Quid de la prévention des accidents graves et mortels en Île-de-France ?

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iconeExtrait de l’hebdo n°3876

Les chiffres alarmants des accidents du travail publiés par la Drieets en Île-de-France ne s’accompagnent pas de plus de moyens visant à développer la prévention dans les entreprises.

Par Claire Nillus— Publié le 30/05/2023 à 12h00

Chantier (à Orsay) du viaduc de la ligne de métro 18 du Grand Paris Express.
Chantier (à Orsay) du viaduc de la ligne de métro 18 du Grand Paris Express.© Laurent Grandguillot/RÉA

1. Syndicat national Travail Emploi Formation.

Le dernier bilan d’activité de la Direction générale du travail fait état de 237 000 interventions de l’inspection du travail en 2022 sur le territoire national. Selon le bilan 2022 publié par la Drieets (Direction régionale interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) d’Île-de-France, le 23 mai dernier, une intervention sur cinq a lieu dans la capitale – un ratio peu étonnant compte tenu de l’activité économique de ce territoire. Néanmoins, indique Niklas Vasseux, du Syntef-CFDT,1 on constate une explosion des accidents de travail, la France totalisant les plus mauvais résultats en Europe.

« Une centaine de morts au travail chaque année en Île-de-France et un millier d’enquêtes sur site sont des chiffres auxquels nous sommes malheureusement habitués. » Et bien qu’en 2019, dans le cadre des travaux du Grand Paris Express et des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, une unité de contrôle dédiée ait été mise en place – l’URACGC (Unité régionale d’appui et de contrôle des grands chantiers) –, les interventions pour chutes de hauteur (imminentes ou avérées) restent majoritaires (4 720 interventions) avec celles qui visent à lutter contre le travail illégal (5 779) et le détachement de travailleurs (2 480).

Au total, un quart des interventions effectuées en Île-de-France se sont produites sur des chantiers et ont donné lieu à 500 arrêts de travaux. Le lien entre travail dissimulé et accidents graves est flagrant : les secteurs les plus sinistrés étant, dans l’ordre, le BTP, les transports et l’hôtellerie-restauration, où l’on retrouve également les plus forts taux de travail illégal.

Une baisse continue des effectifs des agents de contrôle

Le 22 mai, le gouvernement a annoncé le lancement d’un nouveau plan national de lutte contre le travail illégal pour la période 2023-2027, affichant de nouvelles priorités dont la multiplication des contrôles et une meilleure circulation entre les différents services. « Avec quels moyens ? nul ne le sait », déplore Niklas Vasseux. Depuis 2009, les effectifs sont en chute libre (– 30 %) et les annonces du ministre du Travail concernant des recrutements en 2023 (200 en tout) couvrent à peine les départs. « Nous avons encore 25 % de postes non pourvus à l’inspection du travail… »

À propos de l'auteur

Claire Nillus
Journaliste

Avec seulement 345 agents de contrôle sur le terrain pour 1,4 million d’entreprises et 5,4 millions de travailleurs actifs en Île-de-France, vouloir développer des actions de prévention des accidents du travail graves et mortels en conformité avec le quatrième plan régional santé au travail d’octobre 2022 révèle une vaine volonté de vider l’océan à la petite cuillère.