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La CFDT se renforce chez Servier abonné

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La CFDT est le premier et le seul syndicat à s’être implanté en 2018 chez Servier R&D à Gidy (près d’Orléans). La section ne cesse de se développer avec pour ligne de conduite transparence et confiance. Prochain défi : la négociation d’une rupture conventionnelle collective.

Par Marie-Nadine EltchaninoffPublié le 30/12/2020 à 09h20

L'équipe CFDT de Servier
L'équipe CFDT de ServierDR

Servier est une entreprise à part. Le scandale du Mediator®, médicament commercialisé de 1976 à 2009 et interdit depuis, a eu un fort retentissement sur l’image du groupe et sur les salariés eux-mêmes. De hauts responsables, dont Jacques Servier, président fondateur du groupe décédé en 2014, ont eu à répondre de leurs actes devant la justice. « À l’époque, nous nous étions sentis trahis par nos dirigeants, j’osais à peine dire que je travaillais chez Servier ; pourtant, c’était une entreprise réputée dans la région, les salariés étaient bien traités », résume Marie-Pierre Renaud, élue CFDT suppléante au CSE.

Des salariés déstabilisés par le changement de cap

Si la page n’est pas complètement tournée (le procès est en cours), d’autres préoccupations sont à l’ordre du jour. Olivier Laureau, ancien directeur financier qui a pris la suite de Jacques Servier en 2014, a souhaité donner une nouvelle impulsion à la stratégie du groupe et améliorer sa rentabilité. En 2016, l’annonce d’une restructuration de l’entité recherche et développement (R&D) et d’une importante « délocalisation » vers Paris-Saclay à l’horizon 2020 plonge les salariés dans une incertitude angoissante. « Avant 2014, la gestion de l’entreprise était plutôt paternaliste, nous étions très protégés, même si nous nous doutions que la direction dissimulait des choses, se souvient Marie-Pierre. Nous étions bercés par le message officiel selon lequel tout allait pour le mieux. L’arrivée de nouveaux dirigeants à partir de 2016 nous a fait basculer dans une ère marquée par la quête de performance, comme si Servier voulait jouer dans la cour des grands de la Big Pharma alors que nous restions un acteur modeste. Les salariés ont été très déstabilisés. Notre présence leur a permis de trouver un espace de parole, d’avoir un soutien moral. » La section syndicale de Biologie Servier, qui a vu le jour en 2018, ne cesse de faire des adhésions, gagnant peu à peu la confiance des salariés. L’équipe du début, constituée d’une dizaine de militants, s’est agrandie jusqu’à compter plus de 180 adhérents dans le groupe.

Pour inciter les salariés à rejoindre le site de Saclay, la direction propose en 2019 un accord de mobilité : 1 500 euros pour les salariés qui acceptent de travailler en région parisienne, 1 500 euros supplémentaires de prime de déménagement pour ceux qui décident de s’y installer. « Vu notre chiffre d’affaires, c’était une mauvaise plaisanterie ! », se souvient le délégué syndical Éric Martinez. La CFDT exprime son désaccord et, après un rapide état des lieux des accords conclus dans d’autres entreprises, réclame une prime de 15 000 euros, doublée en cas de déménagement. La direction ne souhaite pas aller au-delà de 4 000 euros, plus 8 000 si déménagement… La décision s’appliquera de façon unilatérale, le délégué syndical n’ayant pas donné son aval : « C’est notre capacité à instaurer un rapport de force qui était en jeu ! »

À ce processus de délocalisation s’ajoute un nouvel élément. La direction de Servier a annoncé le 9 septembre une vaste…

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