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Paroles de jeunes adhérents

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iconeExtrait de l’hebdo n°3902

Les 26 et 27 octobre 2023, une quarantaine de jeunes adhérents CFDT des régions Bretagne et Pays de la Loire se sont retrouvés à Rennes pour se rencontrer, échanger et se former. L’occasion pour “Syndicalisme Hebdo” de rencontrer ces nouveaux venus à la CFDT. Pourquoi ont-ils adhéré à la CFDT ? Qu’est-ce qui motive leur engagement syndical au quotidien ? Voici leurs réponses.

Par Anne-Sophie Balle et Fabrice Dedieu— Publié le 09/01/2024 à 13h00

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© Karine Foucher/CFDT - DR

“La CFDT n’est pas un syndicat qui va au clash à chaque fois”

Maxime, 32 ans, infirmier dans un établissement gériatrique privé non lucratif

Cela fait un an que je suis syndiqué, grâce à un de mes collègues qui est très actif dans la section CFDT de mon établissement. Au début, je ne voyais pas ce que ça pouvait m’apporter. Et je me suis dit que, finalement, avoir des propositions seul dans son coin, ce n’est pas aussi porteur que d’être dans un syndicat. La situation est telle dans mon établissement et dans le monde de la santé en général que je me dis que l’on ne peut laisser les personnes âgées comme ça, avec un manque criant de personnels et de moyens.

La CFDT n’est pas un syndicat qui va au clash à chaque fois, ce qui est aussi ma façon de voir les choses. Je suis plus dans la communication et la discussion. Je pense qu’il est plus facile d’être entendu en cherchant un compromis qu’en disant que rien ne va… sans proposer quoi que ce soit derrière. Je me retrouve dans les valeurs CFDT. Je n’exerce pas de responsabilités, car j’étais pris jusqu’à présent par une reprise d’études en parallèle de mon travail. Mais j’ai envie de m’investir un peu plus.

En tant que jeune, je trouve important de s’engager. Ça a du sens et ça permet de porter des choses. Les syndicats ont du poids et c’est aussi pour ça que j’ai adhéré, car je veux qu’il y ait des personnes qui aient du temps pour porter des messages.

“Avec cet engagement, on voit les choses différemment”

Honorine, 34 ans, agente au ministère des Armées

Je suis adhérente depuis 2016. Comment suis-je venue à la CFDT ? J’ai été harcelée dans mon premier poste par cinq collègues. J’étais très jeune, 19 ans. Je ne savais pas trop vers qui me tourner. J’ai croisé quelqu’un de la CFTC qui m’a aidé et j’ai adhéré. Mais ça ne correspondait pas à mes convictions. Je suis allée voir ailleurs. J’ai fait un court passage à la CGT, mais ça ne me correspondait pas du tout non plus. Et j’ai croisé un élu de chez nous qui m’a parlé de la CFDT. Là, enfin, je me suis dit que c’était pour moi, que ça me correspondait.

J’ai exercé des responsabilités : j’ai été élue au CHSCT et suppléante au comité social. J’ai aussi été représentante syndicale. Avec cet engagement, on voit les choses différemment. On a accès à beaucoup d’informations que l’on n’a pas habituellement, on est acteur. Et en tant que représentante syndicale, j’ai aidé des collègues. J’envisage de reprendre des responsabilités, car c’est important d’aider les autres. S’engager, c’est pour aujourd’hui et pour demain. Je trouve que les jeunes sont moins investis dans le collectif, c’est dommage.

Dans ma section, je suis l’une des plus jeunes. Au sein de mon établissement, la moyenne d’âge est de 54 ans. Être une des plus jeunes n’est pas spécialement un problème, j’ai du caractère. Certains ont un peu parfois tendance à infantiliser, mais je ne pense pas qu’ils le fassent exprès. En tout cas, ma voix est entendue !

1. Comité social d’administration.

2. Formation spécialisée en matière de santé, de sécurité et de conditions de travail.

“La CFDT veille à son renouvellement et le prépare”

Élise*, 31 ans, agente de la fonction publique

J’ai rencontré des difficultés dans le cadre professionnel avant d’arriver en Bretagne. La CFDT est le syndicat qui m’a appelée pour savoir comment il pouvait me défendre. Je n’étais pas adhérente. J’ai alors vraiment ressenti ce que voulait dire le slogan CFDT : s’engager pour chacun, agir pour tous. C’est par reconnaissance que j’ai adhéré en 2021 – et après l’engagement, c’était pour moi-même aider.

