Les militants de la section CFDT de la direction régionale Alpes d’Enedis ont fait adopter à l’entreprise un plan de mobilité dès 2003. Face à une direction encore frileuse sur la question de la mobilité durable, leur action reste pionnière.

Ils ont le succès modeste. Bien avant la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015 qui instaure pour les entreprises de plus de 100 salariés sur un même site l’obligation de se doter d’un plan de mobilité au 1er janvier 2018, la CFDT d’Enedis en Isère a forcé la main de sa direction. Sous la houlette de Jean-Philippe Beaucher, alors ingénieur environnement et délégué syndical, la section a demandé et obtenu qu’un premier plan de déplacement voit le jour en 2003.
Une section CFDT en avance sur son temps
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Déjà, à l’époque, l’équipe CFDT prônait les bénéfices de ces mesures en faveur du développement de modes de transports alternatifs à la voiture individuelle : une meilleure organisation des déplacements engendrés par l’activité de l’entreprise, la lutte contre les particules fines dans une région fortement impactée par la pollution de l’air et la saturation des axes routiers. « C’était un premier pas même si, admettons-le, le plan a vivoté. Il n’y avait pas suffisamment de moyens pour le faire exister vraiment, déplore Jean-Philippe Beaucher. Mais on avait cinq ans d’avance ! Quand on parlait de transition écologique, à l’époque, on nous rigolait presque au nez. Aujourd’hui, il existe suffisamment d’indicateurs pour plaider notre cause. Ce sont, par exemple, des prévisions de hausse des températures à cause du changement climatique, déjà supérieures à la moyenne nationale dans la région. » Alors la section ne lâche rien et obtient un nouveau plan appliqué depuis le 1er janvier 2019. « La loi existe, et même si la direction y allait à reculons, nous lui avons imposé de réactualiser ce plan à l’occasion de la mise en œuvre de l’obligation réglementaire issue de la loi de 2015. » En amont de l’élaboration du nouveau plan de mobilité, des bilatérales ont lieu sur le sujet avec chaque organisation syndicale. Mais la CFDT se révèle rapidement seule à s’intéresser à la thématique de l’environnement et de la mobilité.
Des bénéfices attendus de part et d’autre
Pour la CFDT d’Enedis, il y a tout à gagner, à commencer par de substantielles économies. Dans une région qui peine à recruter à cause de la cherté des loyers et de la proximité avec la Suisse (aux perspectives salariales bien plus avantageuses), la section milite en vue d’améliorer le pouvoir d’achat des agents. Selon les calculs de Jean-Philippe, l’autosolisme (le fait de circuler seul dans sa voiture) pratiqué par la majorité des agents leur coûte jusqu’à deux mois de salaire par an ! Ils ont tout intérêt à bénéficier plus du covoiturage. En favorisant ces nouvelles pratiques, le plan de mobilité aide à réduire le coût des trajets domicile-travail de ceux qui ne peuvent pas utiliser les transports en commun. L’argument économique figure d’ailleurs en tête des bonnes raisons de troquer la voiture contre d’autres modes de déplacement (27 %) chez les salariés qui ont répondu à l’enquête de la direction en 2018.
La direction, elle, y voit un autre avantage. Statistiquement, les trajets domicile-travail sont considérés comme les plus accidentogènes, tant il est vrai que mieux on connaît la route, plus la vigilance baisse ! Or le périmètre que couvre la direction régionale s’étend sur trois départements (Isère, Savoie et Haute-Savoie). Avec 60 % des effectifs quotidiennement sur le terrain afin d’intervenir sur le réseau, le déplacement constitue un sujet crucial pour l’entreprise. Il y a aussi une question d’image : en tant qu’employeur public, Enedis veut montrer patte blanche tant sur l’aspect de la qualité de vie de ses salariés que de l’empreinte carbone de son activité. « Le plan de mobilité permet de concilier tous ces aspects et chacun, employeur ou salarié, peut y trouver son compte. Bien entendu, il y a une…