Revalorisation des salaires dans la fonction publique : encore un rendez-vous raté

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iconeExtrait de l’hebdo n°3878

Le 12 juin, Stanislas Guerini a annoncé une revalorisation du point d’indice de 1,5 % au 1er juillet 2023… très en deçà des revendications de la CFDT-Fonctions publiques et des attentes exprimés par les agents. Une rencontre avant l’été afin de parler de la négociation de la politique salariale a par ailleurs été actée.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 13/06/2023 à 12h00

Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques.
Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques.© Eric Tschaen/RÉA

« Le gouvernement ne prend pas la mesure de la crise que traversent les services publics ni n’entend les inquiétudes des agents », déplore Mylène Jacquot, la secrétaire générale de la CFDT-Fonctions publiques, à la sortie de la multilatérale réunissant ministre et organisations syndicales représentatives de la fonction publique.

Cette hausse de 1,5 % du point d’indice est très loin de compenser l’inflation (en avril 2023, l’Insee établissait celle-ci à + 6,3 % sur un an) ; surtout, elle est nettement en dessous de ce que les organisations syndicales avaient obtenu l’année dernière (+ 3,5 %). La veille de cette échéance, la CFDT-Fonctions publiques alertait pourtant sur la nécessité de mobiliser une enveloppe supérieure à celle de 2022. « C’est un manque de reconnaissance et de considération pour les 5,7 millions d’agents publics, regrette Mylène Jacquot. De toute évidence, le prisme budgétaire l’a, une nouvelle fois, emporté, et ce sont les agents publics qui en font les frais. »

Pis, cette décision risque d’accentuer le manque d’attractivité de la fonction publique hospitalière, territoriale ou de l’État, sachant que les trois versants font déjà face à un déficit de personnels. De fait, 60 000 postes sont vacants. Avec des conséquences à la fois pour les agents en poste, pour les usagers et pour la qualité des missions et services rendus. « Ceux qui restent voient leur charge de travail s’accroître et constatent qu’ils ont moins de moyens pour faire leur travail, résume Mylène Jacquot. Nous sommes loin du choc d’attractivité nécessaire en vue de pourvoir les postes ! »

Quelques bonnes nouvelles, mais…

Par ailleurs, l’annonce de la mise en place d’une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat ne résout en rien les problèmes sur le long terme. Cette Pepa sera attribuée aux agents percevant moins de 3 250 euros bruts mensuels (prime comprise). Elle sera dégressive, de 800 à 300 euros, et versée à la fin de l’année 2023. Signe que les salaires sont à revoir dans la fonction publique, cette prime concerne près de 50 % des agents de l’État et 70 % des agents de l’hospitalière. Libre administration des collectivités oblige, dans la fonction publique territoriale, elle sera soumise au bon vouloir des directions.

L’octroi de 5 points d’indice (environ 20 euros par mois) pour tous les agents publics au 1er janvier 2024, la hausse du taux de remboursement des frais de transport collectifs (passant de 50 % à 75 %) ou encore la revalorisation de certains frais de missions ont également été annoncés par le ministre. Mais les deux dernières ne concernent, malheureusement, qu’une minorité d’agents.

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

« Si ce rendez-vous a été très décevant, nous continuerons dans les semaines à venir, sans relâche, de porter nos propositions pour des parcours et des rémunérations à la hauteur des enjeux sociaux », poursuit Mylène Jacquot. Et ce, donc, dès les prochains jours. Une réunion autour de la négociation de la politique salariale a été arrachée par les organisations syndicales. Elle se tiendra avant l’été. Une sorte de coin dans la porte que la CFDT-Fonctions publiques entend enfoncer plus profondément. « Nous voulons que les rémunérations deviennent un sujet ouvert à la négociation. Il est grand temps de changer de méthode ! »