Les syndicalistes ukrainiens expriment leurs besoins en matière de coopération syndicale

temps de lectureTemps de lecture 4 min

iconeExtrait de l’hebdo n°3876

En marge du congrès de la CES, la CFDT et la CSC ont rencontré les délégations ukrainiennes pour co-construire un programme de coopération.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 26/05/2023 à 07h45 et mis à jour le 30/05/2023 à 09h04

Plusieurs convois humanitaires, dont le convoi intersyndical français, sont parvenus depuis un an à la FPU (ici en photo) et à la KVPU.
Plusieurs convois humanitaires, dont le convoi intersyndical français, sont parvenus depuis un an à la FPU (ici en photo) et à la KVPU.@DR

1. Confédération des syndicats chrétiens.

« Un congrès est l’occasion de débats et d’échanges entre militants syndicalistes de divers horizons et diverses sensibilités mais qui portent le même engagement pour les travailleurs. Une rencontre de tous ceux qui mènent les mêmes combats pour plus de justice sociale et de démocratie, au travail et en dehors », affirmait Laurent Berger en ouverture du congrès de Berlin. Bien décidée à s’appliquer ses propres préceptes, la CFDT et la CSC1 belge organisaient, en marge du congrès, une rencontre avec les délégations de la FPU et de la KVPU d’Ukraine mais aussi celle de l’OPZZ (Pologne).

Ils se sont déjà vus pour certains lors de l’acheminement du convoi intersyndical à destination de l’Ukraine. Mais s’ils se rencontrent aujourd’hui, c’est pour bâtir un projet de coopération à plus long terme, en vue de s’approprier les valeurs démocratiques de l’UE et de la CES – que les deux organisations ukrainiennes ont officiellement rejoint en octobre 2022.

La charte des valeurs adoptée la veille par les délégués a particulièrement fait mouche côté ukrainien. « Nous adhérons à cette charte mais nous avons des questions pratiques sur la relation entre le gouvernement et les syndicats. Comment faire du dialogue social alors que notre pays est sous le coup de la loi martiale, qui maltraite les travailleurs ? Nous avons aussi besoin de comprendre le fonctionnement des institutions européennes et de la CES dans le cadre de l’adhésion de l’Ukraine à l’UE », confie le représentant de la FPU.

Appropriation des valeurs démocratiques

En effet, depuis le début de la guerre déclenchée par Vladimir Poutine, la population comme les syndicats ukrainiens affichent clairement leur volonté d’intégrer la famille européenne. Il y a tout juste un an, le Conseil européen accordait d’ailleurs à l’Ukraine le statut de pays candidat à l’UE. Mais les lois votées avant le début de la guerre par le Parlement ukrainien remettent en cause le droit du travail et certains principes fondamentaux du droit international.

2. Notamment du fait qu’un certain nombre de programmes sont financés par l’UE, et devront reposer sur un pacte social.

« Si elles ne sont pas abrogées, il sera difficile pour le mouvement syndical européen de soutenir l’entrée de l’Ukraine dans l’UE, alerte Hélène Deborde, secrétaire confédérale de la CFDT en charge de l’Europe. Construire ce partenariat avec les syndicalistes ukrainiens et polonais, c’est autant une manière de les aider à trouver les moyens de jouer leur rôle dans le dialogue social indispensable à la reconstruction du pays2 qu’un moyen pour nous [CFDT et CSC] de continuer à promouvoir la défense de la démocratie. » De son côté, la KVPU voudrait en savoir plus sur le fonctionnement interne des organisations belges et françaises et les moyens d’engranger plus d’affiliés. « C’est une période de transition pour nos organisations. Or nous avons des modèles de fonctionnement très différents, comme vous en France. Nous avons besoin de vos “critiques” sur notre structuration pour pouvoir l’améliorer. »

Deux modules d’ici à la fin 2023

Concrètement, le programme de coopération entre CFDT, CSC, OPZZ, KVPU et FPU devrait se dérouler en deux temps. Un premier module sera organisé par l’OPZZ à Varsovie à la mi-juillet sur les valeurs de l’Union européenne et de l’Europe sociale. Un second temps, organisé à Bruxelles par les organisations française et belge, portera, quant à lui, sur le fonctionnement des institutions européennes et le fonctionnement de la Confédération européenne des syndicats.