Un été bouillant à l’UCPA

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iconeExtrait de l’hebdo n°3840

Le malaise des salariés des centres UCPA, déjà présent depuis des mois, est monté d’un cran cet été, marqué par plusieurs mouvements de grève. Si des négociations avec la direction ont permis d’aboutir à quelques avancées salariales, pour la CFDT, c’est désormais l’étape des NAO, entamées le 8 septembre, qui sera déterminante.

Par Emmanuelle Pirat— Publié le 13/09/2022 à 12h00

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© Laurent Grandguillot/RÉA

Du jamais vu : en pleine saison d’été, le jeudi 14 juillet, 23 équipes de restauration des centres UCPA (Union nationale des centres sportifs de plein air [un groupe associatif et commercial qui relève du champ de l’économie sociale et solidaire]) ont fait grève. « Ces salariés sont à bout, ils travaillent souvent en sous-effectifs, indique Nadia Khoulalène, déléguée syndicale centrale (DSC) CFDT. Quand on manque de moniteurs pour encadrer des activités, on annule les stages. Mais quand il manque du monde en cuisine, il faut se débrouiller avec les moyens du bord. Et tant pis s’il n’y a que six personnes pour en faire manger 250 ! » Aux conditions de travail dégradées des équipes de restauration, des équipements vieillissants et du manque de reconnaissance, principales raisons de leur grève, s’ajoute la question des salaires qui, elle, concerne toutes les catégories de personnels.

Lâcher du lest

Juste avant l’été, ce sujet était déjà un motif d’extrême tension. « Alors que l’on venait de signer des revalorisations de 3,8 % dans la branche du sport, la direction de l’UCPA a annoncé + 1 ou + 2 % pour ses salariés. Ça a mis le feu aux poudres ! », résume Rémi Lourdelle, le responsable fédéral de la branche du sport à la Fédération Communication, Conseil, Culture (F3C-CFDT).

Finalement, après la grève de la mi-juillet, la direction consent à lâcher un peu de lest vis-à-vis des personnels de restauration : elle accorde une revalorisation des salaires de tous les saisonniers qualifiés pour la saison d’hiver 2023, soit entre + 12 % et + 20 % en fonction des postes. Bien que ces mesures ne soient pas rétroactives (et donc applicables à la saison d’été 2022), elles permettent néanmoins d’éteindre le feu… temporairement.

Car, à la fin juillet, des moniteurs de trois centres des Alpes du Sud lancent à leur tour un mouvement de grève reconductible tous les vendredis. Le mouvement gagne progressivement d’autres structures (Argentière, Les Arcs, Port Camargue…). La CFDT, en intersyndicale, presse la direction de réagir. Une réunion est organisée le 19 août. Des revalorisations (3 % pour les salariés ayant plus de trois ans d’ancienneté et 2 % pour les autres) sont accordées.

Des augmentations visibles sur la feuille de paie…

« C’est un début, mais ce que nous voulons, ce sont des augmentations visibles en bas à droite de la feuille de paie », indique Stéphane Renahy, secrétaire du CSE, directeur du centre de Sanary-sur-Mer (Var) l’été et de Flaine (Haute-Savoie) l’hiver. La CFDT porte d’ailleurs d’autres revendications qui n’ont pas encore abouti – « des tickets mobilité pour compenser la perte de pouvoir d’achat » mais aussi « une révision des barèmes de rémunération afin de donner plus d’équité dans l’ensemble des structures. Aujourd’hui, chaque centre a ses propres barèmes… », ajoute Stéphane.

C’est dans ce contexte tendu que se sont ouvertes, le 8 septembre, les négociations annuelles obligatoires. Et les élus CFDT ne se contenteront pas des mesures décidées cet été, « qui doivent rester hors du budget des NAO, martèle Nadia. Il est temps de revoir la politique salariale. Pour certaines catégories de personnels, la dernière augmentation générale remonte à 2017. Plus largement, il faut que la direction entende le malaise des personnels. On ne peut pas prétendre être une entreprise de l’économie sociale et solidaire et traiter ainsi ses salariés ! » À l’UCPA, les braises ne sont pas éteintes. « Notre capacité à mobiliser reste entière », préviennent les militants Stéphane et Nadia.