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Extrait de l’hebdo n°3856
Alors que le rapport final sur France Travail doit être remis fin janvier à Olivier Dussopt, les parties prenantes du projet de réorganisation du service public de l’emploi se sont réunies le 3 janvier pour faire le bilan de trois mois d’échanges.

Que sera France Travail ? C’est la question que tout le monde se pose depuis plusieurs mois. Lancés en pleine campagne présidentielle par le candidat Macron, ces deux mots résonnent depuis dans la tête de tous les acteurs du service public de l’emploi, qui se demandent à quelle sauce ils vont être mangés. Les parties prenantes de la mission de préfiguration de France Travail, réunies en groupe de travail, cogitent depuis fin septembre pour savoir comment améliorer l’aide apportée aux demandeurs d’emploi et bénéficiaires du RSA dans une perspective de retour à l’emploi, comment simplifier le travail des conseillers et comment accompagner les entreprises dans leurs besoins de recrutement. En vue de faciliter ces échanges, un document de synthèse des groupes de travail (écrit en amont de la troisième réunion plénière du comité des parties prenantes, le 3 janvier) dresse quelques pistes quant à ce que pourrait être France Travail.
“Aller vers”
Avec en tout premier point la volonté partagée d’« aller vers », démarche saluée par la CFDT. « C’est un affichage fort qui doit nous permettre de lutter contre le non-recours », estime Chantal Richard, secrétaire confédérale du service Emploi et sécurisation des parcours professionnels. Dans ce volet, figurent par exemple la possibilité de mettre en place des « plans de repérage préventifs » des publics les plus éloignés de l’emploi, que ces derniers soient des décrocheurs scolaires ou des chômeurs en fin de droits non éligibles à l’ASS1 afin de leur assurer une ouverture de droit au RSA. La création d’« accueils France Travail » comme des services de proximité est également une piste avancée.
Orientation et accompagnement
Côté orientation, l’inscription automatique de toutes les personnes dépourvues d’emploi à un portail commun France Travail semble être la voie privilégiée, inscription après laquelle la personne serait orientée vers le « bon référent » (missions locales, Pôle emploi…) afin de réaliser un diagnostic de situation. Enfin, les parcours d’accompagnement devront s’inscrire « dans une approche globale de la situation de la personne, avec une visée emploi […] et une intensification des actions avec l’entreprise », mentionne le document, l’exécutif n’abandonnant pas le principe consistant à généraliser l’accompagnement intensif, assorti de 15 à 20 heures d’activité hebdomadaires – sur la base de ce qui se fait déjà avec le contrat d’engagement jeune (CEJ).
Contribution CFDT
Tout l’enjeu, avant la dernière réunion plénière de concertation, va être de rechercher l’intérêt commun sur des sujets où les opinions divergent. « Il reste encore à ce stade beaucoup d’interrogations des parties prenantes, que ce soit sur les enjeux de gouvernance, de moyens (financiers, humains) de formation des professionnels du service public de l’emploi ou sur le temps laissé à l’expérimentation », poursuit Chantal Richard. Alors que le gouvernement envisage déjà d’inscrire les 15 à 20 heures d’activité hebdomadaires conditionnant le versement du RSA dans son projet de loi « Plein emploi » discuté au Parlement d’ici à la fin mars, quel temps sera laissé à l’expérimentation censée être menée en 2023 dans une vingtaine de départements, et a fortiori à son évaluation ? La CFDT a choisi d’adresser dans les prochains jours sa contribution au comité des parties prenantes pour tenter de peser sur le contenu de rapport final, prévu fin janvier.