“Ça fait dix ans que nous alertons sur le déclin de l’habillement et sur l’absolue nécessité d’accompagner les salariés”

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iconeExtrait de l’hebdo n°3868

Le commerce de l’habillement a connu récemment de nouvelles défaillances retentissantes. Et les difficultés rencontrées par Go Sport, GAP et des magasins Galeries Lafayette franchisés n’augurent rien de bon. Adrien Guellec, secrétaire national de la CFDT-Services en charge de cette branche, fait le point.

Par Fabrice Dedieu— Publié le 05/04/2023 à 12h23

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© Gilles Rolle/RÉA

Comment évolue la situation de la Financière immobilière bordelaise (FIB), qui détient les enseignes Go Sport, GAP et 26 magasins Galeries Lafayette ?

Adrien Guellec, secrétaire national de la CFDT-Services.
Adrien Guellec, secrétaire national de la CFDT-Services.© DR

Nous sommes encore dans le brouillard. La justice va devoir prochainement trancher certaines questions concernant l’avenir de GAP et de Go Sport. Trois acteurs se sont positionnés, reste à voir celui qui sera sélectionné. Tant que l’on n’a pas plus de visibilité sur les offres de reprises, combien de salariés seront repris, le nombre de magasins, la vision stratégique et commerciale portée, difficile d’y voir clair. Nous sommes également dans le flou pour ce qui concerne les 26 magasins Galeries Lafayette franchisés. Dans ce cas, les dettes sont liées en majeure partie aux marchandises qui n’ont pas été payées au franchiseur. Enfin, nous nous inquiétons aussi, dans une moindre mesure, pour la chaîne de magasins de jouets La Grande Récré, détenue en partie par la FIB. Cela dit, ses difficultés sont plus liées au marché du jouet.

Y aura-t-il d’autres défaillances prochainement ?

C’est ce que nous pouvons craindre. Il y a des acteurs qui sont performants, comme Inditex (Zara), H&M, qui ont pris le virage du commerce électronique, qui se sont adaptés aux attentes de la clientèle ; et d’autres acteurs du milieu de gamme qui s’écroulent (C&A, Camaïeu…). Beaucoup d’acteurs sont positionnés sur le milieu de gamme, il s’avère difficile pour le consommateur de s’y retrouver.

Bien entendu, nos craintes ne datent pas d’hier. Ça fait dix ans que nous alertons sur le déclin du secteur et sur l’absolue nécessité d’accompagner les salariés dans une reconversion. Mais la CFDT n’a pas été écoutée. S’il y a un acteur qui n’est pas la hauteur des enjeux, c’est bien l’organisation patronale, la Fédération des enseignes de l’habillement (FEH). Elle ne semble pas du tout prendre en compte les questions de formation, d’emploi.

Quelles sont les actions de la Fédération CFDT des Services ?

Notre rôle, c’est d’informer et de former nos élus et militants, de ne pas les laisser dans le flou. Car, bien souvent, le manque d’information est ce qu’il y a de plus dur à vivre dans ce genre de situation. Ils ont besoin d’avoir un canal sérieux et crédible. Et puis nous mettons en place des moyens (experts, avocats) pour les accompagner. Cela permet d’avoir un éclairage sur la situation juridique, économique, et ainsi ils peuvent alerter. Leur rôle, c’est aussi d’accompagner leurs collègues, de les écouter et de témoigner au tribunal de commerce.

Nous sommes par ailleurs mobilisés auprès des services de l’État. Nous avons obtenu récemment un rendez-vous avec le ministère de l’Économie. Et nous discutons avec le ministère du Travail sur le maintien ou le repositionnement des emplois. Des sujets sur lesquels la CFDT est en alerte.

Quelle est la réponse du gouvernement ?

À propos de l'auteur

Fabrice Dedieu
Journaliste

Nous voyons qu’il s’investit dans ces dossiers, c’est donc plutôt rassurant. Nos interlocuteurs sont préoccupés par la situation et actifs pour orienter des investisseurs vers les enseignes en difficulté. Cela étant, le gouvernement nous fait bien comprendre que des procédures judiciaires sont en cours et qu’il ne peut s’en mêler.

L’enseigne Pimkie va supprimer 257 postes

L’annonce est tombée le 29 mars : Pimkie va fermer 64 magasins et supprimer 257 postes d’ici à 2027. L’enseigne de prêt-à-porter, qui appartenait à la famille Mulliez, a été reprise il y a quelques semaines par un trio d’investisseurs (Lee Cooper France, Kindy et le fabricant turc Ibisler Tekstil). Le plan social est d’une envergure moindre qu’anticipé.

« Les anciens actionnaires avaient tablé sur une centaine de magasins à céder, explique Marie-Annick Merceur, déléguée syndicale CFDT. Nos nouveaux actionnaires ont réétudié le plan et ont considéré que certains magasins avaient encore du potentiel, vu leur emplacement. Certains loyers ont aussi été renégociés. Ce qui a permis de sauver une bonne trentaine de magasins, c’est loin d’être négligeable. » Les fermetures vont s’échelonner jusqu’en 2027.