La CFDT se bat pour améliorer les conditions de travail à Ladapt

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iconeExtrait de l’hebdo n°3897

Depuis quelques années, les conditions de travail se sont dégradées à Ladapt. La CFDT œuvre pour rétablir un dialogue social et un environnement de travail apaisés.

Par Sabine Izard— Publié le 21/11/2023 à 13h00

De gauche à droite : Nathalie Beunaiche, Corinne Chesnel et Ghislaine Meslien.
De gauche à droite : Nathalie Beunaiche, Corinne Chesnel et Ghislaine Meslien.© Syndheb

1. Corinne est aussi membre élue au CSE régional et de la commission santé-sécurité (CSSCT) régionale de Ladapt d’Île-de-France.

2. Ghislaine est également membre élue au CSE régional et de la CSSCT régionale de Ladapt d’Île-de-France.

Elle n’a pas froid aux yeux, l’équipe CFDT de Ladapt. Depuis quelque temps, Corinne Chesnel1, déléguée syndicale centrale, Nathalie Beunaiche, représentante syndicale centrale issue du CSE du Centre-Val de Loire, et Ghislaine Meslien2, déléguée syndicale régionale CFDT pour Ladapt d’Île-de-France, sont confrontées à une équipe dirigeante et à une gouvernance instable. Ces dernières années, plusieurs directeurs généraux et présidents se sont succédé à la tête de cette association loi 1901 qui accompagne chaque année plus de 19 000 personnes en situation de handicap. Des luttes de pouvoir et un conflit ouvert se sont installés à la tête de l’association, au vu et au su de tous les salariés. Conséquence : le dialogue social est étouffé, et les conditions de travail des salariés de certains établissements, dont le siège, sont fortement dégradées. L’équipe CFDT œuvre pour que des plans d’action soient mis en place afin de prévenir les risques psychosociaux (RPS), auxquels sont exposés un certain nombre de salariés, et de rétablir un climat social plus apaisé.

Alerte sur les RPS et les conditions de travail

« Très rapidement, nous avons alerté la direction générale sur les RPS, sans avoir pour autant été prises au sérieux, racontent Corinne Chesnel et Nathalie Beunaiche. Et puis l’an dernier, à l’occasion d’une rencontre avec les salariés du siège, certains, dont des cadres et des managers, nous ont interpellées sur leurs conditions de travail. Au même moment se déroulait une inspection trimestrielle de la commission santé-sécurité du CSE. Au vu de la souffrance exposée par les salariés, nous avons décidé de poser un droit d’alerte », poursuivent les militantes. Une expertise est alors demandée à un cabinet indépendant. Parmi les éléments évoqués par les élus figurent le « comportement managérial jugé peu exemplaire de la direction : dépenses, projets coûteux… », un management fragilisant – « communication défaillante, attitude dénigrante, maltraitance, posture inadaptée, conditions de travail dégradées » –, des absences pour maladie et du burn-out chez les salariés ainsi que des départs et des démissions en lien avec le contexte de travail et la « peur des salariés d’exprimer directement leur situation ».

Sur les 46 salariés du siège, 76 % ont une ancienneté de moins de cinq ans, d’après le rapport d’expertise. Et, en 2021, le turnover sur ce périmètre est de 40 %. « Il reste peu d’anciens, s’alarme Corinne Chesnel. La plupart sont partis avec des ruptures conventionnelles ou autres. » Selon le cabinet d’expertise, ces chiffres témoignent d’une problématique « sous-jacente et structurelle ». « L’instabilité passée et actuelle quant aux priorités, à l’évolution du projet de Ladapt, à la structuration de ses équipes, aux équilibres entre le siège et les régions impacte très directement le fonctionnement et le travail des personnes. Le climat managérial est très anxiogène pour tous (et les managers eux-mêmes) et peut s’avérer rapidement facteur de démission ou volonté de départ et d’atteintes à la santé », explique-t-il dans ses conclusions.

Les salariés du siège ne sont pas les seuls à être impactés par ce désordre structurel ; d’ailleurs, l’association a déjà fait l’objet de multiples signalements auprès de l’inspection du travail. En 2021, une expertise est ainsi votée par les élus du CSE du fait d’un risque grave sur le périmètre de l’Île-de-France. En 2023, c’est au tour de l’établissement Le Safran, en Drôme-Ardèche, de faire l’objet d’une expertise pour risques psychosociaux. Un courrier a depuis été envoyé par l’inspection du travail à la direction de Ladapt de Valence afin de lui rappeler son obligation de mettre en place « un programme de prévention qui repose sur une identification, avec les représentants du personnel, des risques psychosociaux auxquels sont exposés les salariés et la mise en place d’un plan d’actions pour corriger ce risque ». Nathalie Beunaiche indique qu’il en est de même pour d’autres régions, par exemple en Centre-Val de Loire où, au sein de l’établissement d’Amilly, le travail sur les risques psychosociaux est toujours en cours.

La volonté de construire un dialogue constructif

« Depuis peu de temps, les langues se délient car nous avons réussi à libérer la parole des salariés et à obtenir leur confiance », explique Ghislaine Meslien, la déléguée syndicale régionale CFDT de Ladapt d’Île-de-France. « La CFDT essaie d’être dans un dialogue social constructif », affirment de leur côté Corinne Chesnel et Nathalie Beunaiche. « Cependant, les négociations restent fragilisées par manque de réunions et de documents préparatoires, ce qui engendre trop souvent un dialogue social peu étayé, peu fructueux, avec peu de négociateurs autour de la table (il y a deux délégués syndicaux et deux représentants syndicaux pour 3 247 salariés, 116 établissements et services d’accompagnement, de formation, d’insertion et de scolarisation ou de soins dans neuf régions). »

À propos de l'auteur

Sabine Izard
Rédactrice

Malgré tout, depuis peu, le dialogue semble s’apaiser. « Ne serait-ce pas là le présage d’un travail collaboratif ? », s’amuse Corinne Chesnel. C’est en tout cas ce que les trois élues CFDT souhaitent : un dialogue social établi, constructif et apaisé pour le bien de tous, y compris dans l’accompagnement des usagers, résidents et stagiaires…