Les syndicats de journalistes tenus à distance des États généraux de l’information ?

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iconeExtrait de l’hebdo n°3891

Les syndicats de journalistes n’ont pas été conviés à l’événement de lancement ni intégrés au programme des États généraux. À la suite de l’expression de leur mécontentement, la situation pourrait changer.

Par Fabrice Dedieu— Publié le 10/10/2023 à 12h00

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© CFDT-Journalistes

Les États généraux de l’information, promesse de campagne d’Emmanuel Macron, ont commencé leurs travaux le 3 octobre avec l’objectif de « garantir le droit à l’information à l’ère numérique en proposant une stratégie et un plan d’action pour la France » d’ici à l’été 2024. Les travaux vont s’organiser autour de dix priorités, dont « s’assurer que les plateformes mettent en place des dispositifs structurels pour la fiabilité et l’information », « garantir l’indépendance de l’information dans les médias privés et publics », « moderniser les règles applicables en matière de pluralisme et de concentration des médias » ou encore « renforcer la fonction sociale du journalisme et protéger le droit au secret des sources ». Les citoyens sont appelés à participer et à contribuer tout au long du processus.

Une inopportune mise à l’écart des syndicats de journalistes

Et les syndicats de journalistes, dans tout ça ? Concernée au premier chef par ces États généraux de l’information, la CFDT-Journalistes était dans la salle lors de leur lancement. « Nous n’avons pas reçu d’invitation officielle en tant qu’organisation syndicale. Mais nous sommes quand même venus en tant que journalistes couvrant une conférence de presse », explique Élise Descamps, secrétaire générale de la CFDT-Journalistes. Ce qui a permis de poser la question de la place des journalistes et de leur représentation syndicale durant ces États généraux directement aux organisateurs. « On nous a fait une réponse alambiquée, comme quoi nous serions les bienvenus partout mais que nous n’aurions pas de place dédiée dans les cinq groupes de travail », ajoute-t-elle.

Dans un communiqué publié le jour du lancement, la CFDT-Journalistes et les autres organisations syndicales soulignent que « la mise à l’écart des interlocuteurs sociaux de la profession nous fait craindre que ces États généraux ne se résument qu’à une nouvelle opération de communication ». « Nous avions été reçus fin août, avec la Fédération CFDT Communication, Conseil, Culture. Il nous avait été dit clairement que rien n’était fait à ce stade, que le programme restait à définir. Et puis personne n’est revenu vers nous depuis », se rappelle Élise Descamps.

Fin juillet, la CFDT-Journalistes avait déjà adressé une lettre détaillant ses attentes et le fait de voir figurer à l’ordre du jour des États généraux le sujet social : « Le droit à l’information est indissociable des droits sociaux des producteurs de cette information : en premier lieu les journalistes, mais également l’ensemble des salariés des entreprises concernées », précise le courrier. « Vu les thématiques des groupes de travail, constate Élise Descamps, on est plus sur des questions économiques, assurer le modèle économique, la lutte contre les ingérences étrangères, les fake news… Oui, ce sont des problèmes mais ce qui rendra confiance aux citoyens, c’est d’avoir des journaux qui couvrent mieux l’actualité, avec des journalistes qui peuvent travailler et qui sont sur le terrain. »

Participation aux groupes de travail

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Fabrice Dedieu
Journaliste

De leur côté, les organisateurs des États généraux ont indiqué le 4 octobre sur X (ex-Twitter) qu’ils garantissent que « tous les syndicats et les sociétés de journalistes pourront participer aux groupes de travail […]. Les conditions de travail et le statut des journalistes sont à l’agenda ». Et, dès le lendemain, un rendez-vous était en préparation avec les syndicats, Christophe Deloire (secrétaire général de Reporters sans frontières et délégué général des États généraux) et Christopher Baldelli, président de la chaîne Public Sénat, qui préside le groupe de travail « Avenir des médias d’information et du journalisme ». Le mécontentement des organisations syndicales n’est donc pas passé inaperçu.