Archéologie préventive

Les archéologues d’Éveha interviennent sur ce camp militaire romain situé au cœur d’un lotissement de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne)
Les archéologues d’Éveha interviennent sur ce camp militaire romain situé au cœur d’un lotissement de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne)© Vincent Jarousseau

iconeExtrait du magazine n°492

Chez Éveha, entreprise privée de fouilles archéologiques préventives, de restauration d’objets et de biens culturels, plus de 300 salariés interviennent partout en France sur prescription de l’État. Des chantiers passionnants pour ces archéologues qui, bien souvent, ne comptent pas leurs heures pour « sauvegarder » les traces de notre patrimoine. Ces chantiers sont aussi synonymes de conditions de travail éprouvantes ; ainsi, le port de charges lourdes et les postures pénibles font partie du quotidien, mais aussi les aléas climatiques. Et à tout cela s’ajoutent des déplacements de longue durée qui peuvent fragiliser les équilibres personnel et familial.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 31/03/2023 à 09h00

« Nos droits doivent être à la hauteur de notre passion », revendique Marion Bernard, l’énergique déléguée syndicale CFDT de l’entreprise. Cette archéologue de formation n’a pas peur de mettre les pieds dans le plat quand il s’agit d’améliorer les conditions de travail de ses collègues. « L’entreprise est relativement jeune, ce qui est à la fois un inconvénient et un avantage : il reste beaucoup à faire, mais on avance… » Un avis que partage sa collègue, également militante CFDT, Florence Demarly Cresp : « C’est un métier enrichissant, passionnant, mais qui reste difficile. On est loin de l’image idyllique du chasseur de vestiges. »

