Revalorisation des soignants : entre surprise et déception

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iconeExtrait de l’hebdo n°3886

En déplacement à Rouen, le 31 août, Élisabeth Borne a annoncé de manière unilatérale la revalorisation du travail du dimanche et des heures de nuit pour les personnels de la fonction publique hospitalière. Si ces mesures vont dans le bon sens, elles restent très insuffisantes selon la CFDT-Santé-Sociaux, tant sur le fond que sur la forme.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 05/09/2023 à 12h00

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© Romain Gaillard/RÉA

Au 1er janvier 2024, les personnels soignants travaillant les dimanches et jours fériés verront leur indemnité majorée de 20 %. Ils verront également leurs heures de nuit rémunérées 25 % de plus que le jour… Au total, une enveloppe de 1,1 milliard d’euros sera consacrée à ces revalorisations. Bien, mais pas assez pour Ève Rescanières, secrétaire générale de la Fédération CFDT Santé-Sociaux : « Nous sommes très loin du “choc d’attractivité”. Cela ne répond pas à la crise systémique que vivent les personnels soignants et l’hôpital public. Concrètement, cela signifie que, le dimanche, une infirmière gagnera 59,42 euros supplémentaires, contre 49,52 euros actuellement. Nous en demandions 100… Concernant heures de nuit, le gouvernement ne s’attaque pas à la problématique de la pénibilité du travail de nuit ni à son impact sur la santé des salariés. [Une telle attitude] n’arrêtera pas l’hémorragie de personnels dans les hôpitaux publics. »

Une infirmière sur deux quitte son emploi après dix ans de carrière

1. Fonction publique hospitalière.

Ce constat est d’ailleurs appuyé par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) à travers « une étude sur les trajectoires professionnelles des infirmières hospitalières entrées dans la profession entre 1989 et 2019 ». Parue le 24 août dernier, cette étude révèle que près d’une infirmière hospitalière sur deux a quitté son emploi après dix ans de carrière et qu’une sur dix exerce en libéral une décennie après son entrée dans la FPH1. Une alerte pour l’ensemble des acteurs, d’autant plus que l’étude en question ne prend pas en compte la période de crise sanitaire, qui a vu le nombre de départs augmenter.

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

Autre grief de la CFDT-Santé-Sociaux, la méthode : ces annonces et mesures ont été prises de façon unilatérale par le gouvernement. C’est donc un mauvais coup porté au dialogue social, alors que l’accord du Ségur de la santé prévoyait des concertations avec les organisations syndicales signataires dudit accord. « Ce n’est pas acceptable. Cessons de perdre du temps en saupoudrage, concertons et négocions, tonne Ève Rescanières. Il faut des mesures fortes et des investissements à la hauteur des enjeux. Des propositions pour valoriser, reconnaître le travail des agents publics et renforcer l’attractivité, nous, nous en avons ! »