Un 1er Mai orange… au vert

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iconeExtrait de l’hebdo n°3822

Cette année, la CFDT a choisi de placer le 1er Mai sous le signe de la transition écologique. Ludique, festive mais aussi réflexive, cette journée a permis de sensibiliser militants aguerris et simples curieux sur les manières d’avancer de façon juste dans cette transition.

Par La rédaction— Publié le 03/05/2022 à 12h00

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Habituellement, le dimanche, Le Hasard ludique, lieu situé sur l’ancienne voie ferrée de la petite ceinture parisienne, accueille au détour d’un brunch familles et touristes. Autour de grandes tables ou sur les transats installés le long des anciens rails, on vient profiter d’un coin arboré pour savourer salades, huîtres, croissants et autres douceurs. En ce dimanche 1er mai, à l’initiative de l’Union régionale interprofessionnelle d’Île-de-France et de la Confédération, le lieu était investi par une population quelque peu différente de celle des habitués : 350 militants CFDT, venus en famille, avec des amis, afin de partager cette journée « Pour une transition écologique juste… au travail ! ».

Côté détente, à l’extérieur, l’ancienne voie ferrée et ses quais accueillaient tous les curieux désireux de découvrir les multiples stands et ateliers proposés. Celui de l’association Les Petits Débrouillards, à visée éducative, a fait le plein la majeure partie de l’après-midi. « On a des jeux de mémoire, pour expliquer ce qu’est l’agriculture intensive, vivrière et extensive, détaille Shaghayegh Najafi, mais aussi des jeux pour découvrir quelles plantes on peut semer ensemble, comme la carotte et la coriandre, et ainsi éviter naturellement les pesticides. » Tubes à essai, documents sur la chaîne alimentaire, loupes et autres « aspi-insectes » n’ont pas manqué d’attirer ceux qui veulent en savoir plus sur les petites bêtes qui peuplent les jardins.

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À quelques mètres de là, Valérie Lilette et Catherine Senior présentaient Climat TicTac®. Le but ? Sauver la planète, rien que ça. « C’est un jeu collaboratif qui a été créé par des scientifiques et des médiateurs experts du climat ; tout le monde gagne ou perd », soulignent-elles. Les joueurs doivent prendre des décisions visant à protéger l’humanité et à diminuer les émissions de CO2. « Ils peuvent comprendre qu’il y a des leviers d’action contre le réchauffement climatique. »

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Enfin, les Sentinelles vertes de la Fédération Communication, Conseil, Culture (F3C) avaient installé le stand « La Fresque du numérique », en vue de sensibiliser aux impacts du numérique sur l’environnement et faire tomber nombre d’a priori concernant le numérique – que beaucoup considèrent encore, à tort, neutre pour le climat.

« Quand on parle de WiFi, de 4G ou 5G, on a l’impression que tout est dématérialisé. Or ces technologies requièrent de très lourdes installations qui consomment énormément d’énergie, des câbles… », explique Bruno Colladant, salarié chez Orange et animateur de cet atelier pendant l’après-midi.

Destinés aux militants qui souhaitaient approfondir certains sujets ou en savoir plus sur les actions de la CFDT, trois temps d’échanges avaient été organisés, dont un débat entre Laurent Berger et Anne Bringault, coordinatrice du Réseau Action Climat (lire l’encadré).

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Venue présenter son projet « Du social dans mon assiette ! », la CFDT-Agri-Agro, par la voix de Gaël David, cherche à intégrer des critères sociaux dans les labels qui certifient la qualité des produits. « Pour l’instant, les labels ne prennent en compte que des critères de qualité environnementale. Nous voudrions aller vers un “Nutriscore social”, explique le secrétaire fédéral. Nous avons élaboré, pour “bien lier la sauce”, un référentiel comprenant cinq axes : la santé et la sécurité des travailleurs ; des emplois de qualité ; l’expression et la participation des salariés aux décisions ; l’accès à la formation tout au long de la vie ; l’égalité et la diversité dans l’entreprise. » À terme, la fédération souhaiterait que, « lors de la prochaine loi sur l’alimentation, on intègre ces critères sociaux dans les critères de qualité ».

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Un peu plus tard dans l’après-midi, c’était au tour du réseau des Sentinelles vertes de venir présenter leurs actions dans les entreprises : au sein du groupe Bayard ou à l’Institut national de l’audiovisuel, les équipes CFDT ont participé à « verdir la restauration collective » ; chez Capgemini ou Orange, leur action a permis de déployer la Fresque du climat à grande échelle… Dans la salle, une question d’une militante du Sgen-CFDT est lancée : « Comment fait-on pour rejoindre votre réseau et devenir une Sentinelle verte ? » À la manière de cette enseignante, tous ceux qui se demandent de quelle façon s’y prendre afin d’accélérer la transition écologique ont pu trouver des réponses lors de cette joyeuse journée CFDT du 1er Mai.

Mémorable spectacle de théâtre d’improvisation autour de l’entreprise en 2050 !
Mémorable spectacle de théâtre d’improvisation autour de l’entreprise en 2050 !© Syndheb
La journée s’est terminée par un concert de la chorale pop “Envie de chanter”.
La journée s’est terminée par un concert de la chorale pop “Envie de chanter”.© Syndheb

La question écologique ne doit pas être le point aveugle du débat sur le travail

« Fêter le 1er Mai est une saine obligation. Mais au-delà des mobilisations de masse, on veut, par l’échange, le débat, trouver les moyens d’allier urgence écologique et urgence sociale, le court et le moyen terme », affirmait Laurent Berger en introduction du débat de ce 1er Mai dédié à la transition juste. Bien souvent, le sujet écologique reste hors les radars. Une « folie totale » quand on sait l’impact de la transition écologique sur l’évolution du travail et des emplois, assure Anne Bringault, coordinatrice des programmes du Réseau Action Climat. Alors il faut débattre, alerter, expérimenter sans relâche.

Membre fondateur du Pacte du pouvoir de vivre aux côtés de la CFDT, Réseau Action Climat (qui fédère 26 associations nationales) interpelle les politiques « dès lors que les décisions prises ne sont pas en adéquation avec les objectifs de l’Accord de Paris ». Un travail de lobbying assumé qui doit permettre de construire des politiques publiques en adéquation avec l’urgence climatique, que ce soit sur les questions de précarité (en demandant par exemple un chèque énergie ciblé bénéficiant aux ménages qui habitent dans des passoires thermiques) ou d’emploi, en cherchant à anticiper les transitions professionnelles pour les salariés. « Dans les ministères, tout le monde se renvoie la balle, et ce n’est pas mieux au niveau des régions. Alors, avec les partenaires comme la CFDT, nous cherchons à construire des dispositifs qui donnent des perspectives aux salariés. »

Terrains et moyens d’action

Les terrains d’action sont multiples : branches, bassins d’emploi, territoires. Les moyens d’action (travail d’alerte avec des réseaux tels que les Sentinelles vertes, travail de négociation dans les entreprises, travail d’appropriation par les élus des impacts économiques et sociaux de la transition écologiques…) le sont tout autant. « Une chose est sûre, ces transitions ne se feront pas sans les travailleurs », martèle Laurent Berger. Embarquer les salariés dans l’élaboration des dispositifs, anticiper avec eux les besoins de formation, impliquer les bassins d’emploi constituent autant de solutions portées par la CFDT. « C’est en ce sens qu’elle a poussé les contrats de transition écologique. C’est ce qu’elle revendique aujourd’hui en demandant le financement intégral de la formation des salariés en reconversion. » Pour que la transition écologique ne soit pas juste une transition, mais une transition juste.

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