Pendant quatre mois, près de 40 archéologues d’Éveha vont intervenir sur ce camp militaire romain situé au cœur d’un lotissement de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne).
Pendant quatre mois, près de 40 archéologues d’Éveha vont intervenir sur ce camp militaire romain situé au cœur d’un lotissement de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). © V Jarousseau
Un chantier de fouilles préventives classique pour conserver la mémoire du site avant que le nouvel aménagement prévu ne vienne détruire ces traces du passé.
Un chantier de fouilles préventives classique pour conserver la mémoire du site avant que le nouvel aménagement prévu ne vienne détruire ces traces du passé.© V Jarousseau
Dans un premier temps, les archéologues mettent au jour les restes des murs et fondations enfouis sous plusieurs mètres de terre.
Dans un premier temps, les archéologues mettent au jour les restes des murs et fondations enfouis sous plusieurs mètres de terre. © V. Jarousseau
Il s’agit des « vestiges immobiliers », c’est-à-dire les éléments architecturaux. L’ensemble de la zone, 4 000 mètres carrés sont ainsi répertoriés.
Il s’agit des « vestiges immobiliers », c’est-à-dire les éléments architecturaux. L’ensemble de la zone, 4 000 mètres carrés sont ainsi répertoriés.© V. Jarousseau
Pierre Dumas-Lattaque, archéologue, responsable d’opération et adhérent CFDT, assure le suivi et le déroulement du chantier. Il rédige ses conclusions dans un rapport de fouilles qu’il remet au service régional d’archéologie.
Pierre Dumas-Lattaque, archéologue, responsable d’opération et adhérent CFDT, assure le suivi et le déroulement du chantier. Il rédige ses conclusions dans un rapport de fouilles qu’il remet au service régional d’archéologie.© V. Jarousseau
Les équipes prélèvent le « mobilier archéologique », c’est-à-dire tout objet qui pourra leur permettre de reconstituer l’histoire des lieux : des céramiques, des poteries mais aussi les métaux, le bois et les ossements. De la terre sera également prélevée. Ces éléments seront ensuite envoyés sur un site dédié pour analyse, restauration et conservation.
Les équipes prélèvent le « mobilier archéologique », c’est-à-dire tout objet qui pourra leur permettre de reconstituer l’histoire des lieux : des céramiques, des poteries mais aussi les métaux, le bois et les ossements. De la terre sera également prélevée. Ces éléments seront ensuite envoyés sur un site dédié pour analyse, restauration et conservation.© V. Jarousseau
Julien Chantran est archéologue spécialiste des puits. Élu CFDT au CSE, il a pris en charge toutes les questions relatives aux troubles musculosquelettiques, aux maux de dos ou des genoux – des douleurs et des traumatismes physiques courants dans la profession.
Julien Chantran est archéologue spécialiste des puits. Élu CFDT au CSE, il a pris en charge toutes les questions relatives aux troubles musculosquelettiques, aux maux de dos ou des genoux – des douleurs et des traumatismes physiques courants dans la profession.© V. Jarousseau
Accroupis, allongés ou assis à même le sol… les corps sont soumis à rude épreuve sur les chantiers. La section milite pour que l’employeur participe au financement des activités physiques et sportives des salariés. « Nos corps sont un outil de travail à entretenir et à préserver », insiste l’élu du CSE.
Accroupis, allongés ou assis à même le sol… les corps sont soumis à rude épreuve sur les chantiers. La section milite pour que l’employeur participe au financement des activités physiques et sportives des salariés. « Nos corps sont un outil de travail à entretenir et à préserver », insiste l’élu du CSE.© V. Jarousseau
La section se bat pour obtenir un matériel adapté à chaque situation de travail. 
La CFDT a par ailleurs obtenu de meilleurs équipements de protection individuelle, des outils antivibrations ou encore des mousses de protection pour les genoux.
La section se bat pour obtenir un matériel adapté à chaque situation de travail. La CFDT a par ailleurs obtenu de meilleurs équipements de protection individuelle, des outils antivibrations ou encore des mousses de protection pour les genoux.© V. Jarousseau
La Chapelle-Saint-Luc (Aube) est l’un des quatorze sites d’Éveha en France. Dans ce centre, sont entreposés, étudiés, restaurés et conservés des centaines de « mobiliers » en provenance des différents chantiers de fouilles. Une fois remis en état, ces mobiliers sont ensuite confiés à la direction régionale des affaires culturelles.
La Chapelle-Saint-Luc (Aube) est l’un des quatorze sites d’Éveha en France. Dans ce centre, sont entreposés, étudiés, restaurés et conservés des centaines de « mobiliers » en provenance des différents chantiers de fouilles. Une fois remis en état, ces mobiliers sont ensuite confiés à la direction régionale des affaires culturelles.© Stéphane Vaquero
Déléguée syndicale CFDT, Marion Bernard est à la tête du pôle Conservation et Restauration de La Chapelle-Saint-Luc. Elle est spécialiste du métal. Elle intervient ici sur une épée en provenance d’un chantier normand. Pour « nettoyer » l’objet, elle peut recourir à des techniques dites chimiques ou mécaniques.
Déléguée syndicale CFDT, Marion Bernard est à la tête du pôle Conservation et Restauration de La Chapelle-Saint-Luc. Elle est spécialiste du métal. Elle intervient ici sur une épée en provenance d’un chantier normand. Pour « nettoyer » l’objet, elle peut recourir à des techniques dites chimiques ou mécaniques.© S. Vaquero
La section CFDT est passée de trois adhérents en 2015 à dix-huit aujourd’hui. Marion Bernard, Florence Demarly Cresp et Émilie Morin (de g. à d.) veillent particulièrement aux conditions de travail et à l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle. « Nous sommes parfois amenés à nous absenter plusieurs semaines, voire plusieurs mois », explique Florence. Leur bataille du moment : cesser de faire partir les salariés le dimanche dans l’après-midi pour un chantier qui débute le lundi matin. « Nos week-ends sont amputés. On ne peut pas réellement se reposer… », renchérit Émilie. Se consacrer aux vestiges du passé, oui, mais dans de bonnes conditions au présent.
La section CFDT est passée de trois adhérents en 2015 à dix-huit aujourd’hui. Marion Bernard, Florence Demarly Cresp et Émilie Morin (de g. à d.) veillent particulièrement aux conditions de travail et à l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle. « Nous sommes parfois amenés à nous absenter plusieurs semaines, voire plusieurs mois », explique Florence. Leur bataille du moment : cesser de faire partir les salariés le dimanche dans l’après-midi pour un chantier qui débute le lundi matin. « Nos week-ends sont amputés. On ne peut pas réellement se reposer… », renchérit Émilie. Se consacrer aux vestiges du passé, oui, mais dans de bonnes conditions au présent.© S. Vaquero