Plus près des étoiles

Pour monter au pic du Midi, un seul moyen de transport, été comme hiver : le téléphérique. Quinze minutes sont nécessaires pour parcourir les deux tronçons, soit 1,7 puis 2,6 km de câble. Chaque cabine peut transporter 45 personnes. L’été, jusqu’à 80 rotations sont effectuées par jour.
Pour monter au pic du Midi, un seul moyen de transport, été comme hiver : le téléphérique. Quinze minutes sont nécessaires pour parcourir les deux tronçons, soit 1,7 puis 2,6 km de câble. Chaque cabine peut transporter 45 personnes. L’été, jusqu’à 80 rotations sont effectuées par jour.© Cyril Entzmann

iconeExtrait du magazine n°501

Près de 150 000 touristes se pressent chaque année au sommet du pic du Midi de Bigorre (Hautes-Pyrénées). Là-haut, à 2 877 m d’altitude, le regard embrasse toute la chaîne des Pyrénées, de la Catalogne au Pays basque. Les plus chanceux, qui ont attendu jusqu’à dix-huit mois pour réserver l’une des 15 chambres au sommet du pic, y vivent une expérience unique au plus près de la Voie lactée. Depuis dix ans, le pic est labellisé Réserve internationale de ciel étoilé (Rice).

Par Emilie Gillet— Publié le 01/03/2024 à 10h00

Mais le pic est aussi un site scientifique unique en son genre. Depuis cent cinquante ans, on y observe les étoiles, le soleil, l’atmosphère, les particules cosmiques, la météo, la faune et la flore et, depuis peu, la pollution atmosphérique et l’évolution du climat. Les travaux de 1 200 chercheurs et étudiants toulousains dépendent ainsi des instruments déployés au pic. Pour les aider, des techniciens se relayent là-haut 24 heures sur 24 et 365 jours par an afin d’assurer maintenance et fonctionnement des équipements scientifiques, dont huit coupoles d’observation astronomique.

Plusieurs fois menacé de fermeture, le pic du Midi espère pérenniser son modèle unique, à mi-chemin entre sciences et tourisme, en devenant un établissement public de coopération culturelle (EPCC) pour se mettre à l’abri d’opérateurs touristiques privés et en obtenant son classement au patrimoine mondial de l’Unesco. 

