La section CFDT à l’écoute chez Onet abonné

La gestion désastreuse de l’équipe syndicale FO a poussé des salariés à monter une section CFDT qui a remporté les élections de juin 2017. Bien qu’on lui mette des bâtons dans les roues, elle reste à l’écoute des salariés… qui en ont vraiment besoin.

Par La rédactionPublié le 03/08/2018 à 07h34

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« La CFDT m’a aidée à changer de poste et d’horaires. Auparavant, je travaillais tôt le matin et tard le soir. La garde de mes enfants me coûtait 600 euros par mois. Ça plombait sérieusement mes revenus. Mais il n’y avait pas de dialogue avec l’organisation syndicale qui régnait ici ; elle ne se préoccupait que de ses quelques adhérents. Désormais, avec les nouveaux horaires, je dispose de mon mercredi matin, que je passe avec mes filles. Je travaille maintenant 29 heures, j’ai vu mon salaire baisser de 180 euros mais je m’y retrouve largement avec la diminution des frais de garde de mes filles. » Katia Lautram, agent d’entretien, est particulièrement satisfaite du résultat des élections de juin dernier. Elles ont mis fin à des années de domination de Force ouvrière, et c’est un véritable soulagement ressenti par de nombreux salariés qui ne s’y sont pas trompés en attribuant 56 % des suffrages à la toute nouvelle section CFDT. Katia a d’ailleurs adhéré dans la foulée.

Quand l’envie de changement bouleverse la donne


La CFDT rencontre les salariés

Malgré l’hostilité de FO, la section CFDT a monté des listes et arpenté le terrain, à la rencontre des salariés les plus éloignés et les plus exclus, dont certains ne sont presque jamais allés au siège de l’entreprise. Cette démarche s’est révélée payante : la section a remporté le deuxième tour des élections avec 56 % des voix, soit six sièges au comité d’entreprise et huit sièges de délégué du personnel.

L’effet repoussoir de la gestion FO
FO, trop longtemps seule organisation syndicale présente chez Onet dans le Morbihan, s’opposait systématiquement à la direction et surtout ne se préoccupait que des problèmes de ses adhérents. Cette politique a généré un ras-le-bol chez les salariés qui ont souhaité que cela change, poussant un certain nombre d’entre eux à créer une section CFDT.

Développer la communication
Frustrés par des années d’indifférence syndicale, les salariés d’Onet veulent maintenant être écoutés et entendus. La section l’a bien compris. Elle enverra dès que possible à tous les salariés un questionnaire express relatif à leurs conditions de travail et à leur salaire pour mettre en avant les retours obtenus et les questions soulevées dans les négociations à venir.

Elle n’est pas seule à avoir fait cette démarche. Ils sont une vingtaine sur les 427 salariés (pour 256 équivalents temps plein) que compte cette entreprise du secteur de la propreté du Morbihan. Lorsqu’on interroge ces salariés individuellement, ils motivent leur décision par le ras-le-bol généré par la précédente gestion syndicale. « Tous, nous nous sommes sentis soutenus par nos collègues, se souvient Stéphane Ribeiro, agent polyvalent et secrétaire adjoint de la section, je me suis lancé, poussé par plusieurs collègues. »

Autre point commun entre ces nouveaux adhérents et militants CFDT : l’envie de faire bouger les choses car FO s’oppose systématiquement à tout ce qui vient de la direction, aussi bien aux chocolats offerts qu’à la table de ping-pong mise à la disposition des salariés. Mais aussi et surtout, sur un tout autre plan, son opposition à la modulation des temps de travail proposée par un gros client a fait perdre un contrat de 80 millions d’euros à l’entreprise ! « On voulait que ça change, on avait envie de faire du syndicalisme différemment, qu’on s’occupe de formation, de sécurité, de pénibilité, des vrais problèmes, quoi ! », clament en chœur Frank Ragot, agent d’entretien et élu suppléant délégué du personnel, Claudine Darin, chef d’équipe et adhérente, et Élodie Ta, adjointe de secteur et élue déléguée du

personnel.

En fait, tout commence au début de 2017 lorsque Caroline Guyodo et Sandrine Rio contactent Sandrine Villalon, la secrétaire générale du Syndicat CFDT des services du Morbihan.

Le volontarisme de la CFDT fait la différence

« J’ai tout de suite remarqué une dynamique, une bonne volonté et une entente sur nos valeurs, constate alors Sandrine Villalon : je leur ai assuré qu’elles seraient accompagnées et formées dans leurs nouveaux rôles. » Mais la syndicaliste comprend aussi vite que du fait d’une très proche échéance électorale (celle de juin 2017), il n’y a pas de temps à perdre. Elle négocie le protocole électoral et monte avec les deux équipières des listes CFDT, non sans difficulté. « Les réactions d’hostilité de FO n’ont pas tardé. On a dû mener une grosse campagne électorale, ce qui a beaucoup empiété sur la vie privée, concède Caroline Guyodo. Nous n’avions pas d’heures de délégation mais nous nous sommes bougées pour aller à la rencontre des plus exclus, des plus isolés. »

Au soir du premier tour, le quorum n’est pas atteint, les deux organisations syndicales sont au coude à coude avec un léger avantage à la CFDT. La tension est à son comble. Tandis que la section CFDT continue d’arpenter le terrain, FO lance un tract diffamatoire accusant la CFDT de collusion avec la direction, laissant entendre qu’elle a bénéficié des voitures de la société dans le cadre de ses déplacements et au passage lui donne quelques noms d’oiseaux. Mais les candidats CFDT sont connus pour leur intégrité… et le tract produit l’effet inverse de celui escompté.


Pénibilité, charge de travail et management

« Au niveau national, nous sommes de plus en plus confrontés à de la pénibilité liée aux charges de travail. Il y a aussi des problèmes de management, des relations conflictuelles dans certains établissements », explique Martine Leblay. Selon la déléguée syndicale centrale CFDT d’Onet, les questions liées à la charge de travail proviennent de la nature des contrats passés avec les entreprises. « Ils sont basés sur la surface à nettoyer alors qu’il faudrait plutôt les mesurer “à l’habité”, c’est-à-dire en fonction du nombre de personnes qui travaillent dans l’entreprise, mais les commerciaux font de grosses…

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