- Considérablement freinée depuis des semaines, l’activité économique pourrait, si les conditions sanitaires le permettent, progressivement et partiellement reprendre à partir 11 mai.
- Plan de déconfinement, protocoles, fiches métiers… les outils mis en place ne seront pas efficaces sans dialogue social, prévient la CFDT.

À mesure que la date de déconfinement approche, les esprits s’agitent. Les rendez-vous ministériels et paritaires se succèdent, les textes règlementaires et autres documents visant à accompagner la reprise économique s’amoncellent. Pas toujours dans la plus grande transparence, il faut bien le reconnaître. Mais tous s’accordent sur un point : demain ne ressemblera pas à hier. Aussi, mieux vaut-il s’y préparer.
Comme il s’y était engagé, Édouard Philippe a reçu les partenaires sociaux le 30 avril dernier pour échanger sur les modalités de reprise. Le Premier ministre a fait du dialogue social « une condition impérative pour permettre le retour au travail dans un cadre qui garantit la santé et la sécurité des salariés ». Côté syndical, on salue la démarche, d’autant plus chez les organisations qui savent que la mise à l’arrêt prolongée du pays n’est pas économiquement supportable. « Il serait illusoire de penser que l’on va pouvoir tenir encore longtemps avec une activité totalement ralentie et la moitié des salariés du privé en chômage partiel, confiait ainsi Laurent Berger à l’issue de la rencontre. Mais la reprise de l’activité ne peut se faire à n’importe quel prix. Et il ne peut y avoir de déconfinement professionnel sans protocoles d’accord de reprise de travail négociés. »
Deux documents, deux visions
Un « protocole national de déconfinement », émanant du ministère du Travail, a d’ores et déjà été rendu public. Un ensemble de « règles transverses » qui devront s’appliquer à tous les secteurs – en complément de la cinquantaine de fiches métiers déjà disponibles. Dans ce document d’une quarantaine de pages, certains points avancés par le Premier ministre lors de la présentation de son plan de déconfinement à l’Assemblée nationale ont été précisés. Le protocole insiste en particulier sur les mesures d’organisation du travail (le télétravail devant « rester la règle chaque fois qu’il peut être mis en œuvre »), la gestion des flux ou encore les mesures de dépistage (le gouvernement ayant fait le choix de ne pas imposer la prise de température aux salariés). Nulle mention, en revanche, de l’obligation de négocier avec les représentants des salariés, regrette la CFDT. Or les conditions de reprise dépendent beaucoup de la qualité du dialogue social, avant et pendant cette crise. Si chez Toyota le travail a pu partiellement reprendre, c’est en partie grâce à une culture de dialogue qui existe depuis longtemps au sein de l’entreprise. « La confiance de tous les acteurs de l’entreprise est une condition fondamentale de la reprise et nécessite leur association dans la construction de ses modalités », résume Philippe Portier, secrétaire national.
Conscientes de ces impératifs, trois organisations (CFDT, CFTC, Medef) ont choisi de réaffirmer dans une déclaration commune datée du 30 avril la place que doit prendre le dialogue social et professionnel en période de crise. Et demandent qu’« en concertation avec les salariés et leurs représentants, les entreprises adaptent leur environnement de…