Jean-Baptiste Zorzenone est technicien de maintenance sur téléphérique. Il travaille sur le pic depuis deux ans : « L’avantage par rapport aux stations de ski, c’est qu’ici 
il y a du travail toute l’année ! » Les principaux ennemis du téléphérique sont le givre et le vent : au-delà de 70 km/h, il ne peut plus circuler.
Jean-Baptiste Zorzenone est technicien de maintenance sur téléphérique. Il travaille sur le pic depuis deux ans : « L’avantage par rapport aux stations de ski, c’est qu’ici il y a du travail toute l’année ! » Les principaux ennemis du téléphérique sont le givre et le vent : au-delà de 70 km/h, il ne peut plus circuler. © Cyril Entzmann
L’été, 70 personnes travaillent chaque jour au pic, dont une partie dort sur place dans les 44 chambres réservées aux professionnels. Chercheurs, ingénieurs, étudiants, techniciens mais aussi personnels d’accueil et de restauration, médiateurs scientifiques, agents d’entretien, ouvriers. Autant de statuts et de rythmes de travail différents.
L’été, 70 personnes travaillent chaque jour au pic, dont une partie dort sur place dans les 44 chambres réservées aux professionnels. Chercheurs, ingénieurs, étudiants, techniciens mais aussi personnels d’accueil et de restauration, médiateurs scientifiques, agents d’entretien, ouvriers. Autant de statuts et de rythmes de travail différents.© Cyril Entzmann
L’astronome Rémi Cabanac est directeur scientifique du pic depuis 2007. « Aujourd’hui, nous sommes optimistes quant à l’avenir du site, mais cela n’a pas toujours été le cas. La régie touristique et les scientifiques ont appris à travailler ensemble, nous savons que nous avons besoin les uns des autres pour continuer d’exister. »
L’astronome Rémi Cabanac est directeur scientifique du pic depuis 2007. « Aujourd’hui, nous sommes optimistes quant à l’avenir du site, mais cela n’a pas toujours été le cas. La régie touristique et les scientifiques ont appris à travailler ensemble, nous savons que nous avons besoin les uns des autres pour continuer d’exister. »© Cyril Entzmann
Avec son miroir de 2,03 m de diamètre, le télescope Bernard Lyot (TBL) est le plus grand télescope français. Deux techniciens y travaillent en permanence pour faire fonctionner Narval, un instrument qui étudie le magnétisme des étoiles. « Au pic, on fait ce que les autres pensent qu’il est impossible de faire ! », déclare Arturo López Ariste, astrophysicien. En 2024, le TBL sera équipé d’un second instrument nommé Spip. Objectif : découvrir de nouvelles planètes en dehors de notre système solaire.
Avec son miroir de 2,03 m de diamètre, le télescope Bernard Lyot (TBL) est le plus grand télescope français. Deux techniciens y travaillent en permanence pour faire fonctionner Narval, un instrument qui étudie le magnétisme des étoiles. « Au pic, on fait ce que les autres pensent qu’il est impossible de faire ! », déclare Arturo López Ariste, astrophysicien. En 2024, le TBL sera équipé d’un second instrument nommé Spip. Objectif : découvrir de nouvelles planètes en dehors de notre système solaire. © Cyril Entzmann
« Au pic, on fait ce que les autres pensent qu’il est impossible de faire ! », déclare Arturo López Ariste, astrophysicien. En 2024, le TBL sera équipé d’un second instrument nommé Spip. Objectif : découvrir de nouvelles planètes en dehors de notre système solaire.
« Au pic, on fait ce que les autres pensent qu’il est impossible de faire ! », déclare Arturo López Ariste, astrophysicien. En 2024, le TBL sera équipé d’un second instrument nommé Spip. Objectif : découvrir de nouvelles planètes en dehors de notre système solaire. © Cyril Entzmann
Chaque semaine pendant trois jours et deux nuits, Camille Pasquet est chargée de la sécurité et de la qualité de vie des travailleurs du pic, et de la santé des visiteurs. « L’hiver, il faut surtout s’assurer de la sécurité des techniciens lors des opérations de déneigement. 
L’été, ce sont plutôt les malaises des touristes liés à l’altitude. »
Chaque semaine pendant trois jours et deux nuits, Camille Pasquet est chargée de la sécurité et de la qualité de vie des travailleurs du pic, et de la santé des visiteurs. « L’hiver, il faut surtout s’assurer de la sécurité des techniciens lors des opérations de déneigement. L’été, ce sont plutôt les malaises des touristes liés à l’altitude. » © Cyril Entzmann
Là-haut, l’air contient 30 % d’oxygène en moins qu’au niveau de la mer.
Là-haut, l’air contient 30 % d’oxygène en moins qu’au niveau de la mer.© Cyril Entzmann
Alexandre Abeillé est électromécanicien, il assure l’entretien et la mise en œuvre des instruments du pic. Ce soir, il pilote le T50, un télescope de 50 cm de diamètre qui permet d’observer nébuleuses, galaxies et comètes. « Il faut parfois réaliser 500 photos du même objet céleste avant d’en avoir une image complète qui soit exploitable scientifiquement. »
Alexandre Abeillé est électromécanicien, il assure l’entretien et la mise en œuvre des instruments du pic. Ce soir, il pilote le T50, un télescope de 50 cm de diamètre qui permet d’observer nébuleuses, galaxies et comètes. « Il faut parfois réaliser 500 photos du même objet céleste avant d’en avoir une image complète qui soit exploitable scientifiquement. » © Cyril Entzmann
Le coronographe permet de cacher le Soleil pour n’en observer que sa surface, ou couronne. Il repose sur un mécénat entièrement privé ; l’entreprise Fiducial 
finance son entretien et les mesures sont réalisées par des bénévoles, les Observateurs Associés, à la demande des scientifiques.
Le coronographe permet de cacher le Soleil pour n’en observer que sa surface, ou couronne. Il repose sur un mécénat entièrement privé ; l’entreprise Fiducial finance son entretien et les mesures sont réalisées par des bénévoles, les Observateurs Associés, à la demande des scientifiques. © Cyril Entzmann
Lucie et Marie Blondin sont sœurs. Depuis deux ans, Lucie est responsable du bistro tandis que Marie va bientôt terminer son contrat saisonnier au restaurant Le 2877. « L’avantage ici par rapport à la restauration classique, c’est que l’on travaille en continu, trois à quatre jours par semaine. Le cadre de travail est magnifique mais, parfois, les journées sont longues, surtout en hiver, quand les visiteurs sont rares ! »
Lucie et Marie Blondin sont sœurs. Depuis deux ans, Lucie est responsable du bistro tandis que Marie va bientôt terminer son contrat saisonnier au restaurant Le 2877. « L’avantage ici par rapport à la restauration classique, c’est que l’on travaille en continu, trois à quatre jours par semaine. Le cadre de travail est magnifique mais, parfois, les journées sont longues, surtout en hiver, quand les visiteurs sont rares ! » © Cyril Entzmann
Le pic est régulièrement soumis aux aléas climatiques. L’hiver, tempêtes de neige et vents pouvant souffler jusqu’à 270 km/heure ! L’été, ce sont plutôt les impacts de la foudre qui peuvent endommager les équipements. Pour parer à toute éventualité, le pic a un stock de nourriture permettant de nourrir 300 personnes pendant sept jours.
Le pic est régulièrement soumis aux aléas climatiques. L’hiver, tempêtes de neige et vents pouvant souffler jusqu’à 270 km/heure ! L’été, ce sont plutôt les impacts de la foudre qui peuvent endommager les équipements. Pour parer à toute éventualité, le pic a un stock de nourriture permettant de nourrir 300 personnes pendant sept jours.© Cyril Entzmann
Polluants, gaz à effet de serre, aérosols… Les travaux de Véronique Pont portent sur l’atmosphère et le climat. Mais « sans les techniciens du pic, qui entretiennent nos appareils et régulièrement relèvent les filtres qui piègent les polluants, nous ne pourrions pas travailler. »
Polluants, gaz à effet de serre, aérosols… Les travaux de Véronique Pont portent sur l’atmosphère et le climat. Mais « sans les techniciens du pic, qui entretiennent nos appareils et régulièrement relèvent les filtres qui piègent les polluants, nous ne pourrions pas travailler. »© Cyril Entzmann
Historien des sciences, Jean-Christophe Sanchez travaille au pic du Midi depuis trente ans : des premières observations en 1873 aux troubles de l’entre-deux-guerres, en passant par l’histoire architecturale (l’un des bâtiments est classé monument historique). Ses travaux constituent un atout majeur dans la quête d’inscription du site au patrimoine mondial de l’Unesco.
Historien des sciences, Jean-Christophe Sanchez travaille au pic du Midi depuis trente ans : des premières observations en 1873 aux troubles de l’entre-deux-guerres, en passant par l’histoire architecturale (l’un des bâtiments est classé monument historique). Ses travaux constituent un atout majeur dans la quête d’inscription du site au patrimoine mondial de l’Unesco.© Cyril Entzmann