La section CFDT Thales DMS d’Aubagne est petite mais costaude !

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iconeExtrait de l’hebdo n°3868

La CFDT est quasiment la seule organisation syndicale de Thales DMS à Aubagne. Et pour cause : les militants de cette petite entité spécialisée dans la fabrication de capteurs sonores militaires ont toujours su répondre aux aspirations des salariés et assurer le passage de témoin entre les générations.

Par Jérôme Citron— Publié le 05/04/2023 à 12h23

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« C’est une famille, tout le monde se connaît. » L’usine Thales d’Aubagne, spécialisée dans la fabrication de sonars pour l’armée, a beau faire partie d’un groupe de taille mondiale, le quotidien des salariés ressemble davantage à celui d’une TPE industrielle. Ici travaillent 127 CDI, 13 alternants et de 30 à 40 intérimaires. Une minuscule planète dans la galaxie Thales, mais une entité fière de son histoire et de son savoir-faire. « Nous sommes des artisans », résume Jean-Luc Gueydon, trésorier CFDT du CSE1. Embauché en 1984, élu sur une liste CFDT un an plus tard, ce militant dans l’âme fait aujourd’hui partie des anciens – ceux qui possèdent l’histoire de l’entreprise comme celle de la section syndicale, ceux vers qui les jeunes militants se tournent en cas de souci.

Avec son collègue Thierry Sansonnetti, délégué syndical central CFDT et secrétaire du CSE, embauché à la même époque, ils forment un duo bien connu dans l’entreprise et même au sein du groupe, où ils portent avec efficacité la parole de leurs collègues. « Nous sommes petits mais reconnus à Paris. On a vite compris qu’il fallait être dans toutes les instances du groupe pour défendre au mieux notre usine », souligne Thierry, qui ne cesse de faire des allers-retours entre Aubagne et Paris. « Et on a toujours très bien travaillé avec l’inter CFDT de Thales », complète Jean-Luc.

Thierry Sansonnetti et Jean-Luc Gueydon.
Thierry Sansonnetti et Jean-Luc Gueydon.© DR

Les salariés ne s’y trompent pas. Ils savent qu’ils peuvent faire confiance à leurs élus pour les défendre au mieux. Signe révélateur, cela fait déjà plusieurs décennies que la CFDT n’a plus de concurrents lors des élections professionnelles. En 2022, la CGT a bien essayé de s’implanter dans le premier collège, mais n’a obtenu que 5 voix sur 35. « On fait du bon boulot et ça se sait », résume Thierry Sansonnetti – sans fausse modestie. La section compte d’ailleurs 25 adhérents, soit près de 16 % des effectifs, intérimaires compris.

Augmentations significatives et ASC accessibles à tous

Il se trouve que la période est relativement faste, tant pour l’usine que pour la division militaire du groupe Thales ; les carnets de commandes sont pleins. L’heure est à l’embauche de nouveaux salariés, et les négociations salariales se sont plutôt bien passées avec des augmentations en 2022 qui tournent autour de 6 %. Ces militants, qui ont aussi dû gérer des plans sociaux au cours de leur carrière, savent apprécier la situation.

« Dans l’ensemble, les conditions de travail sont bonnes, résume Jean-Luc Gueydon. Nous avons clairement conscience de la chance que nous avons d’être dans un grand groupe (lire l’encadré). Même si le fonctionnement est un peu plus lourd qu’auparavant, qu’il y a plus de reporting et de paperasse avant chaque prise de décision, on ne peut pas se plaindre. »

Le budget du CSE, notamment, a beaucoup augmenté, pour le plus grand plaisir des salariés, qui se voient proposer des week-ends au ski ou des séjours à Disneyland Paris pour des sommes modiques. « On fait attention à ne proposer que des activités socioculturelles accessibles à tous, quitte à beaucoup les subventionner, insiste Thierry. Il est très important selon nous que les plus bas salaires ne soient pas exclus de ce que l’on propose. Plus de cent personnes sont inscrites au prochain week-end au ski, par exemple. Nous ne sommes pas une entreprise de cadres qui attendent du CSE des voyages à l’autre bout du monde. »

Nouvelle génération

Il s’agit à présent de faire en sorte que cette culture syndicale très forte prospère et surtout perdure au fil des générations. Au grand dam de ses collègues, Thierry a décidé de prendre sa retraite, entraînant un jeu de chaises musicales au sein de la section CFDT. Jean-Luc, qui a décidé de poursuivre encore quelques années, devient ainsi DSC et portera la parole d’Aubagne dans le groupe. Et la place de secrétaire du CSE va à la nouvelle génération en la personne d’Alain (secrétaire de la section), déjà étroitement associé aux décisions et fin prêt à relever le défi. Un passage de témoin en douceur, donc, car bien préparé.

« Vu son caractère et son dynamisme, on sait que l’on pourra toujours compter sur Thierry en cas de besoin », rigole Aurélie Martin, autre jeune élue CFDT destinée à prendre la relève. « Pour le moment, je suis une élue heureuse, j’apprends beaucoup, mais je ne suis pas pressée de prendre davantage de responsabilités, nuance-t-elle, sans pour autant fermer la porte. Mon travail me prend aussi beaucoup de temps et avec la vie de famille, ce n’est pas facile de tout concilier. »

D’ici là, la section va également devoir gérer un déménagement, ce qui n’est jamais une opération facile. L’usine est en effet déplacée de quelques kilomètres afin de rejoindre un autre site de Thales. La CFDT est sur le pont depuis plus d’une année afin que tout se passe au mieux pour les salariés, que ce déménagement soit synonyme d’amélioration des conditions de travail pour tous. D’ailleurs, les quelques militants CFDT du site accueillant attendent beaucoup de l’arrivée de la section d’Aubagne, espérant qu’elle va impulser une nouvelle dynamique en leur faveur, bien que les deux entités n’appartiennent pas à la même partie du groupe et qu’elles devraient fonctionner indépendamment l’une de l’autre. « Jusqu’à présent, nous ne sommes pas inquiets. La direction est plutôt à l’écoute, et nos remarques sont prises en considération », conclut Jean-Luc, avec le bel optimisme du militant CFDT bien dans sa boîte.

Petit historique

En 2018, l’entreprise est devenue une entité Thales à part entière – l’aboutissement d’un long processus. Créée par Auguste Pons en 1923, elle se spécialise dans l’acoustique militaire après la Seconde Guerre mondiale. Elle est ensuite rachetée par Alcatel (dans les années 60) puis par Thomson (dans les années 80) et devient une filiale de Thales dans les années 2010, avant d’être fusionnée avec la maison mère.

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