Je suis élue depuis décembre 2022 dans deux instances : le CSA1 et la FSSSCT2. On me l’a proposé et j’ai accepté, car si personne ne reprenait le flambeau, ç’aurait été fini. J’ai aussi accepté pour relever un défi à titre personnel : je me suis dit que ça me permettait de prendre la parole en public, chose à laquelle je ne suis pas habituée. Et que ce serait enrichissant, ça me décloisonnerait, me sortirait de mes attributions et élargirait mes connaissances de l’administration. C’est effectivement le cas ; cet engagement m’apporte des connaissances, un enrichissement humain et professionnel.

Être jeune à la CFDT, c’est une chance. Il y a un intérêt du syndicat pour la jeunesse, dans un souci de renouvellement. Car la CFDT est un syndicat sérieux qui veille à son renouvellement, qui le prépare. Je ne suis pas sûre que ce soit le cas dans toutes les organisations syndicales. Même dans les récents cortèges lors des manifs, c’était plus jeune à la CFDT qu’ailleurs. Je me sens considérée ; à la CFDT, en tant que jeune, on m’a fait une place.

* Le prénom a été changé.

“Certains ne comprennent pas toujours le choix de se syndiquer, surtout quand on n’a pas de problème”

Jade, 23 ans, alternante dans une entreprise de l’hôtellerie

Je me suis syndiquée il y a six mois. Je ne savais pas vraiment à quoi ça servait avant. Et puis, à force de faire des manifestations contre la réforme des retraites, je me suis dit que ce serait bien de me rapprocher d’un syndicat pour me renseigner sur son utilité. J’avais l’impression que c’était nécessaire d’adhérer, que se renseigner, ce n’était pas suffisant. J’ai choisi la CFDT car c’est l’organisation qui se rapproche le plus de mes valeurs. J’ai plus entendu la CFDT que d’autres syndicats sur les sujets qui m’intéressent – les droits LGBT, par exemple

En règle générale, être jeune et syndiqué, je trouve que c’est compliqué, et pas seulement à la CFDT. Certains ne comprennent pas toujours le choix de se syndiquer, surtout quand on n’a pas de problème. C’est pénible de devoir se justifier, je n’ai pas de raison ou de problème qui m’aurait conduite à me syndiquer, donc je dois toujours me justifier. Ma famille et mes collègues n’ont pas compris pourquoi j’ai fait ce choix.

“Je craignais de ne pas être pris au sérieux, j’avais tort”

Abdel Malik, 32 ans, chef de poste chez RATP DEV à Laval

Depuis que je travaille, j’ai toujours eu un intérêt pour la vie de l’entreprise et la négociation. Je ne suis pas quelqu’un qui subit ; ce qui m’intéresse, c’est d’être au cœur de l’action. Souvent, les gens qui se plaignent sont ceux qui ne font rien. Je viens d’un département, la Mayenne, où les gens acceptent beaucoup leur sort : un travail, une maison, une voiture, et on ne va pas chercher plus loin. Ce n’est pas mon cas.

J’ai adhéré quand j’avais 27 ans et on est rapidement venu me chercher afin que je m’engage davantage. On me faisait une place et ça, c’est très appréciable. À 29 ans, on m’a proposé d’être titulaire mais je craignais de ne pas être pris au sérieux, j’avais tort. Malgré tout, je ne regrette pas d’être resté suppléant, cela m’a permis de me former pendant trois ans.

Aujourd’hui, je fais partie du bureau du SNTU [Syndicat national CFDT des transports urbains] de Laval. Au sein de l’entreprise, nous sommes une équipe motrice, jeune, dont la complémentarité des membres contribue sans doute à notre efficacité. Nous avons d’ailleurs gagné le challenge de la section qui a fait le plus d’adhérents en 2022. En décembre 2022, nous avons aussi remporté 100 % des voix aux élections. Que demander de plus ?