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Extrait de l’hebdo n°3866
Dans l’Aube, la CFDT de Sitel et sa section troyenne préparent les élections professionnelles de juin. Les militants peuvent s’appuyer sur un solide bilan pour progresser localement et conforter leur première place au niveau national.

« Nous assumons notre rôle et nos responsabilités », explique Guy Delatour, manager et délégué syndical central chez Sitel, groupe international spécialisé dans la relation clientèle qui compte plus de 5 500 salariés en France, répartis sur onze sites. Première organisation syndicale à l’échelle nationale avec 25,5 % des voix, la CFDT devance FO (24,5 %) – mais aussi la CGT, la CFTC et Sud, qui ont chacune recueilli 15 % des suffrages. À Troyes, un site où travaillent 380 salariés, la CFDT arrive en deuxième position (30 %) derrière Sud (40,8 %), tandis que la CFTC (22 %), FO et la CGT ferment la marche. « On est force de proposition et ça paye ! », résume Magaly Marion, déléguée syndicale et salariée du site depuis bientôt vingt-trois ans. Et ce n’est pas fini. « Nous avons bien l’intention de progresser encore à tous les niveaux », poursuit Guy Delatour.
Un package pouvoir d’achat obtenu par la CFDT
Pour atteindre cet objectif, elle peut s’appuyer sur un collectif en croissance constante. La section compte aujourd’hui 64 adhérents (430 en tout dans le groupe). Au total, 17 % des salariés du site sont syndiqués CFDT. Côté résultats, celle-ci a obtenu en 2022 un package pouvoir d’achat : revalorisation salariale de 30 euros brut par mois, hausse de la participation de l’employeur à la mutuelle santé, augmentation du montant du titre-restaurant, revalorisation de l’indemnité télétravail (2,50 brut par jour) et « pass mobilité » de 150 euros pour chaque salarié.
« Il a fallu montrer notre détermination », explique Guy, qui se souvient qu’au début de l’année 2022, la CFDT a demandé à la direction une prime exceptionnelle afin de faire face à la hausse du coût de la vie et des prix de l’énergie. Une fois. Deux fois. Trois fois. Il aura fallu un débrayage et une grève des salariés en février et mars 2022 pour obtenir les avancées citées. « On peut dire qu’on a obtenu deux ou trois trucs, plaisante Rachid Difallah, téléconseiller et adhérent depuis 2015. Je suis particulièrement fier de notre mobilisation concernant le pouvoir d’achat des collègues, notamment l’obtention du pass mobilité. » Avec ce dernier, les salariés peuvent couvrir 150 euros de leurs dépenses liées aux frais de transport.
Service après-vente
Pour valoriser ces nouveaux acquis, des journées de visibilité sont régulièrement organisées sur le site ; un barnum est monté, et le bon accueil est assuré avec crêpes et croissants. La dernière journée en date (le 6 février) a d’ailleurs été l’occasion de recueillir les attentes des salariés en vue des prochaines négociations annuelles obligatoires. « Majoration des heures de travail le samedi, hausse du montant du [titre-restaurant] ou encore avantages négociés auprès des clients pour lesquels nous opérons… : nous avons soumis plusieurs propositions aux salariés afin de connaître leurs attentes », explique Magaly. La démarche est appréciée et couronnée de succès puisque le taux de réponse passe le cap des 50 %. « Cela permet aussi de peser dans les négociations. » La section s’est bien évidemment saisie de ce temps d’échange pour parler des retraites et expliquer le positionnement de la CFDT. « On informe les salariés, on essaie de rassembler le maximum de collègues, on fait vivre la mobilisation localement, on est dans les starting-blocks », insiste Magaly Marion.

Des tracts qui rétablissent la vérité historique
Très présente sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, WhatsApp), la section a pour principal but de dire ce qu’elle fait et pourquoi elle le fait – alors que d’autres organisations cherchent à discréditer son action et ses décisions. C’est ce qu’elle a d’ailleurs choisi de rappeler dans un de ses derniers tracts de « mise au point », à la suite de l’attaque qu’elle a subi à propos du treizième mois dont bénéficient les plus anciens salariés du groupe.
Là, une explication s’impose. Lors du rachat de l’entité, il y a quelques années, l’action de la CFDT avait, outre la sauvegarde des emplois, permis la sanctuarisation des acquis des salariés en poste. « Pour les entrants, nous nous efforçons aujourd’hui, comme le prouve notre bilan 2022, d’obtenir des droits nouveaux… avec des succès et des échecs, précise Guy. Notre mission, ce n’est pas de promettre depuis plus de six ans un treizième, voire un quatorzième mois ou 2 000 euros net pour tous mais avant tout d’obtenir du concret. Nous regrettons qu’un syndicat souffle régulièrement le chaud et le froid et emprunte des raccourcis grossiers laissant penser que la CFDT et d’autres OS – ayant fait grève pendant plusieurs jours consécutifs pour obtenir ce fameux treizième mois – seraient opposées à cet avantage pour les nouveaux entrants, au mépris de l’histoire des sites. »
Les choses ont le mérite d’être dites et écrites. Les tracts se veulent également un précieux outil dans le cadre de la campagne électorale à venir. La CFDT souhaite évidemment que les salariés, en juin prochain, fassent le choix d’un syndicalisme responsable et de résultats plutôt qu’ils se contentent de banales « envolées lyriques ».