À Berlin, la CES se tourne sereinement vers l’avenir

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iconeExtrait de l’hebdo n°3876

La Confédération européenne des syndicats, qui fête cette année son cinquantième anniversaire, tenait son congrès à Berlin du 22 au 26 mai. Un congrès apaisé qui voit Esther Lynch reconduite au poste de secrétaire générale. Après quatre ans comme président de la CES, Laurent Berger a rendu son mandat.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 30/05/2023 à 12h00 et mis à jour le 01/06/2023 à 16h38

De gauche à droite : Tea Jarc, Ludovic Voet, Isabelle Schömann, Esther Lynch, Claes-Mikael Ståhl et Giulio Romani sont les membres du nouveau secrétariat général de la Confédération européenne des syndicats.
De gauche à droite : Tea Jarc, Ludovic Voet, Isabelle Schömann, Esther Lynch, Claes-Mikael Ståhl et Giulio Romani sont les membres du nouveau secrétariat général de la Confédération européenne des syndicats.© CES-ETUC/DR

Une longue standing ovation a salué la nouvelle équipe, la plus jeune jamais élue à la CES, signe de la volonté de se tourner vers l’avenir. Au centre, Esther Lynch, élue secrétaire générale en décembre 2022, a été reconduite pour quatre ans avec 95 % des suffrages. L’autrichien Wolfgang Katzian, quant à lui, succède à Laurent Berger en tant que président de la CES. Ce dernier, dans son discours de clôture, saluait d’ailleurs « l’unité dans la diversité, devise de l’Union européenne. Il faut, au sein de la CES, une unité qui nous [fasse] avancer et qui ne repose pas sur des jeux de posture. Je crois que ce congrès consacre cette ambition-là et j’en suis ravi parce que cela a parfois été difficile ».

Quatre années de bouleversements

Depuis le congrès de Vienne (mai 2019), en effet, la Confédération européenne des syndicats a traversé les tempêtes. Face à une pandémie qui aura mis l’économie mondiale à l’arrêt, et dont les conséquences « ont mis à nu les limites de nos modèles économiques et sociaux », face à ces décennies de dérégulation « qui ont affaibli les services publics et mis à mal les systèmes de protection sociale », le mouvement syndical européen aura été l’architecte d’une société plus équitable et plus juste. Unies autour de valeurs communes, les 93 organisations syndicales et les dix fédérations européennes qui composent la CES et ses 45 millions de membres n’auront eu de cesse de s’engager pour une Europe plus solidaire, lorsqu’il a fallu se mobiliser aux côtés du peuple ukrainien et des syndicats ukrainiens – dont deux confédérations ont rejoint la CES en octobre dernier – ou lorsqu’il s’est agi de lutter contre les populistes et les extrêmes droites.

Charte des valeurs

C’est en ce sens que la CES a très largement adopté une charte des valeurs au deuxième jour du congrès. Largement inspirée des statuts de la CFDT, elle rappelle les quatorze principes qui doivent être « à la base de la politique et du travail du syndicalisme européen », expliquait Laurent Berger, qui a porté cette charte devenue résolution de congrès. « À l’heure où prolifèrent les discours qui visent à saper nos démocraties, où les droits les plus fondamentaux sont de plus en plus remis en question, où prospère la désinformation et où se radicalise le débat public, il est important de rappeler ce qui guide notre engagement et les combats que nous menons. »

Ligne directrice

Après deux jours de débats sur les grands chapitres qui composent le plan d’action de la CES pour les quatre années à venir, les délégués ont donc adopté le manifeste de Berlin. « Ce manifeste, c’est notre ligne directrice, affirmait Esther Lynch dans son discours de clôture. Nous sommes déterminés à façonner notre avenir, à avoir une longueur d’avance. Le manifeste de Berlin est ambitieux parce que nous sommes ambitieux pour nos syndicats, pour les travailleurs que nous représentons et pour la jeunesse. Nous sommes tout aussi ambitieux pour l’Europe et pour cela, nous avons besoin de négociation et d’un dialogue social solide. »

À propos de l'auteur

Anne-Sophie Balle
Rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo

« Ne perdons jamais le sens de notre engagement, » rappelait Laurent Berger dans son discours de clôture. « Il y a évidemment ce qui doit nous préoccuper en permanence, à savoir l’amélioration de la situation des travailleurs. Mais nous ne devons pas oublier ce qui doit être notre utopie mobilisatrice, notre volonté de construire un monde plus juste avec les valeurs qui sont les nôtres. C’est notre capacité à tenir ces deux bouts de la corde qui fait de nous des syndicalistes européens convaincus. »

Composition du secrétariat général de la CES

• Esther Lynch : secrétaire générale (95 % des suffrages exprimés) ;
• Isabelle Schömann : secrétaire générale adjointe (94 %) ;
• Claes-Mikael Ståhl : secrétaire général adjoint (85,5 %) ;
• Tea Jarc : secrétaire confédérale (95,6 %) ;
• Giulio Romani : secrétaire confédéral (86,7 %) ;
• Ludovic Voet : secrétaire confédéral (94,8 %).