Pont du 8 mai : pourquoi la CFDT n'appelle pas à la grève ?

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icone Extrait de l'hebdo n°3964

Les explications de Thomas Cavel, secrétaire général de la CFDT Cheminots.

Par Claire NillusPublié le 05/05/2025 à 08h32

Gare du Nord, à Paris.
Gare du Nord, à Paris.©Gilles ROLLE/REA

Le bras de fer est engagé entre deux syndicats de la SNCF et la direction à l’occasion du prochain pont du 8 mai. Pour quelles raisons la CFDT ne soutient-elle pas le mouvement ?

Deux organisations syndicales ont déposé des préavis de grève sur plusieurs sujets (organisation du travail notamment, emploi, formation, rémunération) mais tous ces sujets, nous les portons de très longue date à la CFDT. De plus, le 7 avril dernier, nous avons acté sur ces revendications un certain nombre de rendez-vous avec la direction d’ici à l’été. Autrement dit, nous avons obtenu cet agenda social remanié et nous préférons la voie du dialogue social à celle de la grève. Mais nous attendons de la direction de la SNCF, et notamment de son président, Jean-Pierre Farandou, d’être aussi au rendez-vous.

Le départ de Jean-Pierre Farandou est annoncé d’ici cet été. Cela se confirme-t-il ?

Nous n’en savons rien. Le gouvernement nous a mis dans une situation très délicate en annonçant son départ il y a un an et demi, sans que l’on sache, encore aujourd’hui, quand celui-ci sera effectif. Pour un opérateur public tel que la SNCF, et compte tenu des questions très importantes qui sont sur la table, ce n’est pas responsable. De plus cela ajoute de l’inquiétude à un climat social déjà très dégradé à la SNCF.

Pourquoi deux préavis de grève ?

Il y a manifestement une concurrence de préavis entre la CGT et Sud Rail. Avec des dates distinctes (dès le 5 mai pour la CGT, à partir du 7 mai pour Sud Rail), des catégories de salariés différentes (contrôleurs et conducteurs pour la CGT, contrôleurs1 pour Sud Rail) et des revendications qui ne sont pas forcément les mêmes, il y a plus de confusion que d’unité dans l’action…

Si la CFDT ne fait pas grève, comment agit-elle ?

Les grévistes mettent en avant le problème de l’organisation du temps de travail. Encore une fois, nous travaillons depuis longtemps sur cette question et la CFDT Cheminots a d’ailleurs obtenu gain de cause auprès de la Cour de cassation pour le versement des indemnités en cas de modification des commandes de trains. Nous sommes face à une direction qui refuse d’appliquer les décisions de justice. Mais nous venons d’obtenir un audit sur les modifications de plannings à la dernière minute, qui va bientôt démarrer et qui nous donnera des données objectives sur le sujet au moment où nous irons en rediscuter en juin.

L’autre revendication des grévistes porte sur des primes. La direction a répondu qu’il y avait eu des avancées sur le plan financier. Ce n’est pas satisfaisant ?

À propos de l'auteur

Claire Nillus
Journaliste

Ce qui est vrai, c’est que toutes les progressions de salaires ont eu lieu grâce aux négociations menées par la CFDT. Ce qui est sûr également, c’est que la direction ne prévoit pas de nouveau rendez-vous salarial avant 2026. D’ici là, un travail sera engagé, en septembre 2025, avec une demande importante pour notre organisation, concernant l’annualisation de l’ancienneté.

Nous demandons que les augmentations calculées selon l’ancienneté soient versées chaque année aux agents statutaires et aux contractuels plutôt que selon le calendrier actuel (indexé sur le changement d’échelon). Cela permettrait de bénéficier chaque année d’une augmentation de salaire. Les discussions sont déjà bien engagées sur ce thème.