec la réforme, l’architecture du dispositif carrière longue ne change pas. Mais parce qu’il y a report de l’âge, nous constatons des injustices qui n’existaient pas jusque-là : avec les anciennes règles, l’immense majorité des salariés en carrière longue pouvait partir en retraite une fois atteint le nombre de trimestres cotisés requis pour le taux plein. Avec les nouvelles règles, beaucoup de salariés éligibles devront quand même travailler un peu plus de quarante-trois ans pour atteindre un âge anticipé (58, 60, 62 ou 63 ans) ou le nouvel âge légal (64 ans). Par exemple, un salarié qui a commencé sa carrière après ses 18 ans, qui valide cinq trimestres avant 20 ans, devra attendre 62 ans pour partir en retraite alors qu’il aura atteint ses quarante-trois ans de cotisation à 61 ans. Ce sont ces salariés qui feront les frais de la réforme.