À Berlin, la CES défend son bilan dans un rapport d’activité adopté à l’unanimité

temps de lectureTemps de lecture 5 min

En ouverture du XVe congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES), son président, Laurent Berger, a rappelé les défis relevés tout au long du mandat écoulé pour les travailleurs dans un monde percuté par les crises successives et les transformations.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 23/05/2023 à 15h37 et mis à jour le 25/05/2023 à 07h33

Laurent Berger à l’ouverture du XVe congrès de la CES, à Berlin.
Laurent Berger à l’ouverture du XVe congrès de la CES, à Berlin.© Syndheb

« L’Europe se construit dans les crises », disait Jean Monnet. C’est peu de dire que depuis le congrès de Vienne (mai 2019), la Confédération européenne des syndicats (CES) aura dû traverser les tempêtes. Face à une pandémie qui aura mis l’économie mondiale à l’arrêt et dont les conséquences « ont mis à nu les limites de nos modèles économiques et sociaux », face à ces décennies de dérégulation « qui ont affaibli les services publics et mis à mal les systèmes de protection sociale », le mouvement syndical européen n’aura pas ménagé sa peine, résume Laurent Berger. Plus encore, il aura été l’architecte d’une société plus équitable et plus juste face aux bouleversements sanitaires, sociaux, économiques ou encore démocratiques de ces dernières années.

« Mobilisé lorsqu’il a fallu apporter des réponses exceptionnelles pour […] prévenir et amortir les effets sur l’économie, pour que les travailleuses et les travailleurs ne soient pas les oubliés des mesures d’urgence. Personne ne devait être laissé de côté, tel était notre credo. » Mobilisé, aussi, lorsqu’il s’est agi de relancer les économies européennes et de plaider pour des politiques ambitieuses. Ce fut le cas lorsqu’il a fallu appuyer le plan de relance européen adopté par les Vingt-Sept en juillet 2020 ou le mécanisme européen de réassurance chômage SURE – qui aura permis d’apporter une aide à trente millions de personnes en 2020, selon un rapport de la Commission européenne de mars 2021, via le financement de dispositifs de chômage partiel. Autant d’avancées pour l’Europe et pour les travailleurs que l’on peut mettre, en partie, au crédit du syndicalisme européen et de la CES.

Directives salariales et ambitions climatiques

1. Il permet à l’Union européenne de fixer un cadre et des objectifs en matière sociale. Il s’appuie sur 20 principes clés.

Depuis le manifeste de Vienne, plusieurs directives ont vu le jour, à l’image de celle sur le salaire minimum et celle sur la transparence salariale, consolidant par la même le Socle européen des droits sociaux1 adopté à Göteborg en 2017. La CES aura également contribué à « faire de l’Europe une force pionnière en matière climatique », explique Laurent Berger, en s’investissant sur l’instauration de la taxe carbone aux frontières et, plus récemment, sur le Pacte vert pour l’Europe – cet ensemble de mesures visant à engager l’Union sur la voie de la transition écologique, avec l’objectif de neutralité climatique à l’horizon 2050.

Valeurs communes

À propos de l'auteur

Anne-Sophie Balle
Rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo

Unies autour de valeurs communes, les 93 organisations syndicales et les dix fédérations européennes qui composent la CES et ses 45 millions de membres n’auront eu de cesse de s’engager pour une Europe plus solidaire. De la manière parfois la plus viscérale qui soit, lorsqu’il a fallu se mobiliser aux côtés du peuple ukrainien face à l’offensive russe de Poutine. « Votre courage ne cesse de forcer notre admiration », lançait Laurent Berger aux camarades ukrainiens de la FPU et de la KVPU, qui ont rejoint la CES en octobre 2022. « Soyez les bienvenues chez vous ! »

Ce sont ces mêmes valeurs communes qui doivent guider le syndicalisme européen dans son combat contre les populistes et les extrêmes droites. « Partout où ils gouvernent, les droits reculent, ceux des travailleurs, des femmes, des migrants ou des minorités […]. Tous les reculs démocratiques sont des reculs pour les droits des travailleurs », assène Laurent Berger. Au cours des quatre prochaines années, « nous aurons à porter la voix de tous les travailleurs en Europe et pas une somme de réponses qui fait fi de la solidarité européenne. Nous aurons à construire le consensus sans sacrifier l’ambition que doit porter la CES ». Le rapport d’activité, qui aura fait l’objet d’une dizaine d’interventions de délégués, a été adopté le 23 mai à l’unanimité.