Tunnel du Mont-Blanc : les douze travaux de la section

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iconeExtrait de l’hebdo n°3876

Ils gèrent la route des vacances et veillent sur la sécurité des automobilistes... mais pas seulement. Les militants CFDT ont négocié pour les salariés d’Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc (ATMB) plus de douze accords en douze mois, dont certains spécifiquement pour les cadres. Une première dans l’entreprise.

Par Claire Nillus— Publié le 30/05/2023 à 12h00

Max Lafaverges (2e à gauche), délégué syndical d’Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc (ATMB), entouré de Christiane Petitjean, Magali Villard, Julie Détée, Josie Gouez et Jean-Dominique Guillon.
Max Lafaverges (2e à gauche), délégué syndical d’Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc (ATMB), entouré de Christiane Petitjean, Magali Villard, Julie Détée, Josie Gouez et Jean-Dominique Guillon.© Syndheb

Pour ceux qui connaissent la région, il fait partie du paysage. C’est pourtant un ouvrage d’art exceptionnel, long de 11,6 kilomètres : le tunnel du Mont-Blanc, qui relie la France et l’Italie en dix minutes, sous le plus haut sommet d’Europe. Au cœur de ce massif montagneux, la société Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc (335 salariés dont 277 CDI à temps plein) exploite la Route Blanche (RN 205) qui mène au tunnel et aux 130 kilomètres d’autoroute culminant à 1 200 mètres d’altitude.

Très présente chez ATMB depuis dix ans, la CFDT a remporté les élections de mars 2023 avec 44,91 % des voix, damant le pion à l’Unsa (35,85 %) et à la CFTC (19,24 %). Des élections préparées depuis longtemps, « quatre ans ! », précise Max Lafaverges, le délégué syndical. Avec quarante et une années de militantisme derrière lui, il résume ainsi les clés de la réussite : « Tout d’abord, il faut que tous les services soient représentés sur les listes. Pour le reste, la méthode reste toujours la même : voir régulièrement les salariés ; ils ont toujours quelque chose à nous demander ; la conversation peut s’engager. »

Première organisation syndicale chez les cadres

LA CFDT ne s’est pas contentée de gagner la première place : elle a également raflé tous les sièges du collège cadres dès le premier tour (soit deux cadres titulaires et deux cadres suppléants au CSE) en remportant 70 % des voix chez les cadres.

« Nous avons fait élire des cadres depuis plusieurs années, explique Max. Avec eux, nous pouvons nous atteler à des thématiques spécifiques. » Ce fut le cas pour le télétravail. Au tout premier accord d’entreprise sur ce sujet, signé en juin 2022, la section a réussi son coup. Certes, la pandémie a largement contribué à convaincre la direction – particulièrement réticente au travail à distance jusqu’à la pandémie –, mais la CFDT a poussé ses billes afin d’obtenir le meilleur accord possible : un volant de 65 jours télétravaillables à l’année (contre 50 jours proposés par la direction), à prendre comme on veut, à raison de trois jours d’absence du bureau par semaine au maximum.

« Le système offre une grande souplesse, il n’y a pas de délai de prévenance à respecter en dehors de l’accord du manager, qui reste incontournable. Il est possible de télétravailler en tous lieux et, là encore, les cadres et tous ceux qui y ont accès – soit la quasi-totalité des employés des bureaux – apprécient ! C’est une preuve de confiance qu’ils attendaient depuis longtemps. »

La section a par ailleurs obtenu l’ouverture de discussions en vue d’un accord cadres, le premier du genre à ATMB, pour préciser les points n’ayant jamais fait l’objet d’une négociation. Elle veut notamment que soit remis à plat les éléments de rémunération des cadres : augmentation de la valeur du point, calcul de la prime d’objectifs, avantages liés à la fonction. Car, sur ce dernier point, la réglementation relative au verdissement de la flotte des véhicules d’entreprise, dont certains cadres bénéficient, va occasionner beaucoup de changements et impacter leur rémunération globale.

Trois mois de fermeture annuelle pendant quinze ans

La section n’oublie personne. Elle a signé douze accords en douze mois. « On en signe au minimum huit par an. Certains sont le résultat de plusieurs mois, voire années de travail, et d’autres sont le fruit de la conjoncture », précise Max. Comme l’accord d’intéressement pour lequel la CFDT a demandé un avenant. Il s’agit de compenser le manque à gagner dû aux importants travaux qui vont rendre le tunnel du Mont-Blanc inopérant entre septembre et décembre 2023, engendrant une baisse d’activité sur la Route Blanche. « On nous annonce une baisse de 5 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année, ce qui va réduire la réserve de participation. Ces travaux devraient occasionner la fermeture du tunnel pendant trois mois durant quinze ans ou pendant trois ans à temps complet. On a décidé de monter au créneau. »

Le prochain accord en vue (la négociation vient de commencer) concerne les salariés des centres d’entretien. Dans une région dont le solde migratoire est en hausse constante (10 000 habitants supplémentaires chaque année), le flux des voitures augmente aussi – contraignant des salariés embauchés de jour à travailler la nuit pour des opérations de fauchage ou de goudronnage, par exemple. La CFDT demande que les heures de nuit soient revalorisées.

À propos de l'auteur

Claire Nillus
Journaliste

Pour tous ses travaux, la section CFDT de l’Autoroute blanche peut compter sur une vingtaine de militants actifs, cinq de plus depuis les dernières élections. Chacun se positionne sur un sujet spécifique et, à chaque négociation, Max est accompagné de militants experts. Car il prépare sa succession. « Je suis toujours présent, bien sûr, mais je délègue chaque fois que possible afin que chacun prenne peu à peu son envol sur son dossier. » Ces élections ont encore permis de recruter de nouveaux talents. « La relève », espère-t-il.