Signez la pétition “Retraites : non à cette réforme injuste et brutale !” En savoir plus

L’inquiétude monte chez les salariés des magasins Galeries Lafayette et GAP

temps de lectureTemps de lecture 5 min

iconeExtrait de l’hebdo n°3863

Depuis la liquidation judiciaire de Camaïeu, difficile pour les salariés des autres enseignes détenues par l’homme d’affaires Michel Ohayon de dormir tranquille. Chez GAP et les franchisés Galeries Lafayette, les élus CFDT sont mobilisés.

Par Fabrice Dedieu— Publié le 23/02/2023 à 14h52

image
© François Henry/RÉA

[Mise à jour du 1er mars]

Le tribunal de commerce de Grenoble a prononcé le placement des magasins GAP en redressement judiciaire le 1er mars. 

Les nuages s’amoncellent au-dessus de l’empire du commerce détenu par l’homme d’affaires bordelais Michel Ohayon. Depuis la liquidation judiciaire de Camaïeu, en octobre 2022, ayant entraîné le licenciement de 2 100 personnes, tout s’accélère. Go Sport a été placé en redressement judiciaire au début de l’année, suivi par la Financière immobilière bordelaise (FIB, la holding des différentes enseignes, qui possède aussi des hôtels) quelques jours plus tard. Puis, le 17 février, Michel Ohayon a annoncé en personne, au cours d’une interview parue dans le journal Sud-Ouest, qu’une procédure de sauvegarde1 sera ouverte concernant les vingt-six magasins franchisés Galeries Lafayette (1 109 salariés répartis dans trois entités différentes). Ce que le tribunal de commerce de Bordeaux a confirmé à la suite d’une audience le 22 février.

Six mois d’incertitude

Une période d’observation de six mois s’ouvre, avec un premier bilan programmé pour avril 2023. Y aura-t-il un redressement judiciaire ? une vente ? « Difficile de savoir ce qui va se passer, c’est le flou complet ! », affirme Muriel Scanzi, déléguée syndicale centrale CFDT d’une des trois entités, celle qui regroupe vingt-deux magasins. Et ce flou ne date pas d’hier. « Nous avons exercé notre droit d’alerte au sein du CSE en décembre 2022, pour avoir des informations sur notre situation. Nous attendons toujours des réponses, surtout en ce qui concerne la trésorerie et les flux avec la holding. Ce sont pourtant des réponses essentielles pour notre avenir », ajoute-t-elle. Un débrayage de deux heures a été organisé le 14 février ; il a été très suivi par les salariés. La direction a fait savoir ce jour-là à l’Agence France Presse que « l’entreprise est saine ».

« Lorsque Michel Ohayon a racheté vingt-deux magasins en 2018 puis trois autres en 2022, tout se passait plutôt bien. Aucun magasin n’a été fermé, aucun emploi supprimé. Il y avait une stratégie : faire entrer des marques locales et redynamiser les centres-villes. Seize des vingt-deux magasins ont même progressé en 2019. Mais, depuis quelque temps, on voit des marques disparaître, des étages se vident dans certains magasins et on a des difficultés pour se faire livrer, explique la déléguée syndicale centrale. La situation est stressante pour les salariés. Tout va très vite. »

image
© DR

Vers une revente de Go Sport et GAP

Les salariés des vingt magasins GAP (plus de 300 salariés) se soucient également de leur avenir. Et, là aussi, il s’avère difficile d’avoir des informations durant les comités sociaux et économiques. « Les délais de transmission des informations ne sont pas respectés, le CSE est entravé, des questions restent sans réponses. Les élus veulent plus de visibilité et un vrai dialogue social, explique Hélène Chauvin, secrétaire fédérale de la CFDT-Services. Ils ont aussi des revendications concernant les conditions de travail : il n’y a pas la marchandise qu’il faut dans les magasins, et les équipes ne sont pas toujours bien calibrées. »

Alors que le groupe Go Sport se trouve en redressement judiciaire, choix a été fait de lui faire racheter GAP pour 38 millions d’euros fin janvier… alors que les vingt magasins ont été repris pour un euro. Une valorisation que la direction n’aurait toujours pas expliquée à ce jour. Le sort de GAP se retrouve donc lié à celui de Go Sport, et une revente se dessine, ce qu’a confirmé Michel Ohayon dans Sud-Ouest le 17 février : « Go Sport sera vendu […]. Alors que la société allait en 2023 faire ses premiers bénéfices en dix-sept ans, les salariés n’ont pas fait confiance aux dirigeants et ont demandé que l’entreprise soit placée sous protection du tribunal. C’est une erreur qui va provoquer de la casse sociale et entraîner dans le même mouvement GAP, désormais propriété de Go Sport. »

« Est-ce qu’un repreneur intéressé par Go Sport le sera aussi par GAP, questionne Hélène Chauvin, sachant qu’il y a beaucoup d’investissements à prévoir pour que ces enseignes puissent continuer de vivre ? » En attendant d’en savoir plus, des débrayages ont été organisés dans les magasins GAP le samedi 4 février. « Ils ont été bien suivis par tous les salariés, souligne Hélène Chauvin. Ces derniers ont pu échanger avec les clients pour leur expliquer leur situation. Les salariés s’impliquent et veulent dire à la direction : “On est là !”. »