“Pacte de la vie au travail” : se mettre d’accord sur les termes concernant les transitions professionnelles

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iconeExtrait de l’hebdo n°3907

La séance de négociation du 7 février était consacrée aux parcours, transitions et reconversions professionnels. Selon la CFDT, avant de parler des outils et dispositifs, il faut se mettre d’accord sur les définitions et objectifs.

Par Fabrice Dedieu— Publié le 13/02/2024 à 13h00

Yvan Ricordeau, au centre, est secrétaire général adjoint et chef de file CFDT pour la négo PVT ; à droite, Isabelle Mercier, secrétaire nationale.
Yvan Ricordeau, au centre, est secrétaire général adjoint et chef de file CFDT pour la négo PVT ; à droite, Isabelle Mercier, secrétaire nationale.© Syndheb

Par quel bout prendre la question des parcours, transitions et reconversions professionnels pour espérer améliorer le taux d’emploi ? C’est la question implicite mais bien prégnante que se sont posée les partenaires sociaux, le 7 janvier, lorsqu’ils se sont retrouvés au Medef dans le cadre de la négociation « Pacte de la vie au travail ». La CFDT a évidemment une réponse à cette question, et elle l’a fait savoir lors des tours de table.

Mieux accompagner les salariés, principal objectif CFDT

« Nous voulons avoir un angle large sur les questions d’emploi et de carrière, comment on organise le parcours professionnel. Le Medef conçoit un peu l’enjeu de cette façon-là, l’U2P aussi. Mais la CFDT et d’autres organisations syndicales y ajoutent la question du travail, ce que ne font pas les organisations patronales », a expliqué Yvan Ricordeau, chef de file CFDT. La négociatrice CGT a appuyé le propos : « Si nous envisageons la formation professionnelle tout au long de la carrière, ça peut permettre d’être mieux armé, qualifié pour sa seconde partie, justement », a souligné Sandrine Mourey, gardant dans un coin les objectifs de la négociation relative à l’emploi des seniors.

Yvan Ricordeau ajoute : « Le but du jeu n’était pas d’entrer dans la question en évoquant les dispositifs, les outils, qui sont les réponses à ce que l’on veut faire. La CPME a été beaucoup là-dessus. » En effet, venu devant la presse pour la première fois depuis l’ouverture de la négociation, Éric Chevée, le vice-président de la CPME, a beaucoup insisté sur les points suivants : projet de transition professionnelle (PTP), Transco, compte personnel de formation (CPF), conseil en évolution professionnel (CEP)… « Nous avons un problème d’accompagnement des salariés dans les petites entreprises car la connaissance des dispositifs est réservée aux spécialistes. Le paysage est très divers et pas assez connu des entreprises. Il faut absolument des dispositifs plus simplifiés, connus de tous, des employeurs comme des employés, qui puissent être efficaces pour satisfaire l’entreprise et les salariés. » Et d’ajouter : « Nous cherchons aussi des pistes d’économies », en critiquant par exemple le coût de la filière « démission-transition » de l’assurance-chômage. « Des propositions qui sont d’un autre temps ! », a réagi Michel Beaugas, de FO, la CPME souhaitant clairement renforcer le « dédit formation », une clause du contrat de travail selon laquelle le salarié est tenu de rembourser les frais de formation engagés par l’employeur en cas de démission avant une certaine période.

Lors du deuxième tour de table, la CFDT a posé la question de la définition de l’employabilité afin d’aborder et de préciser ce que sont une transition et une reconversion. « La transition professionnelle, c’est l’écart entre le métier occupé et l’évolution du métier, qui nécessite d’adapter les compétences. La reconversion, c’est un changement de métier. Le risque n’est donc pas le même », précise Yvan Ricordeau. En ce qui concerne les pistes concrètes, la CFDT veut que le projet de transition professionnelle reste à la main du salarié. En outre, elle ouvre la porte à une simplification des dispositifs à la main des employeurs.

De l’échelon national à l’échelon territorial

« Nous voulons renforcer l’accompagnement des salariés, renforcer le CEP, affirme le secrétaire général adjoint de la CFDT. Renforcer également les dispositifs de reconversion portés au niveau national, avec une stratégie interprofessionnelle et paritaire ; mais aussi trouver un échelon territorial qui va bien. » Il précise que les associations de transition professionnelle (ATpro), une par région, « n’ont pas assez de marge de manœuvre ».

Les organisations syndicales se rejoignent sur l’idée d’un entretien. Selon la CFDT, il doit parler du travail et être un reformatage des entretiens actuels. Pour la CFTC, cet entretien devrait être obligatoire pour les secteurs « à durée de vie limitée », a déclaré Aline Mougenot, la négociatrice, « comme le soin, l’accompagnement, des secteurs d’activité où les salariés sortent tôt ». FO souhaite un « entretien de mi-carrière » permettant de « travailler sur la progression de carrière ».

À propos de l'auteur

Fabrice Dedieu
Journaliste

Selon Yvan Ricordeau, il reste encore à faire le lien entre ces discussions et celles relatives à l’usure professionnelle et à l’emploi des seniors, les autres thèmes de cette négociation « Pacte de la vie au travail ». Les partenaires sociaux vont se retrouver les jeudi 15 et vendredi 16 février pour aborder ces sujets.