Quand les entreprises s’y mettent

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Aider les aidants

Le rôle d’aidant impacte le travail, le maintien dans l’emploi et le déroulé de carrière. Pour éviter la désinsertion professionnelle, les organisations syndicales négocient des accords collectifs originaux qui vont au-delà des dispositifs légaux existants. C’est notamment le cas du groupe La Poste qui fait figure de précurseur.

Par Sabine Izard— Publié le 28/04/2023 à 09h00

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© François Henry et Laurent Grandguillot / RÉA

Pour nombre d’aidants, conserver une activité professionnelle est essentiel afin de maintenir un équilibre psychologique et financier. Pour autant, ce rôle nécessite souplesse et adaptabilité, deux notions qui ne trouvent pas toujours d’écho au sein de l’entreprise. Certaines, pourtant, ont fait le choix de négocier avec les organisations syndicales des accords collectifs spécifiques qui prévoient des aides financières, des dérogations d’absences ou du télétravail adapté.

Un « guichet unique » de l’aidance

La Poste, par exemple, avec son conseil d’orientation et de gestion des activités sociales (Cogas), dans lequel siègent les partenaires sociaux, a mis en place en 2016 une offre sociale pour les aidants familiaux. Une plateforme téléphonique d’accueil, d’écoute, de soutien et d’accompagnement sert de porte d’entrée dans le dispositif. Une forme de guichet unique capable de répondre aux interrogations des postiers, actifs ou retraités, de rechercher les solutions adaptées à leur situation, de les accompagner dans leurs démarches administratives ou de les orienter vers des associations susceptibles de les aider.

Ce guichet permet également d’identifier les prestations sociales dont peuvent bénéficier les aidants dans et en dehors de l’entreprise. «Nous avons un seul interlocuteur pour toutes les démarches concernant l’aidance. Et les personnes au bout du fil sont très compétentes. C’est une véritable aide au quotidien», souligne Thierry Pastore, référent CFDT handicap aidant du groupe La Poste, et papa de Julien, qui souffre de troubles autistiques.

À La Poste, un certificat d’aidant donne aussi accès à de nombreux dispositifs internes, dont une aide au répit, qui permet à l’aidant de partir en vacances avec ou sans son aidé, ou de prendre un jour de temps en temps pour souffler. « Le certificat d’aidant offre également la possibilité de mobilités internes pour permettre à l’aidant qui le souhaite de se rapprocher de la personne aidée », précise le référent CFDT.

Par ailleurs, en septembre 2018, le groupe a conclu un accord collectif relatif à l’amélioration de la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle des postières et postiers aidants, dont la CFDT est signataire. Il instaure un fonds de solidarité permettant de gérer le don de jours de repos. Des dons anonymes qui ne peuvent pas être affectés à une personne nominativement identifiée par le donateur. La Poste alimente chaque année ce fonds à hauteur de mille jours. Ces jours sont assimilés à une période de service effectif, et la rémunération du salarié est maintenue comme pour une période de congés annuels. «Une vingtaine de personnes en bénéficient chaque année», explique Thierry Pastore, qui donne au moins deux jours chaque année. «Ce sont des situations dramatiques comme des accompagnements de fin de vie.»

Des formules de travail adaptées

Si La Poste fait figure de précurseur, d’autres entreprises ont aussi avancé sur le sujet. Citons, par exemple, la compagnie d’assurances AXA, qui a conclu en novembre 2021 un accord en faveur des salariés aidants, dont la CFDT est signataire. Il prévoit notamment un télétravail adapté en fonction des besoins du salarié aidant. Il permet ainsi de télétravailler depuis le domicile de la personne aidée pour une durée déterminée. Les salariés aidants d’AXA bénéficient par ailleurs d’autorisations spécifiques d’absences rémunérées à hauteur de huit demi-journées par an. Et les salariés peuvent aménager leur temps de travail (avec des périodes plus ou moins longues non travaillées) tout en percevant une rémunération lissée sur l’année. Ils bénéficient enfin d’un dispositif de don de jours abondé par AXA à raison d’un jour pour cinq jours donnés par les salariés.

Certaines branches professionnelles s’y mettent à leur tour. En juillet 2022, la Fédération CFDT de la Formation et de l’Enseignement privés (FEP-CFDT) a ainsi signé un accord relatif à l’insertion professionnelle et au maintien dans l’emploi des salariés en situation de handicap. À cette occasion, la CFDT a tenu à ce que l’accord prévoie des mesures pour soulager les salariés proches aidants. « En sensibilisant sur cette thématique particulière, nous voulons que cela devienne un vrai sujet de politique RH au sein des entreprises », conclut Valérie Genet, trésorière de la FEP.