À La Poste, un accord de haute lutte

Retrouvez le dossier complet
À la recherche d’un nouvel équilibre

Alors qu’elle voulait revenir sur le télétravail, La Poste a écouté les arguments des syndicats et l’a maintenu à deux jours par semaine. Du temps collectif a été réintroduit pour améliorer le travail des équipes.

Par Sabine IzardPublié le 04/07/2025 à 09h09

image
© Arthur Hervé/ REA

Il s’en est fallu de peu que les salariés de La Poste, habitués à télétravailler depuis 2018, connaissent un retour forcé en présentiel ! Le groupe, qui s’est doté pour la première fois d’une instance représentative du personnel en 2025, a tenté de ne pas renouveler son accord sur le télétravail. « Avec la nouvelle instance, tous nos accords collectifs sont tombés », explique Ivan Béraud, délégué syndical central CFDT. « La Poste a alors tenté de ne pas renégocier l’accord sur le télétravail et de ne mentionner que quelques lignes sur le sujet dans celui sur “qualité de vie et conditions de travail”. Tous les syndicats s’y sont opposés et ont tenu à en faire un sujet de négociation à part entière », poursuit le militant. Même si le dispositif ne concerne qu’une poignée de salariés (20 000 sur les 160 000 que compte le groupe), pas question de revenir sur cet acquis !

« Pour se justifier, la direction nous a dit qu’elle ne croyait plus au télétravail, qu’elle voulait remettre les gens au boulot. C’est vrai que ça ne marche pas toujours. Mais nous pensons que c’est surtout un problème managérial », affirme Ivan. La CFDT a donc fait inscrire dans l’accord que « pour le bon fonctionnement de l’équipe », il était indispensable de mettre en place « des rituels collectifs en présentiel et à distance », comme des réunions périodiques. « Il faut aussi que les équipes aient au moins un jour de travail en présentiel en commun, défini collectivement », poursuit le militant.

« L’accord n’est pas parfait, il y a des reculs », admet-il. Jusqu’ici, les salariés de 55 ans et plus pouvaient prétendre à trois jours de télétravail par semaine. « La direction a ramené cet âge à 58 ans, déplore Ivan -Béraud. Mais il y a des avancées, comme la bonification de l’accès aux équipements individuels et l’amélioration du volet indemnitaire. Nous avons aussi réussi à maintenir deux jours de télétravail par semaine pour les salariés qui le souhaitent, ce qui n’était pas gagné. » Enfin, les salariés des guichets de poste, qui jusqu’ici n’avaient pas accès au télétravail, peuvent désormais travailler dans un autre guichet que celui de leur affectation. Une autre manière de flexibiliser l’organisation du travail…   

Chez Malakoff Humanis, tous les managers ne jouent pas le jeu

Un nouvel accord télétravail vient d’être conclu, plus généreux que le précédent. Mais son application souffre de débuts chaotiques.

Après plusieurs semaines de négociation, syndicats et direction du groupe de protection sociale Malakoff Humanis s’entendent, à la fin 2024, sur un nouvel accord télétravail plus favorable. En fait, « le groupe n’avait pas le choix, précise Pauline Reynaud Fayolle, la déléguée syndicale centrale adjointe. Le nouveau schéma directeur immobilier prévoit du flex office et moins de mètres carrés de bureaux. Dans certains établissements, il n’y a plus qu’une place pour deux salariés », explique la militante.

La solution est donc passée par l’augmentation du nombre de jours de télétravail. « Nous sommes passés de deux jours hebdomadaires à un forfait de cent jours par an pour les salariés à temps plein. Une proratisation est prévue pour les salariés à temps partiel. Les salariés aidants ont vingt jours en plus. Notre objectif était de veiller à ce que chaque situation particulière soit prise en compte, dans un souci de souplesse. »

L’accord prévoit deux jours par semaine en présentiel obligatoire, dont un jour à la main du manager, pour ne pas casser le collectif. Mais « certains managers ne jouent pas le jeu. Ils changent de jour fixe toutes les semaines. D’autres imposent les deux jours aux salariés au lieu de leur laisser le choix du second. D’autres encore refusent de valider les demandes de jours de télétravail d’urgence ou pour les aidants, explique la déléguée CFDT. Il aurait fallu prendre le temps, former tout le monde. […] Nous ferons un bilan en septembre. Mais pas sûr que l’on garde l’accord en l’état… »