Où en est la revalorisation des enseignants ?

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iconeExtrait de l’hebdo n°3866

Après avoir quitté la concertation, début mars, les organisations syndicales demandent au ministère de revoir sa copie. Ce dernier propose un “pacte enseignant” consistant à rémunérer davantage les enseignants qui accepteraient de prendre en charge des missions supplémentaires.

Par Jérôme Citron— Publié le 21/03/2023 à 13h00

Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT, est, sur cette photo, la cinquième personne en partant de la droite…
Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT, est, sur cette photo, la cinquième personne en partant de la droite…© DR

Travailler plus pour gagner plus : le slogan cher à Nicolas Sarkozy a été remis au goût du jour par le ministère de l’Éducation nationale – au grand dam des organisations syndicales, qui ont fait savoir leur mécontentement. Le 6 mars dernier, elles ont quitté la concertation organisée par le ministère au sujet de la rémunération des enseignants et dénoncé dans un communiqué commun le « pacte enseignant » proposé.

Ce dernier consiste à accorder des primes aux enseignants qui seraient volontaires pour assurer de nouvelles missions. Les enseignants du premier degré seraient par exemple incités à donner des cours de soutien en collège tandis que les enseignants du second degré s’engageraient à faire un certain nombre d’heures de remplacement. « Loin de contribuer à la revalorisation attendue par toutes et tous, le pacte va conduire à un alourdissement de la charge de travail des personnels », résume l’intersyndicale.

Ces annonces du ministère ont été vécues comme une provocation alors qu’aujourd’hui de nombreuses missions assurées par les enseignants ne sont pas rémunérées à la hauteur de leur engagement, par exemple celles prises en charge par les professeurs principaux, celles liées à l’orientation des élèves ou encore celles qui sont relatives à la lutte contre la désinsertion scolaire. « Ces propositions sont particulièrement stigmatisantes et mal venues alors que toutes les études montrent l’investissement des collègues et la montée des risques psychosociaux due à la dégradation des conditions de travail », souligne Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT.

Une rémunération inférieure de 20 % à la moyenne de l’OCDE

Alors que la rémunération des enseignants français est inférieure de 20 % à la moyenne des pays de l’OCDE, l’intersyndicale revendique une revalorisation ambitieuse et sans contrepartie. « Notre rémunération est bien en dessous de la moyenne européenne, mais elle est également bien en dessous des autres corps de la fonction publique de même catégorie, complète Catherine Nave-Bekhti. Le décrochage est très important. »

Le gouvernement a d’ailleurs conscience du problème, et des efforts budgétaires ont été consentis ces trois dernières années. La CFDT ne le conteste pas. Les premières parties de carrière ont notamment été améliorées, et un effort devrait être fait pour les milieux de carrière en septembre de cette année. Pourquoi alors s’entêter à vouloir conditionner une partie de cette revalorisation à de nouvelles tâches, au risque de brusquer toute une profession et perdre une occasion de renforcer l’attractivité du métier ? « Il y a une forme de provocation dans ces mesures qui passe très mal auprès des collègues », conclut Catherine Nave-Bekhti. Les discussions devraient reprendre d’ici à la fin du mois.