Construction : les entreprises dans le creux de la vague

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iconeExtrait de l’hebdo n°3919

Bouygues, Vinci, Nexity… Les promoteurs immobiliers enchaînent les annonces de plans sociaux en réponse à la crise que connaissent les secteurs de l’immobilier et de la construction.

Par Sabine Izard— Publié le 07/05/2024 à 12h00

Après Bouygues Immobilier et Vinci, c’est au tour du promoteur immobilier Nexity d’annoncer un plan de licenciements dans sa branche promotion-construction.
Après Bouygues Immobilier et Vinci, c’est au tour du promoteur immobilier Nexity d’annoncer un plan de licenciements dans sa branche promotion-construction.© François Henry/RÉA

Depuis quelques mois, les annonces de suppression de postes se succèdent chez les promoteurs immobiliers. Après Bouygues Immobilier (225 suppressions de postes) et Vinci (annonce d’un plan social non chiffré), c’est au tour de Nexity de révéler, le 26 avril, la suppression de 502 postes dans sa branche promotion-construction pour faire face à la crise de la construction. « Nexity a déjà supprimé 400 emplois en 2023. Avec ce nouveau PSE, fin 2024, c’est près de 900 emplois qui auront disparu », explique Emmanuel Brie, négociateur CFDT de la branche, délégué syndical chez Nexity et secrétaire du CSE. « Après de belles années, la filière immobilière connaît une crise conjoncturelle et les acteurs principaux de taille importante, sans être en danger économique, en profitent pour engager des restructurations sur ce motif », surenchérit Stéphanie Dayan, secrétaire nationale de la CFDT-Services. 

Ces entreprises sont prises en étau entre le renchérissement des coûts de construction, provoqué par les tarifs des matériaux et une réglementation environnementale plus stricte, et l’effondrement de la demande, causé par les difficultés d’accès au crédit et la fin progressive de dispositifs fiscaux incitatifs. « Cela se traduit par une frilosité sur l’investissement en période de taux d’intérêt élevé : baisse des ventes de l’ancien de 22 % en 2023, ralentissement des constructions, effondrement de l’immobilier d’entreprise avec le développement du télétravail. Quant à l’immobilier commercial, il compte 30 % de surfaces en trop par rapport à ce que le marché peut absorber, en lien avec la fermeture de nombreux magasins dont l’habillement », poursuit Stéphanie Dayan.

Anticiper les besoins de formation

Le secteur de la promotion immobilière n’est pas le seul concerné. « À ce stade, la vague de licenciements ne touche pas encore le secteur de la construction car il reste des chantiers à terminer, explique Grégory Gélé, secrétaire national à la Fédération nationale de la construction et du bois (FNCB-CFDT). Mais nous nous attendons au pire au second semestre 2024. Il y aura très certainement un retournement du marché de la construction neuve en raison de la baisse des carnets de commandes », poursuit le secrétaire national, qui bataille au niveau de la branche et dans les sections pour mieux anticiper les besoins en formation. « Il faut augmenter les formations dans le secteur de la rénovation énergétique, faire de la gestion prévisionnelle des emplois. » Les mises en chantier dans le logement neuf ont en effet chuté de 23,3 % sur un an, et « les perspectives de mises en chantier exprimées par les promoteurs à fin janvier 2024 se maintiennent au plus bas », confirme de son côté la Fédération française du bâtiment (FFB), dans sa dernière note de conjoncture de mars 2024. « Seule l’activité en amélioration-entretien progresse, de 2,3 % à prix constants en 2023, avec un score similaire pour la rénovation énergétique (+ 2,2 %). »

À propos de l'auteur

Sabine Izard
Journaliste

« Il n’y a aucune anticipation au niveau de la branche, regrette de son côté Xavier Guillauma, secrétaire confédéral chargé des politiques industrielles et de la recherche. Le patronat agite l’épouvantail de l’emploi sans prendre en compte les autres opportunités et sans changer de modèles économiques. Il en fait le minimum pour accompagner les salariés vers la rénovation. Pourtant, il y a quasiment autant de destructions d’emplois dans la construction qu’il y a de besoins d’emplois dans la transition… »