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Extrait de l’hebdo n°3877
Trois fédérations agricoles espagnole, italienne et française ont signé à la mi-mai un accord de coopération avec le syndicat bulgare Podkrepa, donnant un nouvel élan au travail engagé depuis 2013 avec la CFDT-Agri-Agro.

Il y a un peu plus d’un an, la CFDT-Agri-Agro a fait le choix d’orienter son action autour de l’alimentation de demain, avec l’ambition de “mettre du social dans nos assiettes”. Car la CFDT en est persuadée : les mutations profondes de notre société ont des répercussions sur nos modes de vie et notre alimentation, et par ricochet sur l’organisation du travail et les conditions de travail des ouvriers agricoles en France et en Europe. « Il est donc essentiel que les syndicats européens travaillent ensemble à la construction de nouveaux droits et de protections optimales pour les travailleurs contre les pratiques déloyales des employeurs », assure Alexandre Dubois, secrétaire général de la CFDT-Agri-Agro.
Un accord de coopération jusqu’en 2026
Engagée depuis 2013 dans un partenariat avec NFZGS Podkrepa, la fédération agroalimentaire du syndicat bulgare, la CFDT a fait le choix de renouveler et d’amplifier sa coopération lors des trois prochaines années en associant l’UGT FICA (Espagne) et la FAI CISL (Italie) à un nouvel accord censé dynamiser le dialogue social européen. Ces dernières années, les actions communes des syndicats européens avaient déjà permis des actions concrètes auprès des salariés agricoles, mettant par exemple en lumière l’affaire Chéritel, dont les condamnations pour emploi irrégulier de travailleurs bulgares entre 2013 et 2015 ont été confirmées le 11 mai dernier par la Cour de cassation.
« Aujourd’hui, le renforcement de notre coopération se veut une étape de plus dans la défense des droits des travailleurs, quel que soit leur pays d’origine », plaidait Alexandre à Sofia à l’occasion de la signature de ce nouvel accord. Il faut dire qu’en Bulgarie, la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine a de fortes incidences sur le secteur agricole et forestier, qui génère 254 000 emplois dans le pays. Étouffés par l’inflation (qui atteindrait près de 50 % sur les produits de première nécessité), beaucoup de travailleurs bulgares quittent le pays, en quête de meilleures conditions salariales. Mais les conditions d’emploi et de travail ne suivent pas toujours… comme le démontre l’affaire Chéritel.
La Touraine, terre de sensibilisation
Jusqu’en 2026, les quatre syndicats engagés dans cet accord de coopération conjugueront donc actions de terrain dans les territoires et travail de lobbying auprès des instances européennes en vue de faire progresser le droit des travailleurs agricoles. Une action d’information auprès des saisonniers bulgares à Chinon (Indre-et-Loire/Centre-Val de Loire) est déjà programmée au début septembre par les militants CFDT-Agri-Agro. Ils seront en cette occasion accompagnés par la fédération agricole bulgare et un interprète.