Socopa Cherré : Ensemble, c’est tout abonné

Dotés d’un fonctionnement propre, assoiffés de proximité avec les salariés, les élus de Socopa Cherré démontrent que le syndicalisme est avant tout un sport collectif. Aux dernières élections, les salariés ne s’y sont pas trompés.

Par Anne-Sophie BallePublié le 06/08/2020 à 06h49

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Heureux, le coordinateur CFDT du groupe Bigard, Bruno Beunardeau, peut enfin souffler un peu. Ça fait dix-huit mois qu’il arpente sans relâche la cinquantaine de sites du leader français de la filière viande pour suivre la mise en place des comités économiques et sociaux (CSE) issus des ordonnances Travail. En novembre, sept sites tenaient encore leurs élections. Le résultat de ce marathon est sans équivoque. « On est rincés mais cela en valait la peine : quasiment partout, la CFDT est majoritaire. Et nous dépassons les 50 % des voix dans une quinzaine de sites du groupe », lâche-t-il.

Socopa Cherré fait partie de ceux-là. Dans cet abattoir sarthois, la CFDT a obtenu 60,91 % des voix et 24 des 32 sièges au CSE. Une performance qui peut s’expliquer tant par sa préparation que par son organisation. « L’annonce de la mise en place de cette nouvelle instance a été un électrochoc, admet volontiers Tatiana Fournier, secrétaire du CSE. Mais on ne s’est pas laissé démonter. On a mis en place un groupe de travail et discuté ensemble du type de dialogue social que nous voulions construire pour Cherré avec la section et des actions à mener. »

Complémentarité et proximité

Développement tous azimuts
Pour maintenir un bon rapport de force et améliorer sa représentativité, la section mise depuis 2009 sur un développement global, en investissant pleinement les collèges cadres et agents de maîtrise tout en continuant à se développer dans le collège employés. Chaque adhérent est d’ailleurs invité à faire adhérer deux salariés par an. Un objectif globalement tenu, qui permet aujourd’hui à la CFDT d’afficher un taux de syndicalisation de 21 %.

La pénibilité, priorité en 2020
Malgré plusieurs accords signés depuis 2011, la reconnaissance de la pénibilité n’est pas homogène au sein du groupe Bigard. À Cherré, les élus ont été alertés par les salariés sur l’iniquité de traitement ou d’attribution de points sur le compte pénibilité. « Des problèmes similaires, remontés en CSE sur le site de Charal Cholet, ont pu être réglés. Il n’y a pas de raison que cela ne marche pas ici », affirme Bruno, coordinateur CFDT du groupe.

Défense syndicale estampillée CFDT
À Cherré, 90 % de la défense syndicale est assurée par la CFDT. Un taux plus qu’enviable et reconnu tant par les salariés que par la direction. « Ce résultat, nous le devons à notre présence sur le terrain ; les salariés nous identifient comme un interlocuteur fiable, à l’écoute. Mais nous devons veiller à ne pas nous laisser enfermer dans ce seul rôle et être toujours force de proposition », précise Gaëtan, élu à la commission santé, sécurité et conditions de travail.

Ces actions tournent toutes autour des deux mots d’ordre suivants : complémentarité et proximité. Partant du principe que le développement est l’affaire de tous, chaque élu s’y implique, quel que soit son mandat. « On fait attention au cumul des mandats et à ce que chacun ait une compétence spécifique dans un domaine qui l’accroche. Cette complémentarité nous assure un meilleur suivi des dossiers », développe Gaëtan, qui entame son second mandat comme élu CSSCT (commission santé, sécurité et conditions de travail).

Si la diversité des profils constitue le socle de fonctionnement de la section, la proximité en est le moteur. La section l’assure : 90 % du temps syndical est consacré au terrain et à l’écoute des difficultés rencontrées par les salariés. « Quand il est question de sécurité, on ne transige pas, quitte à faire stopper les lignes de production. Mais c’est parce que l’on est présent tant pour soulever les problèmes que pour améliorer le quotidien des salariés que l’on obtient des résultats auprès de la direction », explique John-William Destholières, élu CSSCT. L’information aux salariés témoigne de la même exigence de la part des élus, qui organisent des opérations de tractage entre 5 et 14 heures de manière à toucher tous les salariés ou des cafés-accueil pour, là encore, prendre le temps d’échanger avec les salariés. À cette proximité quotidienne la section a adjoint des actions coup de poing tous les deux mois, des tournées pendant lesquelles les élus se rendent dans l’un des secteurs (abattage, désossage, conditionnement…) qui n’est pas leur secteur d’origine. « Cela permet aux salariés d’identifier tous les élus et à ces derniers de découvrir des problématiques qu’ils ne soupçonnent pas…

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