Dotés d’un fonctionnement propre, assoiffés de proximité avec les salariés, les élus de Socopa Cherré démontrent que le syndicalisme est avant tout un sport collectif. Aux dernières élections, les salariés ne s’y sont pas trompés.

Heureux, le coordinateur CFDT du groupe Bigard, Bruno Beunardeau, peut enfin souffler un peu. Ça fait dix-huit mois qu’il arpente sans relâche la cinquantaine de sites du leader français de la filière viande pour suivre la mise en place des comités économiques et sociaux (CSE) issus des ordonnances Travail. En novembre, sept sites tenaient encore leurs élections. Le résultat de ce marathon est sans équivoque. « On est rincés mais cela en valait la peine : quasiment partout, la CFDT est majoritaire. Et nous dépassons les 50 % des voix dans une quinzaine de sites du groupe », lâche-t-il.
Socopa Cherré fait partie de ceux-là. Dans cet abattoir sarthois, la CFDT a obtenu 60,91 % des voix et 24 des 32 sièges au CSE. Une performance qui peut s’expliquer tant par sa préparation que par son organisation. « L’annonce de la mise en place de cette nouvelle instance a été un électrochoc, admet volontiers Tatiana Fournier, secrétaire du CSE. Mais on ne s’est pas laissé démonter. On a mis en place un groupe de travail et discuté ensemble du type de dialogue social que nous voulions construire pour Cherré avec la section et des actions à mener. »
Complémentarité et proximité
Développement tous azimuts La pénibilité, priorité en 2020 Défense syndicale estampillée CFDT |
Ces actions tournent toutes autour des deux mots d’ordre suivants : complémentarité et proximité. Partant du principe que le développement est l’affaire de tous, chaque élu s’y implique, quel que soit son mandat. « On fait attention au cumul des mandats et à ce que chacun ait une compétence spécifique dans un domaine qui l’accroche. Cette complémentarité nous assure un meilleur suivi des dossiers », développe Gaëtan, qui entame son second mandat comme élu CSSCT (commission santé, sécurité et conditions de travail).
Si la diversité des profils constitue le socle de fonctionnement de la section, la proximité en est le moteur. La section l’assure : 90 % du temps syndical est consacré au terrain et à l’écoute des difficultés rencontrées par les salariés. « Quand il est question de sécurité, on ne transige pas, quitte à faire stopper les lignes de production. Mais c’est parce que l’on est présent tant pour soulever les problèmes que pour améliorer le quotidien des salariés que l’on obtient des résultats auprès de la direction », explique John-William Destholières, élu CSSCT. L’information aux salariés témoigne de la même exigence de la part des élus, qui organisent des opérations de tractage entre 5 et 14 heures de manière à toucher tous les salariés ou des cafés-accueil pour, là encore, prendre le temps d’échanger avec les salariés. À cette proximité quotidienne la section a adjoint des actions coup de poing tous les deux mois, des tournées pendant lesquelles les élus se rendent dans l’un des secteurs (abattage, désossage, conditionnement…) qui n’est pas leur secteur d’origine. « Cela permet aux salariés d’identifier tous les élus et à ces derniers de découvrir des problématiques qu’ils ne soupçonnent pas…