Rémunération et déconnexion des livreurs à vélo : le point sur les négociations

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iconeExtrait de l’hebdo n°3866

Les négociations concernant les livreurs à vélo qui travaillent pour des plateformes numériques doivent prochainement se concrétiser. Union-Indépendants a fait le point lors d’une conférence de presse.

Par Fabrice Dedieu— Publié le 21/03/2023 à 13h00

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© Romain Gaillard/RÉA

Déjà six mois que les représentants des livreurs à vélo, élus en mai 2022, sont assis autour de la table des négociations avec l’Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi (Arpe) et les représentants des plateformes. Des discussions qui devraient bientôt se conclure, selon Union-Indépendants, organisation représentative des livreurs, liée à la CFDT. « Deux accords fondamentaux, l’un sur la rémunération horaire minimale, l’autre sur la déconnexion, sont en vue, a affirmé Fabian Tosolini, délégué général d’Union, lors d’une conférence de presse, le 16 mars. Ils pourraient aboutir à de vraies avancées pour les livreurs dès la fin du mois de mars. »

Au sujet de la déconnexion, Union-Indépendants pousse pour que dès lors qu’une plateforme envisage de déconnecter un livreur, celui-ci soit d’abord entendu et puisse se défendre ; mais aussi qu’une confrontation entre la plateforme et le livreur ait lieu et qu’une décision soit prise ensuite. Les plateformes semblent aller dans ce sens-là mais souhaitent que la déconnexion reste automatique dès lors que la pièce d’identité fournie par le livreur lors de son inscription est considérée comme fausse par l’algorithme chargé de l’analyser. Hors de question pour Union. « La déconnexion arbitraire, c’est une vraie bagarre de tous les jours, souligne Fabian Tosolini. J’ai une quinzaine de livreurs déconnectés qui me contactent tous les jours pour que l’on puisse plaider leur cause auprès des plateformes. Il faut vraiment que l’on ait des solutions pour ces livreurs. On espère une bonne nouvelle dans les prochains jours. »

Atteindre 12 euros net par heure

Côté rémunération horaire minimale, Union-Indépendants souhaite un tarif de 12 euros net par heure, soit 34 % de plus que le Smic. Cette différence avec le salaire minimum permettra demain au livreur de financer sa protection sociale, son vélo, ses équipements… « Ce tarif doit s’appliquer à partir du moment où le livreur a accepté la course jusqu’au moment où le produit est livré. Actuellement, le livreur est payé 3 euros, sans tenir compte du fait que la course a duré trois ou dix minutes, avec un temps d’attente de cinq ou vingt minutes chez le restaurateur », précise le délégué général. « Les plateformes “toussent” un peu face à la rémunération minimale. Mais je pense qu’elles n’ont pas d’autre choix que d’aboutir à un accord. »

« Il faut que les livreurs, mais aussi les VTC, soient vraiment indépendants, qu’ils puissent proposer leur tarif ou qu’ils soient impliqués dans la construction de la tarification », ajoute Thomas Aonzo, président d’Union. Alors, les plateformes accepteront-elles de renoncer à cet immense pouvoir consistant à fixer unilatéralement le tarif ? De quoi alimenter de futures discussions…

Régulariser les livreurs

En dehors des deux négociations, Union-Indépendants bataille pour que les livreurs en situation irrégulière puissent être régularisés grâce à leur travail. En effet, Union demande que l’État prenne en compte des déclarations de chiffre d’affaires et des attestations Urssaf, au même titre que les bulletins de salaire. « Les livreurs veulent juste continuer à travailler. À quel moment ne peut-on pas donner leur chance aux indépendants alors qu’ils ont plein de documents prouvant leur activité ? », questionne Fabian Tosolini.