• Le gouvernement a présenté fin septembre son projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS).
• Il prévoit un déficit de 23,9 milliards en 2021. Le déficit estimé pour l’année 2020 est quant à lui de 46,1 milliards.
• Ces niveaux encore jamais atteints vont nécessiter une profonde transformation du système dans les années à venir.

Présenter un projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) dans la période s’apparente à un exercice de haute voltige. Alors que la reprise de l’épidémie est dans toutes les têtes avec des conséquences inconnues sur le plan sanitaire et économique, le gouvernement est quand même obligé d’en passer par là : à la fois pour rectifier les prévisions pour l’année 2020 et pour établir un budget pour l’année 2021. Les montants annoncés pourront être réévalués à la hausse ou à la baisse dans les prochains mois, mais ils révèlent déjà l’ampleur de la crise.
Un déficit de 46 milliards
Alors que les prévisions pour 2020 annonçaient une Sécurité sociale en déficit de 5 milliards, la crise de la Covid a provoqué une baisse des recettes de 29 milliards et une hausse des dépenses de 12 milliards. Le déficit devrait donc tourner autour de 46 milliards à la fin de l’année : du jamais-vu. Et pour les trois prochaines années, celui-ci devrait encore être supérieur à 20 milliards. Pour mettre toutes les chances de son côté pour relancer l’économie,
le gouvernement a fait le choix de ne pas prévoir de nouvelles ressources, privilégiant ainsi l’endettement pour financer le système. Pour ce faire, la durée de vie de la Cades (Caisse d’amortissement de la dette sociale) a été prolongée jusqu’en 2033 alors qu’elle devait initialement cesser toute activité en 2024, où l'ensemble des déficits de la Sécu aurait dû être amorti. « Pour la CFDT, le coût de la crise pour notre système de sécurité sociale aurait dû être pris en charge par le budget de l’État, explique Philippe Le Clézio du service Protection sociale confédéral. Le gouvernement s’y est malheureusement refusé. En décidant de prolonger la durée de vie de la Cades de neuf ans, il prive le système de potentielles nouvelles ressources pendant de très longues années, ce qui n’est pas sans poser de questions pour l’avenir. »
Le Ségur de la santé
Le système de protection sociale devra en effet être profondément remanié pour faire face aux nouveaux enjeux. Après des années de restrictions, l’heure est à l’investissement. Les premières mesures programmées dès 2021 ont d’ailleurs recueilli l’aval de la CFDT. Il s’agit tout d’abord des décisions issues de l’accord du Ségur de la santé signé le 13 juillet dernier. En mars 2021, l’ensemble des personnels des établissements de santé et des Ehpad verront leur salaire net augmenter de 93 euros par mois après avoir bénéficié d’une première augmentation de 90 euros nets par mois en…